Enquête exclusive : dans les coulisses de la mafia du commandant Simplice Yarkokpa. Comment le président Touadéra se fait rouler dans la farine

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Enquête exclusive : dans les coulisses de la mafia du commandant Simplice Yarkokpa. Comment le président Touadéra se fait rouler dans la farine
Enquête exclusive : dans les coulisses de la mafia du commandant Simplice Yarkokpa. Comment le président Touadéra se fait rouler dans la farine

Africa-Press – CentrAfricaine. Le commandant Simplice Yarkokpa, ex-milicien devenu officier de la garde présidentielle, dirige un vaste réseau de drogue et d’extorsion à Bangui, manipulant habilement le président Touadéra pour consolider son empire mafieux.

En République centrafricaine, un homme domine les ombres du pouvoir: le commandant Simplice Yarkokpa, membre de la garde présidentielle et cerveau d’un réseau criminel d’une ampleur rare. Ex-milicien anti-balaka intégré dans l’armée nationale, Yarkokpa a su se hisser au sommet grâce à ses liens ethniques avec le président Faustin-Archange Touadéra et à sa parenté avec le ministre de la Défense. Mais sous ses galons se cache un parrain de la drogue et de l’extorsion, qui manipule le chef de l’État avec une habileté déconcertante, tout en semant la peur à Bangui.

Un parrain de la drogue au cœur du pouvoir

Le commandant Simplice Yarkokpa n’est pas un simple officier. C’est un grand mafieux qui dirige un trafic de tramadol, une drogue ravageuse, avec une organisation digne d’un cartel mexicain. Une enquête discrète de la rédaction du CNC révèle des stocks impressionnants chez lui: bidons remplis de pilules, sacs de charbon bourrés de narcotiques, et galettes camouflées pour tromper les contrôles. Ce n’est pas un petit commerce, mais un réseau structuré. Au cœur de ce système, un jeune Centrafricain nommé Ali, basé près de l’école Koudoukou dans le troisième arrondissement de Bangui. Le jeune Ali a un établissement dénommé « Tokyo », qu’il utilise pour vendre des médicaments, et il en profite aussi pour écouler le tramadol fourni par le commandant Simplice Yarkokpa, puis lui remet les profits en main propre chez le commandant à la maison.

Le commandant Simplice Yarkokpa excelle dans le double jeu. Se faisant passer pour un officier de lutte anti-drogue, il saisit des cargaisons de tramadol parfois importées illégalement depuis la République démocratique du Congo ou le Cameroun. Mais au lieu de les détruire, il les redirige vers son réseau. Les dealers arrêtés finissent en prison, tandis qu’Ali du quartier Koudoukou revend la marchandise. Ce cycle infernal assure à Yarkokpa un contrôle total sur le marché national de la drogue, avec des profits colossaux.

Toutefois, Simplice Yarkokpa ne se contente pas uniquement à confisquer les tramadol dans la capitale centrafricaine. Il importe lui-même ces drogues et des alcools frelatés depuis la RDC et le Cameroun, gérant personnellement leur distribution dans son vaste réseau à Bangui.

Une manipulation savante des réseaux du président Touadera

Ce qui fait du commandant Simplice Yarkokpa un criminel d’exception, c’est sa capacité à manipuler le président Touadéra en s’appuyant sur ses propres réseaux d’informateurs. Le chef de l’État dispose d’agents d’informateurs directs dans le quartier musulman de KM5, un bastion commercial de la capitale Bangui. Ces informateurs, pour la plus part des musulmans, certains sont issus même du comité islamique centrafricain. Ces informateurs, qui ont souvent un accès direct à la ligne téléphonique du Président , peuvent appeler Touadéra directement sur son téléphone pour lui transmettre des informations sensibles à n’importe quelle heure. Mais le commandant Simplice Yarkokpa, avec une intelligence machiavélique, connait très bien ce réseau. D’une manière spectaculaire, il a infiltré ce réseau et l’utilise à ses fins.

Son stratagème est simple, mais redoutable. Lorsqu’il cible une victime, souvent un commerçant ou un homme d’affaires, voir même un rival, le commandant Simplice Yarkokpa organise une opération sur mesure. Il convainc l’un des informateurs de KM5 de contacter au téléphone le Président Touadéra pour signaler une fausse menace. L’informateur, manipulé ou complice, passe le message au Président tout en recommandant au Président explicitement d’envoyer le commandant Simplice Yarkokpa, présenté comme l’homme de la situation. Touadéra, sans se douter du piège, donne son aval et dépêche le commandant. Voici quelques exemples concrets de ce jeu pervers:

Le cas d’un commerçant accusé de trafic. Simplice Yarkokpa repère un commerçant prospère du marché de KM5, connu pour garder de l’argent chez lui à la maison. Il approche l’un des informateurs du réseau de Touadéra et lui demande d’appeler le président pour lui dire que le commerçant stocke des drogues illégales et représente une menace. Puis, l’informateur propose au Président Touadera: « Envoyez le commandant Yarkokpa, il saura gérer », insiste-t-il. Touadéra ordonne une intervention. Yarkokpa perquisitionne le domicile, confisque argent, bijoux et ordinateurs, puis arrête le commerçant sous des accusations bidon. Les biens saisis disparaissent, et la victime croupit en prison.

Une fausse alerte de coup d’État.

Pour éliminer quelqu’un gênant, Yarkokpa monte une accusation de complot. Il utilise un autre informateur pour appeler Touadéra et prétendre que cet homme prépare un coup d’État. L’informateur propose au Président: « Le commandant Yarkokpa est le seul capable de neutraliser cette menace », assure l’informateur. Touadéra, alarmé, dépêche Yarkokpa. Ce dernier arrête l’officier, saisit ses biens – y compris des fonds destinés à sa famille – et le fait emprisonner. L’accusation s’effondre faute de preuves, mais Yarkokpa a déjà empoché le butin.

Ces opérations, répétées des centaines de fois, enrichissent le commandant Simplice Yarkokpa, tout en le faisant passer pour un héros aux yeux du président.

Une impunité insolente

Le Commandant Simplice Yarkokpa opère sans crainte, protégé par ses liens avec le ministre de la Défense, son cousin, et d’autres figures de l’État. Il n’hésite pas à faire radier ceux qui le menacent, comme les sept policiers récemment limogés, dont son neveu Dimanche Yongowana, qui connaît ses secrets. Même la famille de Yarkokpa l’a désavoué, dégoûtée par sa brutalité.

Un autre exemple de sa cruauté est l’arrestation de l’adjudant Kparambéti, surnommé Ozaguin, un ex-milicien intégré dans l’armée. Après avoir dénoncé les trafics de Yarkokpa dans un message vocal, Ozaguin a été arrêté et enfermé au camp de Roux. Cette purge illustre la stratégie du commandant: écraser toute opposition, même au prix de tensions explosives.

Une ambition démesurée

Le commandant Simplice Yarkokpa ne se satisfait pas de son empire criminel. Il vise le grade de général, malgré un manque criant de compétences: il sait à peine écrire. Par un tour de passe-passe, son cousin ministre et le directeur de la gendarmerie l’ont inscrit à l’école de formation d’état-major de la gendarmerie, un poste réservé à des officiers qualifiés. Cette promotion indue est une insulte aux institutions centrafricaines.

Un président piégé

Le silence de Touadéra face à ces exactions est incompréhensible. Les preuves s’accumulent: stocks de drogue, témoignages, enquêtes journalistiques. Pourtant, le président semble paralysé, incapable de confronter Yarkokpa. Est-il trompé par les manipulations du commandant? Craint-il les répercussions d’une action contre un homme si bien connecté? Quoi qu’il en soit, son inaction alimente un sentiment d’injustice et de colère dans le pays….

Source: corbeaunews

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