Haut-Mbomou: AAKG Devient Mouvement Notre Terre

2
Haut-Mbomou: AAKG Devient Mouvement Notre Terre
Haut-Mbomou: AAKG Devient Mouvement Notre Terre

Africa-Press – CentrAfricaine.
La milice d’autodéfense Azandé Ani Kpi Gbé cède la place au Mouvement Notre Terre, Notre Pays, élargissant sa mission de protection dans la préfecture.

Le Mouvement Azandé Ani Kpi Gbé (AAKG), groupe d’autodéfense constitué en 2023 pour protéger les populations du Haut-Mbomou, a officiellement fait place au Mouvement Notre Terre, Notre Pays (MNTNP). Cette transformation, annoncée par Wawè Samuel AKUMBA-ZINGI dans un manifeste intitulé « Notre Terre, Notre Pays Sessé Ti I, Kodro Ti I / Gani Sende, Gani Kporo », marque une nouvelle étape dans la lutte pour la sécurité de cette préfecture orientale.

Le Haut-Mbomou, ancienne “Circonscription Autonome Zandé” sous l’administration coloniale, connaît depuis l’indépendance un processus d’abandon progressif. Les infrastructures étatiques ont été graduellement supprimées, les services publics suspendus et les autorités nationales ont cessé de s’y rendre régulièrement.

Cette situation a exposé les populations, majoritairement zandé, à une série d’exactions qui s’échelonnent sur quatre décennies. En 1981, l’invasion de braconniers du Darfour a entraîné la destruction de la forêt de Zémongo à Djemah, site classé au patrimoine UNESCO, et l’assassinat du maire de Djemah. En 2005, des éléments soudanais ont perpétré des massacres dans les villages d’Ouandou, Nzon, Bandé et Gbitirifondi.

L’année 2008 a marqué un tournant avec les attaques de l’Armée de Résistance du Seigneur de Joseph Kony, qui ont vidé la ville d’Obo de ses 79 habitants capturés et provoqué des déplacements massifs. Entre 2016 et 2022, l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC) d’Ali Darassa a intensifié les violences avec des assassinats de masse, notamment l’exécution du curé de Zémio et la destruction de la résidence familiale du ministre des Affaires étrangères, où ont péri sa grand-mère et sa tante.

Face à l’inaction des autorités centrafricaines, la population zandé a créé l’AAKG en 2023. Le sigle, qui signifie “Assez de morts Zandé”, traduit l’exaspération d’une communauté confrontée à des décennies de violences. Le mouvement a réussi à restaurer un niveau de sécurité acceptable en 2023 et 2024.

Cependant, l’AAKG s’est heurté à une répression organisée par les autorités centrafricaines en 2024. Le président Touadéra, après avoir initialement affiché son soutien au mouvement, aurait selon le manifeste mis en place une stratégie visant à démanteler l’organisation pour faciliter l’exploitation des ressources locales.

Des membres de l’AAKG, formés par le groupe Wagner, ont été intégrés aux Forces Armées Centrafricaines (FACA) et déployés dans d’autres préfectures. Bien que ces éléments aient neutralisé efficacement des groupes rebelles comme 3R et UPC à Bossangoa, Paoua et Bouar, ils ont refusé de poursuivre leurs opérations, dénonçant les méthodes employées par Wagner et la mort violente d’un de leurs camarades.

L’année 2025 a vu l’intensification des mesures répressives. Seize responsables de l’AAKG, dont quatorze militaires et quatre civils, ont été arrêtés à Bangui. Deux d’entre eux, Élie Gouengue et Célestin Lemane Bakoyogo, ont été enlevés par Wagner le 25 janvier 2025 et demeurent portés disparus.

Le 30 avril 2025, des forces combinées de Wagner, des FACA, des Forces de sécurité intérieure (FSI) et de l’UPC ont tenté de désarmer l’AAKG à Zémio. Cette opération a provoqué une résistance qui a nécessité l’intervention de renforts, incluant des armes lourdes et des hélicoptères. Le président Touadéra aurait sollicité un appui militaire du Soudan du Sud et de l’Ouganda.

Ces événements ont conduit à la dissolution de l’AAKG et à la création du MNTNP. Plus de 122 000 personnes auraient été déplacées, fuyant vers la République Démocratique du Congo ou se réfugiant dans des édifices religieux et sanitaires.

Le MNTNP, dont l’appellation se traduit par “Gani Sende, Gani Kporo” en zandé et “Sessé Ti I, Kodro Ti I” en sango, élargit sa mission au-delà de la seule communauté zandé. Le mouvement vise à protéger tous les habitants du Haut-Mbomou non impliqués dans les exactions et à défendre cette région comme partie intégrante du territoire centrafricain méritant un développement équitable.

Le manifeste insiste sur le caractère patriotique de cette résistance, qui s’oppose à ce qui est décrit comme un projet d’extermination instrumenté par les autorités nationales. Le mouvement appelle la communauté centrafricaine à soutenir sa lutte et prévient: “C’est le tour des Zandé aujourd’hui ; qui sait à qui sera le tour pour l’extermination demain?”

Un appel est également lancé à la communauté internationale pour empêcher ce qui est qualifié de “génocide” dans le Haut-Mbomou.

La transformation de l’AAKG en MNTNP s’inscrit dans une logique d’adaptation face aux défis sécuritaires et politiques. Cette évolution témoigne de la détermination d’un mouvement qui entend poursuivre sa mission de protection tout en élargissant son assise et en renforçant son ancrage patriotique centrafricain.

La situation dans le Haut-Mbomou demeure inquiétante et nécessite une attention soutenue des autorités nationales et de la communauté internationale pour éviter une détérioration supplémentaire de la situation humanitaire dans cette région périphérique mais stratégique de la République Centrafricaine….

Source: Corbeau News Centrafrique

Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here