Joseph Figueira Martin, chercheur belgo-portugais, détenu en Centrafrique dans « un silence incompréhensible »

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Joseph Figueira Martin, chercheur belgo-portugais, détenu en Centrafrique dans « un silence incompréhensible »
Joseph Figueira Martin, chercheur belgo-portugais, détenu en Centrafrique dans « un silence incompréhensible »

Africa-Press – CentrAfricaine. Joseph Figueira Martin, chercheur belgo-portugais de 41 ans, est détenu depuis neuf mois en Centrafrique. L’ancien analyste d’International Crisis Group (ICG) a été arrêté, dimanche 26 mai 2024 au soir, par des paramilitaires russes du groupe Wagner dans la ville de Zemio, dans l’est du pays. Il a ensuite été placé quelques jours en détention provisoire à l’Office central de répression du banditisme (OCRB) à Bangui, la capitale, puis transféré en juillet 2024, au camp de Roux, où sont détenus les prisonniers les plus sensibles.

Au moment de son arrestation, ce spécialiste du pastoralisme travaillait comme consultant au sein de l’ONG américaine Family Health International 360, dans le cadre « d’un projet axé sur la réduction de la pauvreté, l’augmentation des opportunités économiques et la prévention de la violence fondée sur le genre ».

Mi-juillet, le procureur de la République, Benoît Narcisse Foukpio, l’avait toutefois accusé d’avoir « financé et coordonné les activités des groupes armés, dont l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC), considérés comme des organisations terroristes en République centrafricaine ».

D’après le communiqué du parquet, une information judiciaire a été ouverte contre Joseph Figueira Martin pour « incitation à la haine, à la révolte et au soulèvement contre le gouvernement et les institutions de la République », « complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », « complicité d’association de malfaiteurs », « espionnage » et « complot ».

Le tribunal de grande instance de Bangui appuie ces accusations en évoquant des « opérations de transfert d’argent » et des « enregistrements téléphoniques » de M. Figueira Martin, qui pourrait être condamné aux « travaux forcés à perpétuité par les assises criminelles », indique le procureur.

« Le dossier qui vise mon client est vide », rétorque l’avocat du chercheur, Nicolas Tiangaye qui doit déposer dans les prochains jours un mémoire « sur la base duquel le juge d’instruction [du tribunal de grande instance de Bangui] devra se prononcer dans le sens d’un non-lieu ou de condamnations ». Le procès de son client « se tiendra très certainement ce mois-ci », indique l’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Centrafrique.

Un « immense malentendu »

Le frère du chercheur, Georges Martin, déplore de son côté un « immense malentendu ». S’il reconnaît aisément que, dans le cadre de son travail, ce dernier était en contact avec des « Peuls musulmans », dont certains sont « perçus par les autorités centrafricaines comme des porte-parole de groupes rebelles », le prévenu cherchait uniquement à « trouver des solutions pour la prévention de conflits », assure-t-il au Monde.

« Il est victime d’une campagne de diffamation organisée par Wagner [groupe paramilitaire russe présent en Centrafrique depuis 2018] qui le décrit comme un espion américain qui voudrait déstabiliser le régime centrafricain », poursuit Georges Martin.

Depuis le début de sa détention, Joseph Figueira Martin a été autorisé à appeler sa famille et a pu échanger quelques courriers avec son frère par l’entremise du consul de Belgique sur place. Si la Belgique et le Portugal ne disposent pas d’ambassade en Centrafrique, l’ambassadeur belge basé au Cameroun, Alain Leroy, doit remettre ses lettres de créance au président centrafricain Faustin-Archange Touadéra vendredi 14 mars. Une occasion pour la famille d’accentuer la pression.

Georges Figueira Martin déplore en effet « un manque de réactions » des autorités belges, portugaises et européennes, alors que son frère présente, selon lui, une « santé physique et mentale affaiblie ». En juillet 2024, ce dernier a mené quinze jours de grève de la faim pour protester contre son transfert à la prison militaire de Bangui.

« Ses conditions de détention sont inhumaines », fustige Georges Figueira Martin, désolé du fait que « [s]on frère souffre aussi d’un silence incompréhensible de la part des défenseurs des droits humains qui se doivent de défendre les travailleurs humanitaires emprisonnés, comme les ONG Protect Humanitarians et Human Rights Watch. Il semble être abandonné par sa propre communauté ».

Source: Le Monde.fr

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