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Ce vendredi matin, les mercenaires russes du groupe Wagner ont procédé à l’incendie massif des habitations du village de Koumboli, situé à 3 km de Zémio sur la route de Mboki. Bilan: presqu’un millier de maisons détruites et un civil tué par balle. L’église MSEP également incendiée.
Les larmes de fumée qui s’élèvent encore au-dessus de Koumboli racontent une histoire que l’on connaît trop bien en Centrafrique. Ce matin, ce petit village paisible situé à trois kilomètres de Zémio a été rayé de la carte par les flammes de la haine.
Les mercenaires russes ont encore frappé. Méthodiquement. Sauvagement. Ils ont embrasé des centaines de cases traditionnelles en paille, ne laissant derrière eux que cendres et désolation. Même l’église de la Mission de Saint Esprit par la Prophétie (MSEP), communément appelée Nzapa ti Azandé, lieu de recueillement et d’espoir pour les fidèles, n’a pas échappé à leur fureur destructrice.
Cette tragédie n’est que la suite logique des affrontements d’hier entre ces mercenaires et les miliciens azandés. Mais aujourd’hui, c’est la population civile qui a payé le prix fort. Car c’est là leur tactique favorite: brûler pour chasser, terroriser pour régner.
Le mois dernier déjà, dans la sous-préfecture de Nana Bakassa, dans l’Ouham, trois villages ont connu le même sort funeste. Un schéma qui se répète avec une régularité glaçante, témoignant d’une stratégie délibérée de terre brûlée.
Depuis les violents combats du 30 avril au 5 mai, la région saigne ses enfants. Hommes, femmes, enfants – tous ont pris le chemin de l’exil vers la République Démocratique du Congo, traversant les eaux troubles du Mbomou avec pour seul bagage leurs vies sauvées de justesse. Koumboli comme Zémio, la capitale de la sous-préfecture, se sont vidées de leur substance humaine.
Seuls sont restés ceux qui ne pouvaient partir: les malades, les vieillards, les plus démunis. Parmi eux, il y avait AGBIAKA.
AGBIAKA était l’un de ces hommes discrets qui font la richesse d’un village. Cordonnier de son état, il réparait les chaussures usées avec la patience de l’artisan et la générosité du cœur. Tout le monde à Koumboli connaissait ses mains habiles et son sourire franc.
Ce matin, quand les flammes ont commencé à lécher sa modeste maison, le vieil homme a tenté ce que tout être humain aurait tenté: fuir pour sauver sa peau. Mais les mercenaires russes l’ont aperçu. Une balle dans la tête. AGBIAKA s’est écroulé, emportant avec lui un pan de l’âme de Koumboli.
Aujourd’hui, Koumboli ressemble à ces décors de film d’apocalypse. Presque désert, hanté par quelques ombres humaines et rôdé par des miliciens azandés qui n’ont pas dit leur dernier mot. Les observateurs sur place estiment que cette destruction massive constitue un acte de représailles après les pertes subies hier par les forces russes.
Dans cette terre meurtrie du Haut-Mbomou, chaque jour apporte son lot de souffrances. Et pendant que les puissants se disputent les richesses du sous-sol, ce sont toujours les plus faibles qui paient l’addition la plus lourde.
AGBIAKA ne réparera plus jamais de chaussures. Koumboli ne résonnera plus des rires d’enfants. Mais la mémoire, elle, demeure. Et avec elle, l’espoir ténu que justice soit un jour rendue….
Source: Corbeau News Centrafrique
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