Lettre Ouverte D’un Juge Sur La Gouvernance À Bangui

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Lettre Ouverte D'un Juge Sur La Gouvernance À Bangui
Lettre Ouverte D'un Juge Sur La Gouvernance À Bangui

Africa-Press – CentrAfricaine. Une lettre ouverte de quatre pages adressée à l’ancienne présidente de la cour constitutionnelle et signée de l’actuelle vice-présidente de la même institution a été rendue publique le vendredi 20 juin 2025.

Par définition et contrairement à une lettre fermée, une lettre ouverte est un texte destiné à être lu par un large public via les différents canneaux médiatiques plutôt qu’à une seule personne.

Le corpus de cette missive qui au départ s’apparentait à un règlement de compte entre juges constitutionnels sous serment est loin de s’adresser à l’ancienne présidente de la cour constitutionnelle mais desape ou révèle de graves dysfonctionnements, de sérieux problèmes de gouvernance qui n’honorent guère un État dit démocratique.

La lecture transversale et linéaire conjuguée avec les effets collatéraux de cette lettre ouverte nous rappelle une maxime juridique bien aimée par notre célèbre professeur de droit à l’université de Bangui le decujus Maître Michel Ballo qui disait: “le criminel revient toujours sur le lieu de son crime”.

Ce qui veut dire en d’autres termes que le criminel finit toujours par se faire coincer par des actes inconsidérés et irresponsables.

Faisant l’économie de certains aspects jugés subsidiaires, la lettre ouverte met en relief le clientelisme politique, le népotisme et le favoritisme dans le processus de désignation des juges constitutionnels voire ailleurs au détriment de la compétence, du mérite, de l’intégrité, de la justice…

Recommandé au président de l’assemblée nationale de l’époque pour être nommé juge constitutionnel puis en guise de retour d’ascenseur et en sa qualité de Coordonnatrice d’un projet de femme, elle choisit l’ancienne présidente de la cour constitutionnelle à l’époque des faits vice-présidente de la cour constitutionnelle de transition pour diriger une mission de femmes juges aux États-Unis d’Amérique.

Il faut dire que cette méthode de travail tant décriée s’est institutionnalisée et devenue la norme.

À ce stade, il apparaît important de s’attarder sur un aspect gravissime de la lettre ouverte qui révèle des innombrables rencontres du président de la République avec la présidente de la cour constitutionnelle où le locataire du palais de la renaissance donnait des enveloppes contenant des billets de banque et cela également d’autres acteurs de la vie politique centrafricaine.

Avant de s’apesantir sur la notion de corruption au sommet de l’État, nous voudrions rappeler que conformément aux dispositions de la loi N*17.004 du 15 février 2017 portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle, les juges constitutionnels sont assermentés et par voie de conséquence sont astreints à l’obligation de réserve.

Sous d’autres cieux c’est-à-dire dans un pays démocratiquement constitué, ces graves révélations qui engagent la vie de la nation devraient intéresser le parquet général et au besoin l’ouverture d’une information judiciaire.

Par ailleurs, cette lettre très problématique met à nu la pratique des autorités du pays qui consiste à payer les organes de presse ainsi que des influenceurs pour s’acharner impunément et négativement sur des honnêtes et paisibles citoyens.

En outre, la missive reconnaît que la plus haute juridiction de l’État en matière constitutionnelle avait connu une crise aiguë en 2022 après le limogeage illégale de la présidente mettant en péril la crédibilité de la noble institution.

La lettre ajoute en violant le sacré principe du respect de secret de délibération que personne n’était capable de quelque chose sous son magistère alors qu’elle disposait d’une voix prépondérante dans les délibérations.

En d’autres termes, la présidente de la cour constitutionnelle a elle seule décidait de tout…ce qui constitue un danger pour notre fragile démocratie.

Ce qui nous amène à nous interroger sur le rôle des autres juges constitutionnels pourtant bien défini dans la loi organique portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle.

Dépassé par le contenu de ce qui n’est finalement pas une lettre ouverte, le citoyen lambda s’interroge:

1- Quelles sont les réelles motivations de cette lettre ouverte quelques années plus tard?
2- Quel genre de deal politique il y avait entre ces deux femmes pour qu’on évoque un acte de trahison?
3- S’agissait-il réellement d’une défense d’honneur, d’un dédouanement ou d’un règlement de compte entre femmes?
4- S’agissant des enveloppes contenant des billets de banque que le président de la République remettait à la présidente de la cour constitutionnelle, cela correspondait-elle a un achat de conscience?
6- C’est cette cour constitutionnelle tant décriée par l’opposition démocratique qui va valider les résultats électoraux?
7- Cette lettre ouverte ne constitue t-elle pas un motif légitime pour la remise en cause de toutes les structures chargées de piloter le processus électoral?

En tout état de cause, la sortie non mesurée et imprudente de ce juge constitutionnel dévoile la vraie nature de ce pouvoir empêtré dans la corruption au sommet de l’État et confirme que le chef de l’État dilapide des fonds publics au profit des juges constitutionnels pour travestir le droit afin de satisfaire ses intérêts égoïstes tels le projet crisogene et scélérate du troisième mandat.

Finalement, le dialogue politique inclusif réclamé par l’opposition démocratique tire son essence de cette lettre avec corollaire la réforme de l’Autorité Nationale des Élections et de la Cour constitutionnelle.

Nous rappelons in fine qu’il faut se méfier d’un peuple apeuré qui ne parle pas…car un problème ne peut résoudre un autre problème et qu’un problème peut en cacher un autre.

L’expérience de l’Afrique sub-saharienne montre que le troisième mandat tue plus qu’un coup d’état militaire.

En déduction de ce qui précède, demandez à un citoyen lambda de faire le choix entre un troisième mandat et un coup d’état militaire…son choix sera simple et sans réflexion.

On ne répétera jamais assez ce credo devenu liturgique et nous exhorterons le nouveau souverain pontife qui prônait la paix dans sa première homélie papale de rappeler à ce pasteur devenu despote le caractère sacré du serment, de la parole donnée et le respect des textes établis.

Les chants des sirènes ne vous placeront jamais au dessus de la République.

Renoncer en échange d’une stabilité politique au projet mortifère de troisième mandat Monsieur le président et choisissez un dauphin avant qu’il ne soit trop tard et cela avec honneur au lieu d’abdiquer honteusement sous la pression populaire.

Monsieur le président, nous avons le flair de prévenir des différents dangers à travers nos diverses analyses mais malheureusement nous ne savons pas jouer aux pompiers qui ont vocation à sauver des vies et des biens en cas d’incendies ou de sinistres de tout genre.

Au delà de tout, nous tenons à signaler qu’on ne récolte que ce qu’on a semé et qu’au final, les mêmes causes produisent toujours et toujours les mêmes effets…

Malheur à ceux où celles qui s’attendent paradoxalement à un résultat différent. Les fables du célèbre fabuliste français Jean de La Fontaine teintées d’allégories éducatives auront prévenu les autistes avant que le monde ne s’effondre tel que défini par le célèbre romancier nigerian Chinua Achébé.

Source: Corbeau News Centrafrique

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