Africa-Press – CentrAfricaine.
Le 25 juin dernier, le lycée Barthélémy-Boganda s’est transformé en piège mortel. Trente jeunes Centrafricains sont morts, des centaines d’autres ont été blessés. Derrière cette tragédie se cache une vérité glaçante: l’État centrafricain a tué ses propres enfants par négligence.
Les fissures béantes dans les murs du lycée n’étaient pas invisibles. Le transformateur électrique défaillant qui a explosé n’était pas un mystère. Le journaliste Christian Aimé Ndotah, ex-directeur général de la radio Centrafrique, l’avait dénoncé bien avant le drame. Le rapport de la protection civile confirme cette vétusté mortelle. Pourtant, le ministère de l’Énergie et l’ENERCA ont regardé ailleurs, préférant organiser des examens dans un mouroir plutôt que de sécuriser les lieux.
Eric Sorongopé –, gouverneur de Bangui, ose questionner “l’opportunité de travaux pendant les examens”. Cette phrase résume à elle seule l’aberration: on préfère risquer des vies plutôt que de reporter un calendrier. William Ndjapou, conseiller présidentiel, parle d’“événement imprévisible”. Mensonge. Cette explosion était aussi prévisible qu’une bombe à retardement.
Entasser 6 000 jeunes dans un établissement inadapté, c’est programmer un massacre. Le ministère de l’Éducation a autorisé cette concentration humaine sans aucune mesure de sécurité. Pas de plans d’évacuation, pas d’exercices d’urgence, pas de respect des normes internationales. Juste l’indifférence bureaucratique face à la vie des étudiants.
Quand la panne s’est produite, cette masse humaine s’est retrouvée prise au piège. Les quelques aménagements cosmétiques dont se vante le gouvernement – clôtures et salles supplémentaires – sont dérisoires face à l’ampleur du problème. C’est comme mettre un pansement sur une hémorragie.
Les sapeurs-pompiers étaient à 200 mètres. Ils sont arrivés trop tard. Les hôpitaux ont été saturés au point d’envoyer 16 personnes vivantes à la morgue par erreur. Abel Assaï, directeur de l’hôpital communautaire, témoigne de la lenteur criminelle des services de sécurité.
Malgré une supposée “stratégie nationale de gestion des catastrophes”, l’État a brillé par son absence. Comme le dit justement Mongoume, ils agissent “comme un médecin après la mort”. Cette métaphore est cruelle mais juste: face à l’urgence, nos dirigeants sont des cadavres ambulants.
Arrêter le Dr Paul Crescent -Béninga,Gervais Lakosso et l’avocat Mandéndjapou pour une marche en mémoire des victimes relève de la barbarie morale. Pendant qu’une manifestation similaire était autorisée à Bambari, Bangui subissait la répression. Message subliminal: pleurer nos morts est devenu un acte subversif.
Cette “diabolisation de la différence politique” dénoncée par Mongoume révèle un régime qui craint plus la vérité que la mort. Priver les familles d’un espace de recueillement, c’est ajouter la cruauté à l’incompétence.
L’absence de “communicateur public officiel” pendant la crise a laissé les rumeurs enfler la panique. Les réseaux sociaux ont amplifié la terreur faute d’information officielle. Cette défaillance communication révèle un leadership fantôme, incapable de rassurer sa propre population en détresse.
La désinformation a prospéré dans ce vide, transformant une tragédie en chaos généralisé. Gouverner, c’est aussi savoir parler à son peuple dans l’épreuve.
Bangui reste la seule capitale au monde sans cimetière national. Les 29 familles endeuillées n’ont même pas un lieu digne pour honorer leurs morts. Cette absence symbolise parfaitement l’incapacité de l’État à répondre aux besoins les plus élémentaires de ses citoyens.
Mongoume propose la création d’un cimetière national. Une évidence que le président Touadéra devrait saisir s’il lui reste une once d’humanité.
Faustin-Archange Touadéra et son gouvernement portent l’entière responsabilité de ce carnage. Infrastructures délabrées, surpeuplement criminel, absence de plans d’urgence, répression des consciences, silence face à la désinformation: tous les ingrédients de la tragédie étaient réunis.
Gouverner, c’est prévoir. Nos dirigeants ne font que colmater les brèches après les naufrages. Il faut rénover toutes les écoles, mettre en place de vrais plans d’urgence, libérer les leaders emprisonnés et créer ce cimetière national qui manque cruellement. Sans ces réformes immédiates, d’autres drames suivront inévitablement. Les 29 vies fauchées hanteront ce régime jusqu’à sa chute. Car un État qui tue ses enfants par négligence ne mérite pas de survivre….
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