Africa-Press – CentrAfricaine. Ancien ministre arrêté à Douala, extradé à Bangui, puis disparu à l’OCRB: la disparition d’Armel Sayo engage-t-elle la responsabilité pénale du régime? Ou directement du Président Touadera?
En effet, le 17 janvier 2025, le colonel Armel Sayo est arrêté par la police camerounaise à l’aéroport international de Douala. Quatre mois plus tard, malgré les alertes lancées, il est extradé par le Cameroun vers la République centrafricaine.
Accusé de tentative de déstabilisation du régime de Faustin-Archange Touadéra, il est d’abord détenu à l’OCRB, puis transféré à la prison de Ngaragba le 28 mai. Le 7 juillet, il est extrait de sa cellule par les forces de l’OCRB et ramené dans les locaux de cette unité. Dans la nuit, des mercenaires russes l’auraient enlevé. Depuis, plus aucune trace de lui. Plusieurs sources évoquent son exécution.
Selon le Code de procédure pénale centrafricain, une personne placée sous mandat de dépôt devient un détenu sous la garde de l’administration pénitentiaire. Elle ne peut être sortie de prison que par décision motivée du juge d’instruction ou du procureur, dans le cadre d’un transport judiciaire, d’une confrontation, ou d’une commission rogatoire autorisant une audition complémentaire menée par un officier de police judiciaire. Dans tous les cas, la sécurité du détenu relève de la responsabilité de l’État. L’administration pénitentiaire, la police judiciaire et les autorités civiles sont tenues de garantir sa vie, son intégrité physique et son droit à la défense.
À cet effet, la disparition d’un détenu extrait sur ordre officiel constitue une infraction pénale en droit centrafricain (enlèvement, séquestration, complicité de crime). Elle engage également la responsabilité internationale de l’État. La Convention des Nations Unies contre les disparitions forcées, ratifiée par la RCA, interdit toute arrestation ou détention suivie d’un refus de reconnaître le sort ou le lieu de la personne disparue. Aussi, le Statut de Rome de la Cour pénale internationale qualifie la disparition forcée de crime contre l’humanité (article 7). Si la mort d’Armel Sayo est confirmée, sa famille pourrait saisir la CPI pour demander l’ouverture d’une enquête.
Si des éléments de preuve démontrent que l’exécution d’Armel Sayo a été ordonnée, tolérée ou couverte par les plus hautes autorités, y compris le président de la République, celui-ci pourrait être poursuivi personnellement devant la CPI, même en exercice. Le Statut de Rome ne reconnaît aucune immunité pour les chefs d’État impliqués dans des crimes contre l’humanité. Des précédents existent: Omar el-Béchir (Soudan), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), ou encore Uhuru Kenyatta (Kenya) ont été inculpés ou poursuivis pour des faits similaires.
Depuis le 7 juillet, ni le gouvernement ni l’OCRB n’ont communiqué officiellement sur la disparition d’Armel Sayo. Ce mutisme, combiné à l’absence d’enquête judiciaire crédible, alimente les soupçons d’un assassinat extrajudiciaire organisé. En droit, cette passivité équivaut à une complicité de crime d’État.
Il faut rappeler que l’extraction de l’ancien ministre Armel Sayo de la prison du camp de Roux avait été ordonné par le conseiller en sécurité du Président de la République. Donc la responsabilité de Touadera est engagée….
Source: Corbeau News Centrafrique
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