Africa-Press – CentrAfricaine. Ange-Maxime Kazagui, président de KARA Investissement, défend les opportunités d’affaires en République centrafricaine lors de sa récente interview sur la radio Ndékè Luka. Son argumentaire repose sur l’idée d’un marché vierge où les besoins élémentaires restent à combler. Il cite la fabrication locale de cure-dents, de seaux ou d’allumettes comme autant de créneaux porteurs. Pour lui, les premiers investisseurs dans un pays post-conflit récoltent souvent les bénéfices les plus importants.
Cette vision optimiste trouve ses limites dans la réalité des faits. La présence du groupe russe Wagner s’est imposée comme un facteur dissuasif majeur pour les partenaires économiques étrangers. Les pratiques de cette force paramilitaire russe créent un climat d’insécurité politique, sociale et juridique permanent. Arrestations sans motif, interventions directes dans les procédures judiciaires, pressions sur les institutions : autant d’éléments qui compromettent la stabilité nécessaire aux affaires.
La justice centrafricaine ne jouit plus de son indépendance. Elle subit les directives du pouvoir exécutif et l’influence directe des conseillers russes. Des détenus ont été extraits des prisons et enlevés par les Wagner durant plusieurs semaines avant qu’ils apparaissent en public, sans respect des procédures légales. Cette fragilisation des institutions judiciaires décourage tout investissement sérieux.
Les finances publiques reflètent également cette dérive. L’État consacre une part substantielle de ses ressources au financement des forces étrangères présentes sur son territoire. Les contingents rwandais et les mercenaires russes pèsent lourdement sur le budget national. Ces dépenses se font au détriment des investissements productifs et des infrastructures nécessaires au développement économique.
Monsieur Ange-Maxime Kazagui évoque l’existence d’investisseurs potentiels sans toutefois les identifier précisément. Cette discrétion interroge sur la réalité de ces partenaires supposés. Quelle est la sincérité de son projet face à un pays sous tutelle étrangère ? Les fonds d’investissement sérieux exigent des garanties que la Centrafricaine ne peut actuellement offrir. L’absence d’État de droit, la corruption endémique et l’instabilité politique constituent autant d’obstacles à tout engagement financier conséquent.
Les autorités actuelles ne proposent aucune vision cohérente pour l’économie nationale. Leur priorité semble se limiter au maintien au pouvoir plutôt qu’à la construction d’un environnement propice aux investissements. Après plus de trois décennies de crises successives, le pays attend toujours les réformes structurelles nécessaires à son redressement.
L’analyse de Ange-Maxime Kazagui contient une part de vérité : les besoins du pays sont considérables et les opportunités potentiellement nombreuses. Mais les investisseurs ne se contentent pas de promesses. Ils exigent des garanties institutionnelles, une justice indépendante et un environnement politique stable. La Centrafrique actuelle ne remplit aucune de ces conditions essentielles. Monsieur Ange-Maxime Kazagui devra expliquer comment son projet peut prospérer dans un pays où l’État souverain a cédé la place à l’occupation étrangère.
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