Memorandum de la diaspora centrafricaine aux autorités russes

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Memorandum de la diaspora centrafricaine aux autorités russes
Memorandum de la diaspora centrafricaine aux autorités russes

Africa-PressCentrAfricaineLe présent Mémorandum est une initiative citoyenne. Il a pour but d’alerter sur des exactions graves commises par les mercenaires du groupe Wagner ou commises avec leur participation, de réclamer des mesures immédiates et

appropriées, notamment le renvoi de ces mercenaires et de tout mercenaire du territoire centrafricain, enfin, de formuler des propositions pour un retour de notre État a un fonctionnement normal et apaisé entre Centrafricains.

Le présent Mémorandum n’est pas dirigé contre l’État et le Peuple frère de Russie, qui ont pour principe de nouer des relations internationales respectueuses de l’indépendance, de la souveraineté et de la dignité de chaque Peuple, ce que nous saluons.

Il est adressé aux autorités représentant l’État de Russie, pour leur demander de contribuer à faire cesser dans notre pays des agissements contraires à ce principe qui nous est commun.

Le présent Mémorandum est aussi adressé à la Communauté Internationale à laquelle

notre pays, la République Centrafricaine, appartient et à laquelle nous, Citoyens Centrafricains, tenons fermement à ce qu’il continue à participer, pour qu’ensemble des mesures fortes soient prises sans délai afin de conjurer une situation qui porte une atteinte grave aux droits fondamentaux des Centrafricains, en même temps qu’elle menace dangereusement la paix et la sécurité internationales, tant au niveau régional qu’au niveau global.

LA PR

ÉSENCE DU GROUPE WAGNER DANS NOTRE PAYS ET SES CONSÉQUENCES

Le Groupe Wagner est désormais connu du monde entier. Il s’agit d’un groupe paramilitaire

privé dirigé par l’oligarque russe Evgueni Prigojine et impliqué dans de nombreux conflits armés, par exemple au Dombass, en Syrie ou encore en Libye.

Le groupe Wagner est implanté dans notre pays, la République Centrafricaine, depuis 2018 au moins, sur la base d’accords négociés dans l’opacité par l’ancien Premier Ministre Firmin Ngrebada, alors Directeur de Cabinet du Président de la République Faustin Archange Touadéra, et signés par ce dernier à Sotchi fin 2017.

Dans le même temps, des accords d’État à État ont été conclus entre la Russie et la RCA, en

commençant par un accord de défense et de coopération militaire. Nous tenons à souligner que ces accords d’Etat à État ne sauraient être confondus avec ceux conclus avec le groupe privé Wagner. D’ailleurs, il ressort clairement des déclarations répétées des autorités russes, elles-mêmes que le Groupe Wagner n’est pas un opérateur officiel de la politique extérieure de l’État de Russie.

La présence du Groupe Wagner dans notre pays est reelle et ne peut être niée. Cette présence s’est traduite par la création de deux sociétés qui ont pignon sur rue, à savoir la Société « Lobaye Invest », société minière et forestière, et la Société « Sewa Sécurité », société de sécurité comme son nom l’indique. Les dirigeants et employés de ces sociétés circulent à Bangui et dans tout le pays au vu et au su de tous. Ils le font non seulement dans le cadre des activités économiques de ces sociétés mais aussi dans le cadre d’opérations militaires, et ceci tout particulièrement depuis le début de l’année 2021. Cette implication est confirmée par le

Gouvernement de notre pays qui, depuis, évoque régulièrement et officiellement les « FACAS et leurs alliés russes et rwandais » dans un contexte où l’armée de la Fédération de Russie n’a projeté aucun homme en armes sur le territoire centrafricain est aussi abondamment confirmée par le Conseiller russe du Président de la République en matière de sécurité, M. Valery Zakharova dans sa chronique quasi-quotidienne de guerre sur le réseau social Tweeter.

Mieux encore, dans plusieurs des séquences vidéo sur Facebook qu’il affectionne, le Conseiller Spécial du Président de la République a fait état de l’arrivée massive de mercenaires « russes » dans le cadre de l’opération « win na win », autrement dit de la venue d’hommes destinés à combattre.

Chaque citoyen a pu constater la forte influence du Groupe Wagner sur les institutions

de notre pays, la République Centrafricaine, et sur la politique nationale, jusque dans ses aspects les plus régaliens telles que la défense nationale, les affaires étrangères et les finances.

Nous mentionnerons à titre d’exemple :

La gestion de la politique nationale de defense et de sécurité par le chef du Groupe

Wagner en Centrafrique. M. Valery Zakharov simple Conseiller du Président

de la République, c’est ce Monsieur qui apparaît comme le vrai patron de la sécurité et

de la défense dans notre pays, au point de faire des déclarations officielles au nom du

pays en lieu et place du Président de la République ; de convoquer officiellement, sur papier aux armoiries de la RCA, des Députés ; de se livrer personnellement à des

pratiques de corruption, sur des Députés pour acheter leur vote et sur des leaders des jeunes pour financer les campagnes contre les partenaires institutionnels de la RCA et contre CENTRAFRIQUE LIBRE, APAISEE, UNIE ET DE JUSTICE, DEBARRASSEE DES MERCENAIRES DE WAGNER, de lancer, tout aussi officiellement, des mises en garde ou des appels aux partenaires et États amis de notre pays, la RCA.

Le bradage des ressources naturelles de la RCA dans des conditions qui violent de

mani

ère flagrante notre Constitution.

En effet, en contrepartie des « services » qu’il rend au pouvoir Touadera, le Groupe Wagner a exigé et a obtenu des contrats d’exploitation

minière et forestière dans de larges zones situées aux quatre coins du pays, et ceci au

mépris de l’article 60 de notre Constitution qui exige une autorisation préalable de

l’Assemblée Nationale et la publication des contrats signés. De plus, pour l’exécution

de ces contrats, le Groupe Wagner, par l’intermédiaire de sa société « Lobaye Invest ».

a conclu des accords pour sécurisation de ses exploitations avec les groupes armés, dont le groupe du mercenaire nigérien Ali Darassa et celui de M. Abdoulaye Hissen. Il

finance ainsi en sous-main des groupes armés qu’il prétend combattre.

La participation des éléments du Groupe Wagner aux campagnes d’intimidation et de

terreur visant les leaders et cadres des partis politiques de l’opposition démocratique ainsi que des organisations de la société civile ; campagnes orchestrées de concert avec la milice présidentielle nommée « Les Requins », auteure d’enlèvements, de

disparitions forces et d’attaques ciblées dans la ville de Bangui.

La commission

À l’occasion de la campagne militaire en cours contre la Coalition des

Patriotes pour le Changement (CPC), de graves exactions sur la population civile : viols, y compris sur mineurs, exécutions sommaires, pillages de biens, etc. Ces exactions ne sont pas ignorées du pouvoir. Elles sont même considérées comme normales, Le Conseiller spécial du Président de la République est d’ailleurs allé jusqu’à déclarer les actes sexuels comme une contrepartie légitime de la participation de ces mercenaires à la « libération > du pays.

L’atteinte portée aux relations pacifiques avec les États voisins, comme le montre la

crise actuelle entre notre pays, la RCA, et le pays frère qu’est le Tchad. Il est aujourd’hui acquis, et le communiqué conjoint Tchad-RCA du 2 juin 2021 en atteste, que les mercenaires du Groupe Wagner ont pénétré avec les Forces armées nationales (les FACAs) en territoire tchadien, ont attaqué un poste militaire avancé, tué des soldats

tchadiens sur place et emporté d’autres en territoire centrafricaineour les abattre froidement après les avoir torturés. Le Gouvernement centrafricaina travers le

communiqué conjoint précité, s’est dit surpris par cette opération et l’a condamné, ce

qui signifie que les mercenaires Wagner ont de leur propre chef entraine le pays dans un acte d’agression et de crime de guerre. Il n’est pas à exclure, compte tenu du mode

opératoire de ces mercenaires, que d’autres actions du même type puissent être menées dans l’avenir en territoire camerounais, soudanais, ou sur les territoires du Congo Démocratique ou du Congo Brazzaville. A cela s’ajoutent les attaques et provocations contre les contingents de la MINUSCA sur le terrain.

La privatisation de l’administration des finances de la République au profit du Groupe

Wagner.

En effet, sous prétexte de réorganiser les services des finances et des douanes centrafricaines, les mercenaires du Groupe Wagner, qui craignent de ne pas être payés pour les services qu’ils rendent au pouvoir Touadéra du fait de la restriction des aides extérieures au pays, ont exigé et obtenu de se substituer au service centrafricaindes douanes pour percevoir directement et en numéraires les droits douaniers aux frontière : et ceci sans se soucier des règles de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEMAC) qui interdisent de percevoir des droits douaniers sur les produits en provenance des autres États membres de cette Communauté. Selon les dernières annonces du Ministère de l’Economic et des Finances, il est prévu que l’action de ces mercenaires s’étendent prochainement à d’autres domaines qui relèvent de ce Ministère régalien. Cette liste est très loin d’être exhaustive.

À ce qui précède, il convient d’ajouter les agissements de l’Ambassadeur de Russie en

Centrafrique, M. Vladimir Titorenko, lequel Ambassadeur, au mépris de son statut

diplomatique, se comporte plus en protecteur du pouvoir Touadera face aux citoyens

centrafricains et des intérêts du Groupe Wagner en Centrafrique qu’en promoteur de relations amicales entre les peuples amis de Russie et de Centrafrique : déclarations donnant, en lieu et place du Président de la République, les orientations de la politique nationale, notamment en ce qui concerne la défense et la sécurité et le dialogue inter-centrafricaine mises en cause des autres partenaires internationaux de la RCA, dont la MINUSCA ; menaces proférées à l’égard des leaders des partis politiques de l’opposition démocratique ; mise en cause de la centrafricanité de ces derniers ; campagne de stigmatisation des organisations non-violentes centrafricaines qui osent critiquer un élément de la politique de leur pays ; attaques verbales contre les Gouvernements de pays amis, spécialement des pays frontaliers, etc. NOS POSITIONS Nous nous élevons contre et nous condamnons fermement ces agissements qui viennent saper les fondements d’une coopération équilibrée entre nos deux pays et d’une amitié faite de considération et d’entente mutuelles entre les Peuples de Centrafrique et de Russie.

Par cette position générale, nous voulons exprimer ce qui suit.

En premier lieu, nous disons catégoriquement non au mercenariat, qui a été de tous temps source de malheur pour les Centrafricains d’où que viennent les mercenaires. Car, les exactions des mercenaires du Groupe Wagner sur la population civile suivent et répètent celles des mercenaires des groupes armes qui sevissent encore dans notre pays. Ces exactions sont aussi de même nature que celles qui ont été commises par le passé, à l’appel du pouvoir du moment à Bangui, par les Zakawas, et aussi celles commises par les Banyamulengués du congolais Jean- Pierre Bemba et pour lesquelles les plaintes de nos compatriotes victimes sont encore devant la Cour pénale internationale et la Cour pénale spéciale de Bangui.

Notre refus du mercenariat est dicté aussi par notre attachement au respect et à la crédibilité de notre parole internationale. Car les pratiques que nous refusons ici sont manifestement contraires aux obligations auxquelles notre pays a souscrit au titre de la Convention internationale du 4 décembre 1989 contre le recrutement, l’utilisation, le financement et le recrutement de mercenaires, où la RCA s’engage « à ne pas recruter, utiliser, financer ou instruire des mercenaires et à interdire les activités de cette nature » (article 5).

Nous n’acceptons pas non plus l’argument qui consiste à justifier les exactions actuelles par celles qui ont été commises dans le passé, car cela suppose que nous acceptions l’inacceptable, à savoir que la souffrance subie par les Centrafricains, et que la déconsidération dont nous

faisons l’objet en tant que Peuple soient sans fin.

En deuxième lieu, et ceci vaut dorénavant pour tout pays qui veut nouer un partenariat avec notre pays, nous disons catégoriquement non à l’exercice, dans notre pays, du pouvoir par quiconque n’est pas des nôtres et qui n’a pas été élu ou accepté par nous.

En troisième lieu et en conséquence de ce qui précède, nous demandons, et même exigeons que tout représentant d’un Etat étranger dans notre pays respecte le Peuple

Centrafricainet qu’en conséquence il n’usurpe pas le pouvoir que nous avons confie a nos représentants, et qu’il ne se mêle pas de nos affaires, tant intérieures qu’extérieures.

En quatrième lieu, nous nous déclarons ouverts à toute coopération qui respecte notre

pays comme indique precedemment, ainsi que la dignité des Centrafricains. Nous

réaffirmens notre appartenance à la communauté africaine et à la communauté internationale au sein desquelles nous entendons prendre toute notre place.

En cinquième et dernier lieu, nous reaffirmons le droit des Centrafricains, pris

collectivement et individuellement, à être maîtres chez eux et, par conséquent, à être gouvernes

conformément à leur Constitution qu’ils ont adoptée dans la douleur, ainsi que leur droit à la

liberté, à la dignité et à l’autodétermination aux plans politique, économique et sociale.

NOS EXIGENCES

En conséquence de ce qui précède, nous exigeons :

La dénonciation des accords avec le Groupe Wagner et le retrait de ses membres du territoire centrafricain, ce, au profit d’une coopération d’État à État avec le

pays frère de Russie et d’une coopération saine avec des entreprises susceptibles

de contribuer au développement de notre pays ;

Le rappel à l’actuel ambassadeur de Russie en Centrafrique, M. Titorenko, des obligations de sa fonction ou, à défaut, son rappel par son pays ou sa déclaration

en tant que persona non grata ;

L’activation, en tant que de besoin, des accords de defense que nous avons avec

d’autres États, y compris africains, ainsi qu’il a été fait avec le pays frère qu’est le Rwanda.

La mise en place d’une commission d’enquête internationale sur les exactions à

l’égard de la population civile centrafricaine, que ces exactions proviennent des

mercenaires du Groupe Warner, des autres groupes armes ou de tout autre

groupe.

L’engagement de poursuites penales pour les faits evoques plus haut, qui sont

constitutifs de crimes, et ceci devant les juridictions penales centrafricaines de

droit commun, devant la Cour pénale spéciale de RCA et/ou devant la Cour penale

internationale ;

La fin de la politique de haine qui divise les Centrafricains, et donc la fin des chasses aux sorcières, la fin des campagnes de dénigrement et de stigmatisation de certains Centrafricains par d’autres et leurs soutiens étrangers, simplement en raison de l’exercice par ces citoyens de leur liberté constitutionnelle d’expression.

Le respect de la Constitution et des droits des Centrafricains, la promotion du vivre ensemble, la promotion de la culture de la paix et de la non-violence, bref, la priorité donnée au bonheur des Centrafricains, où qu’ils se trouvent, quelles que soient leur naissance, leur religion, leur opinion politique, et leur position sociale.

FAIT À PARIS-LE 12.06.2021

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