Promesses de Touadera Échouent sur Route Bambari-Kongbo

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Promesses de Touadera Échouent sur Route Bambari-Kongbo
Promesses de Touadera Échouent sur Route Bambari-Kongbo

Africa-Press – CentrAfricaine.
La route Bambari-Alindao-Kongbo ressemble à tout ce que touche l’administration Touadéra: des annonces grandioses suivies d’un échec retentissant. Lancée officiellement par le président en septembre 2024 avec le faste habituel, cette route “essentielle au développement” s’est arrêtée net après seulement dix kilomètres. Abel Matchipata, maire de Bambari, tente tant bien que mal d’expliquer ce nouveau fiasco, mais ses déclarations démontre surtout l’amateurisme d’un gouvernement incapable de mener à bien ses propres projets.

Le récit du maire ressemble à une tragédie. “En marge de la cérémonie de rentrée scolaire, le président avait procédé au lancement officiel”, raconte-t-il avec la nostalgie de celui qui se souvient des beaux jours. Quel spectacle ce devait être ! Touadéra coupant le ruban, les discours enflammés, les promesses de développement… Et puis, la réalité: les travaux s’arrêtent brusquement à Liwa, au 10 kilomètre. Dix kilomètres ! Même pour une promenade de santé, c’est court.

L’explication de Matchipata sur cet arrêt prématuré frise le grotesque. “D’après certaines informations à notre portée, il se poserait un problème d’argent”, confie-t-il avec la prudence de l’expert en langue de bois. Un problème d’argent ! Comme si l’État centrafricain découvrait soudain qu’il faut de l’argent pour construire une route. L’entreprise aurait utilisé “ses fonds propres” pour commencer les travaux. Traduction: elle a payé de sa poche en espérant être remboursée plus tard. Naïveté ou désespoir commercial?

La suite de l’explication municipale confine au surréalisme administratif. “Il était question que l’on puisse décaisser les moyens financiers à cette entreprise”, explique Abel Matchipata. Il “était question” ! Au conditionnel ! Comme si financer un projet lancé par le président lui-même relevait de l’hypothèse lointaine. Et notre maire de conclure doctement: “La balle est dans le camp de l’État ou du gouvernement”. Génial ! L’État se renvoie la balle à lui-même pendant que la route reste un chantier abandonné.

Le plus pathétique dans cette histoire, c’est la découverte tardive de l’état de la route par les autorités. Matchipata explique qu’en voyant “les images sur Facebook”, il s’est rendu compte que l’axe était “vraiment impraticable, impraticable”. Facebook ! Nos dirigeants découvrent l’état des infrastructures nationales sur les réseaux sociaux. Ils gouvernent un pays qu’ils ne connaissent que par écrans interposés. Quatre jours pour parcourir 120 kilomètres, une “route de la mort” selon les usagers, mais nos décideurs l’apprennent en scrollant leur fil d’actualité.

L’optimisme du maire frôle l’inconscience politique. “Nous sommes convaincus que ces travaux seront réalisés”, déclare-t-il avec la foi du charbonnier. Sur quoi base-t-il cette conviction? Sur le fait que “c’est déjà un projet qui a été approuvé” ! Comme si l’approbation présidentielle était une garantie de réalisation sous Touadéra. Des projets approuvés et abandonnés, la Centrafrique en regorge depuis dix ans.

Pendant ce temps, Victor Bissekoin, gouverneur du Haut-Oubangui, évoque des “problèmes techniques” sans préciser lesquels. Problèmes techniques ! Le langage politicien pour dire “nous n’avons aucune idée de ce qui se passe, mais ce n’est pas notre faute”. Entre le maire qui parle de problèmes financiers et le gouverneur qui invoque la technique, l’administration Touadéra nous offre un festival de justifications contradictoires.

La réalité sur le terrain est pourtant simple: cette route est vitale pour l’économie régionale, les populations souffrent de son état déplorable, le président l’a lancée en grande pompe, et elle s’enlise dans l’incompétence administrative habituelle. Manioc, arachide, maïs… tous ces produits agricoles pourrissent faute d’une route praticable vers Bangassou. Mais qu’importe ! L’essentiel était de faire le spectacle du lancement.

Au final, la route Bambari-Alindao-Kongbo symbolise parfaitement dix années de gouvernance Touadéra: beaucoup de bruit pour rien, des promesses qui s’évaporent, des populations abandonnées, et des responsables qui se renvoient la responsabilité. Abel Matchipata garde “l’espoir” que les travaux reprendront. Un espoir touchant mais dérisoire face à un régime qui a fait de l’inachevé sa marque de fabrique. En attendant, les nids-de-poule continueront de prospérer plus vite que les promesses présidentielles.

 

Source: Corbeau News Centrafrique

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