Quatre Jeunes Abattus Par Des Groupes Armés

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Quatre Jeunes Abattus Par Des Groupes Armés
Quatre Jeunes Abattus Par Des Groupes Armés

Africa-Press – CentrAfricaine. La mort de Cherubin et de ses trois compagnons de route a provoqué une vague d’émoi. Cet ouvrier machiniste allait tout bonnement transférer de l’argent à sa conjointe après un accouchement. Dans un audio qui fait le tour des plateformes des réseaux sociaux, son frère ainé désigne des anciens rebelles de l’UPC comme responsables.

L’enregistrement dure trois minutes. On y entend un homme brisé par la douleur, raconter les derniers instants de son frère nommé Cherubin qui travaillait sur des chantiers miniers tenus par des Chinois, un emploi qu’il avait obtenu grâce à l’aide de ce même frère qui pleure aujourd’hui sa disparition. Ce jour-là, la victime ne faisait rien d’extraordinaire. Il voulait juste s’assurer que sa femme et son nouveau-né ne manquent de rien.

Mais lors de l’accrochage, la balle des assaillants l’a atteint en pleine tête. Ses trois compagnons ont subi le même sort. Aucun n’a survécu. Le frère endeuillé accuse directement d’anciens combattants de l’UPC, ces hommes qui auraient dû déposer les armes mais qui continuent de semer la terreur. Il ne comprend pas. Le gouvernement leur répète sans cesse que la paix est revenue à 97% dans le pays, que tout va mieux, que les dangers appartiennent au passé.

Alors pourquoi Cherubin est-il mort à quelques heures de Noël? Cette question revient comme un refrain dans le message vocal. L’homme se perd dans ses interrogations, cherche un sens à cette violence gratuite. Son frère avait parcouru tellement de régions pour exercer son métier de machiniste: Nola, dans la Sangha-Mbaéré, Alindao dans la Basse-Kotto, Bria et ses environs dans la Haute-Kotto, Yaloké dans l’Ombella-Mpoko, et tant d’autres localités où la vie avait repris tant bien que mal.

Mais ce témoignage du frère laisse beaucoup de zones floues. Aucune précision sur le lieu exact de l’attaque. Aucun détail sur le secteur, la préfecture ou la zone concernée. Impossible donc de vérifier les faits ou d’identifier clairement les assaillants. L’homme parle des Chinois, du travail de machiniste, de l’argent à envoyer, mais omet l’essentiel pour toute enquête sérieuse.

Cette affaire s’inscrit pourtant dans un contexte bien connu. Dans la Nana-Mambéré, l’Ouham-Pendé, Mambéré-Kadéi, Lim-Pendé, l’Ouham, des éléments du 3R se baladent encore avec leurs fusils. Personne ne les arrête. Personne ne dit rien. Ils roulent à moto, traversent les villages, franchissent les barrages sans être inquiétés le moins du monde. La même chose se produit dans l’Ombella-Mpoko où d’anciens rebelles gardent leurs armes comme si de rien n’était.

Cette liberté de mouvement finit toujours mal. Les incidents se multiplient depuis des mois. Ces hommes n’ont plus de structure qui les encadre, plus de revenus réguliers maintenant que leurs groupes sont officiellement dissous. Ils connaissent la maniement des armes, ils ont l’habitude de la violence, et ils n’ont aucun autre moyen de gagner leur vie.

Le désarmement n’a touché qu’une poignée d’entre eux. Quelques dizaines peut-être, alors qu’ils se comptent par milliers. Les autres gardent leurs kalachnikovs, leurs munitions, leur savoir-faire acquis durant des années de conflit. Faute de perspectives, beaucoup basculent dans le banditisme pur et simple. Les braquages deviennent monnaie courante. Les barrages routiers sauvages paralysent des axes entiers. Les attaques contre les civils se succèdent sans que les forces de l’ordre n’interviennent vraiment.

Le gouvernement range tout cela dans la case du banditisme ordinaire. Une étiquette commode qui évite de reconnaître l’échec du processus de démobilisation. Les autorités préfèrent se concentrer sur d’autres priorités, notamment les échéances électorales. La réélection de Touadéra pour un troisième mandat illégal mobilise toutes les énergies, tous les moyens, toute l’attention du pouvoir.

Pendant ce temps, les routes restent dangereuses. Les familles pleurent leurs morts. Les travailleurs comme Cherubin paient de leur vie le prix de cette négligence. Son frère continue de se demander pourquoi. Pourquoi lui. Pourquoi maintenant. Pourquoi personne ne fait rien alors que tout le monde sait que des hommes armés circulent librement. Les réponses ne viendront probablement jamais. L’audio continuera de tourner sur les réseaux sociaux, témoignage d’une douleur parmi tant d’autres, avant d’être remplacé par le prochain drame, la prochaine victime, le prochain message désespéré d’une famille déchirée

Source: Corbeau News Centrafrique

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