Africa-Press – CentrAfricaine. En République centrafricaine, la disparition d’Armel Ningatoloum Sayo, ancien ministre et chef rebelle, met le président Faustin-Archange Touadera dans une position intenable. Le pouvoir, à travers son porte-parole Maxime Balalou, tente de nier l’évidence avec des déclarations confuses et une vidéo truquée par intelligence artificielle. Mais les faits, révélés par des enquêtes journalistiques et des accusations d’opposants, dressent un tableau accablant. Cette affaire, qui a poussé le président camerounais Paul Biya à exiger des explications, pourrait même attirer l’attention de la Cour pénale internationale (CPI).
Maxime Balalou, porte-parole du gouvernement et ancien détenu, ancien Kitandaire, a affirmé qu’Armel Ningatoloum Sayo est « en vie et en bonne santé ». Lors de sa conférence de presse hebdomadaire, il a dénoncé une image circulant sur les réseaux sociaux, montrant un corps ensanglanté présenté comme celui d’Armel Ningatoloum Sayo, la qualifiant de « montage » créé par intelligence artificielle (IA). Voici ses propos:
« Des informations circulaient au sujet de ce compatriote, de ce chef rebelle, qui certains croient sur une image qui a été diffusée sur les réseaux sociaux, une image montée de toutes pièces, même les spécialistes l’ont reconnue ».
Ces paroles ne trompe personne, à plus forte raison les centrafricains qui connaissent cet ancien détenu qui tient régulièrement des propos maladifs. Si Armel Ningatoloum Sayo est vivant, pourquoi le gouvernement ne le montre-t-il pas, tout simplement? Une vidéo authentique, une apparition publique ou une audience judiciaire filmée suffiraient à éteindre les doutes. Au lieu de cela, Balalou s’enferme dans des explications vagues, espérant apaiser une population en colère et des partenaires internationaux, comme Paul Biya, qui demandent des réponses claires. Son ton arrogant, surtout pour ce Kitandaire, ne fait qu’aggraver les soupçons.
Les faits, rapportés par nos journalistes d’investigations, montrent une opération soigneusement organisée depuis la présidence.
En effet, le 4 juillet 2025, Cédric Gbaka, conseiller de Touadera, s’est rendu à la prison du camp de Roux avec des mercenaires russes du groupe Wagner, des policiers et le directeur de la Compagnie Nationale de Sécurité. Sous prétexte d’une fouille, Gbaka a annoncé avoir trouvé un téléphone portable et un document, soi-disant un « plan de coup d’État », dans la cellule d’Armel Ningatoloum Sayo et de Nourd Gregaza.
Sayo et Gregaza ont nié posséder ces objets. Des témoins confirment que Cédric Gbaka les a lui-même apportés, dans une mise en scène évidente pour justifier leur extraction. Le 7 juillet, le général Barrabas Armel, directeur de l’OCRB, a transféré les deux hommes dans les locaux de l’OCRB. Dans la nuit du 7 au 8 juillet, des mercenaires russes ont emmené Sayo. Depuis, il a disparu. Cette chronologie pointe vers une décision venue du sommet de l’État notamment du Président Touadera. L’implication des mercenaires russes, connus pour leurs méthodes criminelles, fait craindre une issue tragique.
Le 18 juillet 2025, une vidéo diffusée par des comptes proches du pouvoir montre un homme ressemblant à Sayo, lisant un document dans une mise en scène artificielle. Cette vidéo, générée par IA, est une tentative maladroite de faire croire qu’il est vivant. Mais si Sayo est en vie, pourquoi recourir à un tel subterfuge? Pourquoi ne pas le présenter en personne ou le laisser parler devant une caméra?
L’ex-détenu Maxime Balalou accuse les opposants d’avoir fabriqué par l’intelligence artificielle une image d’un corps ensanglanté pour discréditer le gouvernement. Pourtant, c’est le régime lui-même qui utilise l’IA pour manipuler l’opinion. Cette contradiction est révélatrice: le pouvoir n’a rien de concret à montrer aux centrafricains. La vidéo truquée, loin de rassurer, ne fait qu’amplifier les doutes sur le sort de Sayo.
L’affaire a pris une dimension internationale avec l’intervention du président camerounais Paul Biya. Le 21 juillet 2025, Biya a envoyé un télégramme à Touadera, demandant des explications sur le sort d’Armel Sayo, arrêté à Douala le 17 janvier 2025 et extradé vers Bangui en mai. Ce geste, rare de la part d’un chef d’État discret, montre que le Cameroun s’inquiète des rumeurs de disparition ou d’assassinat.
Paul Biya demande des précisions sur le lieu de détention de Sayo, l’état des procédures judiciaires et son statut actuel. En extradant Sayo, le Cameroun s’attendait à ce que la RCA respecte les règles de la coopération judiciaire. Le silence de Bangui, combiné à la vidéo truquée, met en danger les relations entre les deux pays. Cette démarche de Paul Biya est un avertissement clair à Touadera: il doit rendre des comptes.
Le gouvernement répète que Sayo est vivant, mais refuse de le prouver. Les chargés de communication du régime affirment que l’ancien ministre Armel Ningatoloum Sayo a été interrogé par un juge le 21 juillet 2025. Si c’est vrai, pourquoi ne pas avoir filmé cette audience , ou même filmer son arrivée au tribunal?
Nourd Gregaza, extrait en même temps que Sayo, est toujours détenu à l’OCRB dans de condition sanitaire sérieuses. Entre temps, Armel Ningatoloum Sayo est enlevé et porté disparu.
La disparition d’Armel Sayo est un scandale qui expose les dérives du régime Touadera. Les déclarations de Maxime Balalou, les agissements de Cédric Gbaka, l’implication des mercenaires russes du groupe Wagner et le silence du pouvoir forment un tableau insupportable. L’intervention de Paul Biya et les accusations de l’opposition et de la société civile montrent que cette affaire dépasse les frontières de la RCA. Si Sayo est vivant, qu’il soit présenté publiquement. Sinon, Touadera devra répondre devant la justice internationale. La vérité finira par éclater, et le peuple centrafricain mérite des réponses….
Source: Corbeau News Centrafrique
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