Africa-Press – CentrAfricaine.
Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Thierry Patrice Akoloza, s’est rendu cette semaine dans les locaux de la Société Palme d’Or et de la Brasserie Mocaf. Une visite qui arrive à un moment où ces entreprises traversent des difficultés bien connues, mais qui laisse dans l’ombre certains aspects inquiétants de la situation industrielle centrafricaine.
Chez Palme d’Or, les dirigeants ont expliqué au ministre Thierry Patrice Akoloza leurs problèmes d’approvisionnement habituels. L’entreprise importe encore son huile de palme, qui compose 72% de ses savons, au lieu de s’approvisionner localement. Pour le maïs aussi, les livraisons restent irrégulières, alors que l’usine peut traiter 90 tonnes par jour. Des problèmes que l’entreprise connaît depuis longtemps et qui reviennent dans chaque rapport gouvernemental.
À la Brasserie Mocaf, même refrain. Le directeur général Christian Reiner a parlé des coupures d’électricité qui perturbent la production et des retards de livraison depuis Douala. Rien de nouveau non plus. Ces difficultés touchent pratiquement toutes les entreprises du pays depuis des années.
Mais ce qui interpelle dans cette visite, c’est ce dont on ne parle pas. Mocaf a subi deux sabotages attribués au groupe Wagner, cette organisation militaire privée russe présente en Centrafrique depuis 2018. L’entreprise en a souffert, ses équipements ont été endommagés, sa production perturbée. Pourtant, lors de sa visite, le ministre Thierry Patrice Akoloza n’a pas abordé cette question publiquement.
Pendant ce temps, Wagner continue ses activités illicite de production sans contrôle apparent. Selon plusieurs sources fiables, l’organisation criminelle produit des alcools frelaté et des bières dans des conditions douteuses et mène d’autres activités industrielles sans que personne ne puisse vérifier leur conformité aux normes. Ces productions concurrencent directement les entreprises légales comme Mocaf, qui respectent les règles fiscales et sanitaires.
Cette situation pose une question simple: pourquoi le gouvernement visite-t-il les entreprises victimes de sabotages sans s’attaquer aux auteurs présumés de ces actes? La réponse n’est pas évidente et les autorités restent discrètes sur le sujet.
Le ministre a répété que le pays évolue “de l’humanitaire au développement” et que l’industrie locale doit se renforcer. Ces objectifs figurent dans le Plan National de Développement 2024-2028. Mais entre les intentions et les actes, l’écart reste important. Les entreprises visitées – Palme d’Or, Mocaf, mais aussi SOCACIG (société centrafricaine de cigarette ) et USACA lors de précédentes tournées – attendent toujours des solutions concrètes à leurs problèmes d’énergie, de transport et d’approvisionnement.
L’industrie centrafricaine a besoin de stabilité pour se développer. Les entrepreneurs ont besoin de savoir que leurs investissements seront protégés et que la concurrence sera loyale. Aujourd’hui, cette garantie n’existe pas vraiment. Quand une entreprise comme Mocaf peut être sabotée sans que les responsables présumés soient inquiétés, la confiance des investisseurs en prend un coup.
Les visites ministérielles peuvent être utiles pour comprendre les difficultés des entreprises. Mais elles ne remplaceront jamais une politique industrielle cohérente et la volonté de faire respecter les règles du jeu économique. Pour l’instant, cette volonté reste à démontrer….
Source: Corbeau News Centrafrique
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