Africa-Press – CentrAfricaine. Nous savons tous que la maladie d’Alzheimer est liée à l’âge, puisqu’elle apparaît le plus souvent après les 65 ans. Il est donc probable que le vieillissement du corps soit un facteur déterminant pour le déclenchement de cette pathologie. Cependant, le lien entre l’âge biologique et cette maladie est difficile à déceler, puisqu’il n’y a pas encore une seule méthode consensuelle pour estimer l’âge du corps. Des chercheurs des universités américaines de Cornell et Duke, en collaboration avec le Centre Helmholtz à Munich, ont découvert une façon plus simple que l’âge biologique d’estimer le risque de développer la maladie d’Alzheimer, l’âge bioénergétique. Selon leur étude, publiée le 24 février 2025 dans Nature Communications, la capacité de nos cellules à produire de l’énergie est un indicateur plus fiable et plus facile à mesurer, ce qui pourrait faciliter la détection précoce des personnes les plus à risque.
Mesurer indirectement la capacité énergétique du corps
Les auteurs se sont intéressés à cet âge biologique en faisant le constat que l’une des premières manifestations de la maladie d’Alzheimer est une déficience métabolique dans les cellules cérébrales. En effet, ces cellules perdent progressivement leur capacité à utiliser le glucose pour produire de l’énergie, et cela est observable des années avant les premiers symptômes de la maladie. Et des pathologies métaboliques, telles que le diabète de type 2, augmentent le risque de développer ce type de démence. Les chercheurs ont donc déduit que la capacité métabolique des cellules cérébrales d’un individu pourrait déterminer sa résilience vis-à-vis de cette maladie.
Pour mesurer cette capacité à produire de l’énergie cellulaire, les auteurs ont utilisé la carnitine, un transporteur qui permet l’entrée des acides gras dans les mitochondries, alimentant ainsi ces usines énergétiques de la cellule. Cette molécule est facile à mesurer dans le sang, et sa quantité dépend de l’état métabolique de l’individu. Ainsi, il est connu qu’une baisse de carnitine peut être indicative d’une baisse de la capacité énergétique des mitochondries.
La carnitine serait un bon marqueur pour détecter un début de maladie
Pour déterminer s’il existe un lien entre cette capacité énergétique et l’avancée de la maladie d’Alzheimer, les chercheurs ont comparé le niveau de carnitine dans le sang chez 1531 patients atteints de la maladie et l’état de leur cerveau (analysé par imagerie cérébrale). Comme prévu, les patients les moins atteints avaient des niveaux plus élevés de carnitine (indépendamment de leur âge chronologique), ce qui montre une relation directe entre la quantité de cette molécule et l’avancée de la maladie dans le cerveau.
Cette approche a ensuite été testée chez une cohorte de personnes en bonne santé, sans la maladie d’Alzheimer. Chez eux, le niveau de carnitine était étroitement lié à l’âge chronologique des individus. Ce marqueur permettrait donc d’estimer si l’âge bioénergétique de quelqu’un correspond à son âge chronologique. S’il y a un décalage, cela pourrait indiquer une déficience et peut-être un début de maladie. Ainsi, le simple niveau de carnitine dans le sang permettrait d’estimer l’état neurologique du patient, ce qui faciliterait la détection précoce des malades et le suivi de leur maladie.
Mieux: le niveau de carnitine permettrait de prédire la progression de la maladie, puisque l’étude montre que l’état de santé des patients dont l’âge bioénergétique était plus faible déclinait plus lentement que chez ceux avec un âge bioénergétique plus avancé, indépendamment de leur âge réel.
L’âge bioénergétique serait un indicateur de la résilience cellulaire
Pour expliquer leurs résultats, les auteurs proposent cette hypothèse: la capacité énergétique de nos cellules baisse progressivement à cause du vieillissement. Mais cette chute s’accélère s’il y a un début de maladie d’Alzheimer, car cette maladie affecte l’utilisation du glucose pour produire de l’énergie dans le cerveau. Puisque ces cellules perdent cette source énergétique, elles doivent se reposer davantage sur les acides gras, dont le transport vers les mitochondries dépend des carnitines. Donc, plus le niveau de carnitine est élevé, plus la personne sera résiliente, car les cellules réussiront à compenser la perte de production d’énergie issue du glucose en brûlant davantage d’acides gras. En revanche, si le niveau de carnitine est bas, les cellules ne pourront pas compenser, et les symptômes de la maladie progresseront plus rapidement.
La carnitine serait ainsi un marqueur de résilience bioénergétique facile à mesurer, et donc une bonne piste pour détecter les personnes les plus à risque de développer la maladie d’Alzheimer.
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