Animaux Marins Épanouis Sous Déchets Toxiques

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Animaux Marins Épanouis Sous Déchets Toxiques
Animaux Marins Épanouis Sous Déchets Toxiques

Africa-Press – CentrAfricaine. Plusieurs dizaines de millions de tonnes de déchets dangereux reposent au fond des océans. En effet, avant que ne soit adopté, en 1972 à Londres, la convention sur la prévention de la pollution des mers résultants de l’immersion des déchets, il était d’usage de se débarrasser des détritus toxiques en les balançant tout bonnement à la mer… Il aura fallu plusieurs incidents graves tels que l’affaire des « boues rouges », une pollution industrielle dans le golfe de Gênes provoquée par le rejet hebdomadaire de plusieurs milliers de tonnes de déchets provenant d’une usine de production de dioxyde de titane et de vanadium, pour que des traités internationaux soient enfin mis en place.

Mais, lors des décennies précédentes, les zones côtières de nombreux pays ont été contaminées par le rejet inconséquent de munitions non utilisées. Ainsi, rien que dans les eaux allemandes, on en dénombre pas moins de 1,6 million de tonnes, la plupart suite à la démilitarisation du pays après la Seconde Guerre mondiale.

Un cimetière marin de V1

Plusieurs zones sont concernées et Andrey Vedenin, du département de la recherche marine (Wilhelmshaven, Allemagne) et ses collègues ont choisi d’investiguer un site de décharge situé dans la baie de Lübeck, une baie maritime de la mer Baltique au nord de l’Allemagne. Ils publient leurs résultats dans l’hebdomadaire Nature. A l’aide d’un ROV, un véhicule sous-marin contrôlé à distance, les chercheurs ont ainsi filmé les munitions et les sédiments alentour tout en menant des analyses d’échantillons marins dans la zone contaminée. Toutes les ogives rejetées à la mer proviennent des premiers missiles de croisière, les V1, des bombes volantes mises au point par les ingénieurs nazis, et lancées de 1944 à 1945 principalement sur le Royaume-Uni.

Un bien pour un mal

Comme attendu, la toxicité s’avère y atteindre des taux potentiellement fatals pour tout organisme vivant. Toutefois, les chercheurs ont été surpris de constater à quel point la vie sait être résiliente. En effet, la nocivité des eaux de la baie n’a pas empêché une faune locale de largement s’épanouir sur les carcasses de métal reposant au fond des eaux. C’est principalement sur les caisses de transport des ogives et non sur les matériaux explosifs en soi que diverses espèces animales ont prospéré. En moyenne, 43000 espèces y vivent au mètre carré, soit cinq fois plus que sur les sédiments alentour !

Quelques exemples d’espèces animales identifiées à partir des vidéos prises par le ROV: A. Campanulariidae, un hydrozoaire, B. Metridium dianthus, une anémone de mer, C. Polydora ciliata, un ver annélide, D. Carcinus maenas, le crabe vert, E. Asterias rubens, une étoile de mer, F. Gadus morrhua, la morue de l’Atlantique, G. Gobius niger, le gobi noir, H. Platichthys flesus, le flet commun. Crédits: Communications Earth & Environment

Pour expliquer cet étonnant et contre-intuitif résultat, les auteurs de l’étude suggèrent que les nombreuses surfaces solides procurées par ces déchets et sur lesquels les organismes se sont installés et multipliés l’ont emporté sur l’extrême toxicité de la zone. Ceci étant, dans les endroits où les explosifs sont à nu et répandent toujours leur poison, personne n’y vit.

Un bien pour un mal, pourrait-on en conclure même si les chercheurs préconisent de remplacer ces habitats toxiques par des surfaces artificielles pour le bénéfice de l’écosystème local…

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