Astéroïde de 50 mètres de large qui pourrait percuter la Terre en 2046 : pourquoi le risque de collision évolue rapidement

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Astéroïde de 50 mètres de large qui pourrait percuter la Terre en 2046 : pourquoi le risque de collision évolue rapidement
Astéroïde de 50 mètres de large qui pourrait percuter la Terre en 2046 : pourquoi le risque de collision évolue rapidement

Africa-Press – CentrAfricaine. Astéroïde de 50 mètres de large qui pourrait percuter la Terre en 2046 : pourquoi le risque de collision évolue rapidement

Le 14 février 2046, une ribambelle de télescopes seront probablement braqués vers l’astéroïde “2023 DW”, objet rocheux d’environ 50 mètres de longueur, soit la taille d’une piscine olympique. Il se trouve en ce moment à 22,3 millions de kilomètres de la Terre, bouclant en 271 jours une orbite complète autour du Soleil. Mais dans une vingtaine d’années, sa course le conduira tout près de notre planète, à moins de 2 millions de kilomètres manifestement. Et selon les estimations actuelles des astronomes, il existe une probabilité très faible mais non nulle que le caillou spatial s’écrase en réalité ici-bas – scénario qui a bénéficié d’une large couverture médiatique depuis que la Nasa a annoncé le 7 mars 2023, sur son compte Twitter, qu’elle surveillait “un nouvel astéroïde ayant une très faible probabilité d’impacter la Terre en 2046”.

Potentiel destructeur

Dès le 28 février, soit deux jours après la découverte de 2023 DW par les astronomes français Georges Attard et Alain Maury depuis le désert d’Atacama au Chili, l’Agence spatiale européenne (ESA) l’avait placé au premier rang dans sa liste de géocroiseurs à risque, avec une probabilité de collision estimée alors à 1/847. Et dans la foulée, l’objet avait été classé au niveau 1 dans l’échelle dite “de Turin”, qui sert à caractériser à la fois les risques et le potentiel destructeur d’une collision (selon des valeurs allant de 0 à 10). Il est d’ailleurs le seul, à ce jour, à figurer dans cette classification. Comment interpréter ces chiffres et le niveau de menace pour notre planète ? De quelle manière le risque est-il calculé, a-t-il évolué ces dernières semaines ?

Les dés sont déjà joués

En consultant l’historique des estimations sur le site de l’ESA, on constate que la probabilité d’impact a été modifiée une bonne dizaine de fois dans ce laps de temps, passant notamment de 1/847 fin février à 1/543 le 4 mars, 1/625 le 6 mars, 1/432 le 12 mars (la plus forte probabilité estimée à ce jour par l’ESA) avant de redescendre le 14 mars à 1/1953. Cette valse de probabilités ne résulte aucunement d’une sorte de roulette cosmique. Car les équations servant à effectuer ces calculs sont toujours les mêmes, et si l’on peut dire, les dés sont déjà joués. “Nous n’avons tout simplement pas encore assez de données d’observation pour prolonger l’arc de la trajectoire de façon précise”, explique Patrick Michel, directeur de recherche au CNRS et à l’Observatoire de la Côte d’Azur, spécialiste des astéroïdes.

Une ellipse englobant notre planète

Dans les premiers temps qui suivent la découverte d’un géocroiseur, “les trajectoires sont toujours très mal définies”, précise l’astrophysicien. Grâce aux informations collectées par les grands télescopes institutionnels mais aussi par les astronomes amateurs, des dizaines de milliers de trajectoires sont en effet calculées à partir de plusieurs positions initiales possibles de l’astéroïde, compte tenu des incertitudes sur la position exacte. Ces trajectoires forment alors une sorte d’ellipse, conduisant une probabilité d’impact non nulle lorsque celle-ci englobe notre planète. “Mais les barres d’erreur inhérentes aux observations sont au départ très grandes, poursuit Patrick Michel. Elles s’abaissent au fur et à mesure des informations collectées, ce qui permet de réduire progressivement les dimensions de l’ellipse, de sortir la Terre de celle-ci et d’écarter généralement tout danger.”

1000 bombes d’Hiroshima

Alors qu’une centaine d’observations de 2023 DW ont été effectuées à ce jour, les données à venir permettront donc bientôt de trancher. D’ici quelques semaines, peut-être même demain. “Et une fois que le risque est annulé par les calculs, c’est définitif”, affirme le chercheur. Même s’il n’y a pour le moment aucune raison de s’inquiéter outre mesure, ce type de collisions arrivera cependant bel et bien un jour et s’est déjà produit par le passé. En 1908, un astéroïde la taille de 2023 DW s’était désintégré ainsi au-dessus de la Toungouska en Sibérie centrale, dans une zone fort heureusement inhabitée. Comme nous le rappelions dans un article publié en février 2022, l’explosion libéra une énergie équivalente à 1000 bombes d’Hiroshima, balayant 2200 kilomètres carrés de forêt et produisant des ondes sismiques jusqu’au Royaume-Uni.

Vue d’artiste (en haut) de l’explosion qui a eu lieu le 30 juin 1908 sur le site de la Toungouska, en Sibérie centrale, et dont les traces (photographie en bas) sont encore visibles aujourd’hui, notamment sur la zone de l’épicentre où la forêt n’a pas repoussé. Crédits : CLAUS LUNAU/ SPL/ SUCRÉ SALÉ

Un corridor allant du Sri Lanka à l’est des Etats-Unis

2023 DW susciterait ainsi une situation d’urgence, une catastrophe, s’il s’écrasait dans une région peuplée et pourrait même rayer de la carte une métropole comme Lyon ou Paris. Pour l’heure, les astronomes estiment qu’en cas de collision (dont le risque est extrêmement faible, rappelons-le), celle-ci se produirait le long d’un corridor allant du Sri Lanka à l’est des Etats-Unis et dont très probablement au beau milieu de l’Océan Pacifique.

Simulations du corridor le long duquel 2023 DW pourrait s’écraser en 2046, réalisées par l’astronome amateur américain Steven Tilley.

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