Évariste Ngamana, rembourse les 350 000 francs de ton escroquerie à Bohong avant de construire tes étages à Bangui

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Évariste Ngamana, rembourse les 350 000 francs de ton escroquerie à Bohong avant de construire tes étages à Bangui
Évariste Ngamana, rembourse les 350 000 francs de ton escroquerie à Bohong avant de construire tes étages à Bangui

Africa-Press – CentrAfricaine. Évariste Ngamana, premier vice-président de l’Assemblée nationale, affiche sa réussite avec des duplex luxueux construites dans la capitale. Mais à Bohong, près de Bocaranga, un commerçant qu’il a floué en 2005 réclame encore ses 350 000 francs. La justice commence-t-elle par un remboursement ?

En effet, l’ex-chef de la milice Anti-Balaka de Carnot, Évariste Ngamana, actuel premier vice-président de l’Assemblée nationale, incarne une figure controversée dont le parcours pose bien des questions. Derrière les apparences d’un homme politique influent, réélu pour la quatrième fois à ce poste clé par acclamation en mars 2025, se cachent des histoires sombres, des accusations graves et un passif qui refuse de s’effacer. À Bohong, un village situé à mi-chemin entre Bouar et Bocaranga, dans la préfecture de l’Ouham-Pendé, une affaire vieille de vingt ans continue de hanter sa réputation.

Retour en 2005. À l’époque, Évariste Ngamana est vicaire à la paroisse catholique Sainte Jeanne Antide de Bohong, un lieu reculé à environ 75 kilomètres de Bocaranga. Il était à côté de l’Abbé Ange qui dirigeait la paroisse. Mais à cette époque, un commerçant local, approché par Évariste Ngamana, raconte avoir été dupé dans une histoire qui sent l’abus de confiance. Le prêtre lui avait promis monts et merveilles: une part conséquente des vivres attendus du Programme alimentaire mondial (PAM), qui devait bientôt arriver par camion pour soulager une population en difficulté. Évariste Ngamana avait assuré à ce monsieur que ces denrées seraient confiées à l’église, qui se chargerait de leur distribution, et que la moitié reviendrait au commerçant pour ses affaires. Séduit par cette promesse, l’homme débourse 350 000 francs CFA à Évariste Ngamana, une somme importante à cette époque, surtout dans une région aussi isolée du nord-ouest du pays.

Mais les vivres arrivent, sont distribués par le PAM, et repartent sans que le commerçant ne voie la couleur de sa part. Pas un sac de riz, pas une boîte de conserve. Confronté, Évariste Ngamana multiplie les excuses, promet encore, mais ne tient jamais parole. Peu après, il quitte la paroisse, muté ailleurs, avant d’être finalement écarté de l’Église catholique pour de raisons de sorcellerie. De prêtre, il redevient simple fidèle, puis s’éloigne vers son village, Carnot, puis Bangui, laissant derrière lui un homme floué et une plainte sans suite. Vingt ans plus tard, ce commerçant, toujours vivant, n’a jamais récupéré son argent. Pendant ce temps, Évariste Ngamana, lui, affiche aujourd’hui une fortune qui contraste cruellement avec cette dette non réglée: des duplex flambant neufs à Bangui, des milliards dépensés, disent certainsD’ailleurs, il vient de faire venir des ingénieurs équato-guinéens pour la construction de son nouvel étage ici à Bangui, mais cette question continue de brûler les lèvres: où est passé l’argent du commerçant de Bohong ? Cela fait 20 ans déjà, et rien n’a été réglé jusqu’à ce jour.

Ce n’est pas l’unique zone d’ombre dans le parcours de cet homme. Avant de gravir les échelons jusqu’à l’Assemblée nationale, Évariste Ngamana avait tenté une intégration dans la fonction publique, en s’appuyant sur une maîtrise en droit privé. Problème: ce diplôme, déposé pour vérification à l’Université de Bangui, s’est révélé être un faux. Et le hasard fait mal les choses: à l’époque, le secrétaire général de l’université n’était autre que Simplice Mathieu Sarandji, aujourd’hui président de l’Assemblée nationale et patron direct de Ngamana. C’est Sarandji lui-même qui aurait démasqué la supercherie, bloquant net les ambitions de son futur rival. Humilié, Ngamana aurait tenté de se rattraper en s’inscrivant à nouveau à l’université, tout en occupant un poste au ministère des Relations avec le Parlement. Mais le mal était fait, et le dossier, bien que discret pendant des années, refait surface aujourd’hui alors qu’il brigue toujours plus de pouvoir.

Car Évariste Ngamana ne s’est pas arrêté là. Devenu député de Carnot en 2021, puis premier vice-président de l’Assemblée nationale, il s’est imposé comme un homme clé du régime de Faustin-Archange Touadéra. Pourtant, son ascension fulgurante ne convainc pas tout le monde. Des voix s’élèvent pour dénoncer un personnage prêt à tout: un ancien prêtre accusé d’avoir trahi la confiance d’un fidèle, un fonctionnaire raté pris la main dans le sac avec un faux diplôme, et désormais un politique qui jongle avec des alliances troubles, notamment avec les Russes et les Rwandais. En 2022, il a même été mêlé à une affaire de convention minière douteuse avec une société au capital dérisoire.

À Bohong, sur la route qui mène à Bocaranga, longue d’environ 75 kilomètres, reste unpaved, poussiéreuse, comme un symbole de ces promesses jamais tenues. Le commerçant de 2005 attend toujours justice. Pendant ce temps, Ngamana, fort de son titre et de ses appuis, parade en homme respectable dans la capitale. Mais pour combien de temps encore ? Dans un pays où la mémoire est tenace, les dettes du passé pourraient bien rattraper ce « jeune loup » du pouvoir, comme certains le surnomment….

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