Kaga-Bandoro: Vol de Bétail Protégé par Comité

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Kaga-Bandoro: Vol de Bétail Protégé par Comité
Kaga-Bandoro: Vol de Bétail Protégé par Comité

Africa-Press – CentrAfricaine.
À Kaga-Bandoro, des éleveurs ont coincé trois jeunes voleurs sur le marché à bétail, mais le comité de gestion du marché refuse toujours leur remise aux forces de l’ordre pour déclencher la procédure d’enquête.

Depuis la semaine dernière, le marché à bétail de Kaga-Bandoro vit une situation particulièrement embarrassante. Trois jeunes peuls, âgés d’environ 19 à 22 ans, ont été pris la main dans le sac par leurs propres victimes, mais échappent encore à la justice grâce à un système de protection bien organisé dans le marché.

L’histoire commence lorsque ces trois jeunes se sont rendus dans un campement d’éleveurs peuls pour commettre leurs forfaits. Leur plan était simple: voler le maximum d’animaux possible. Ils ont d’abord réussi à s’emparer d’un premier bœuf qu’ils ont emmené sans difficulté. Encouragés par ce succès, ils sont revenus quelques jours plus tard pour prendre un deuxième bœuf.

Mais ce second animal leur a donné du fil à retordre. Particulièrement fort et têtu, ce bœuf a catégoriquement refusé de se séparer de ses congénères. Il tirait, résistait, voulait absolument rester avec le reste du troupeau. Malgré tous leurs efforts, les voleurs n’ont pas réussi à le déplacer. Face à cette résistance inattendue, ils ont abandonné l’idée de voler ce bœuf récalcitrant.

Ne voulant pas repartir les mains vides, ils se sont alors tournés vers les moutons. Ils ont sélectionné cinq bêtes: une brebis pleine sur le point de mettre bas, une autre femelle accompagnée de ses petits agneaux, et deux autres moutons adultes. Au total, ils repartaient donc avec un bœuf, volé quelques jours plutôt, et cinq moutons.

Face à ce vol, les éleveurs propriétaires ne se sont pas laissés faire. Connaissant parfaitement leurs animaux qu’ils marquent avec des signes distinctifs gravés ou coupés sur les oreilles, ils ont décidé de mener leur propre investigation. Ils savaient que les voleurs écouleraient forcément leur butin sur le marché à bétail de Kaga-Bandoro, le seul endroit de la ville où l’on peut vendre des animaux.

Discrètement, les éleveurs se sont rendus sur le marché et ont commencé à examiner les animaux en vente. Et là, surprise ! Ils ont reconnu leurs propres bêtes grâce aux marques qu’ils avaient faites. Trois de leurs cinq moutons volés étaient là, exposés à la vente comme si de rien n’était.

Cette découverte a permis aux éleveurs de passer à l’action. Ils ont directement confronté le vendeur qui proposait leurs moutons. Pris au piège, ce dernier n’a eu d’autre choix que de révéler indirectement l’identité de ses complices. C’est ainsi que les trois jeunes voleurs ont été démasqués et interpellés par leurs propres victimes, en plein marché.

Les éleveurs ont immédiatement récupéré leurs trois moutons, mais il en manquait encore deux. Quand ils ont exigé la restitution des animaux manquants, les jeunes voleurs ont commencé à mentir pathétiquement. Ils ont prétendu que ce ne sont pas eux les vrais coupables, mais plutôt de “jeunes Gbaya” (jeunes chrétiens de l’ethnie Gbaya) qui ont braqué les éleveurs peuls dans leur campement. Selon leur version mensongère, Ils ont affirmé avoir simplement acheté ces moutons aux jeunes Gbaya qui seraient les véritables braqueurs.

Les victimes ont répondu: “Très bien, si vous les avez achetés aux jeunes Gbaya qui nous ont volés, montrez-nous ces vendeurs pour que nous récupérions nos deux moutons restants”. Mais les voleurs sont devenus évasifs, incapables de désigner la maison ou l’identité de ces supposés jeunes Gbaya. Il était clair qu’ils mentaient pour rejeter la faute sur une autre communauté.

C’est à ce moment précis que l’affaire a pris une tournure inattendue avec l’intervention du comité d’organisation du marché à bétail. Ce comité, composé de membres influents du marché, connaît bien ces trois jeunes qui sont des habitués des lieux avec leurs familles.

Quand les victimes ont annoncé leur intention d’amener les voleurs à la gendarmerie pour récupérer leurs deux moutons manquants, le comité s’y est fermement opposé. Leur argument: “Si on les amène à la gendarmerie, ils vont immédiatement les emprisonner. Il ne faut pas les livrer aux forces de l’ordre.”

Cette protection active du comité a créé une situation de blocage total. Les éleveurs victimes se retrouvent dans l’impossibilité de faire valoir leurs droits, tandis que les trois voleurs continuent de circuler librement sur le marché et dans la ville.

L’enquête informelle montre clairement par ailleurs que ces trois jeunes ne sont pas des voleurs occasionnels mais de véritables professionnels du braquage protégés par des personnes influentes de la communauté Peule. Ils sont spécialisés dans un trafic de bétail bien organisé. Leur méthode : voler des animaux dans les campements et quartiers de Kaga-Bandoro, puis les charger dans des camions à destination de Bangui où ils les revendent à prix chers.

Les habitants des différents quartiers de la ville confirment la disparition fréquente de leurs animaux domestiques: moutons, chèvres, volailles. Maintenant qu’ils connaissent l’identité des coupables, beaucoup de pièces du puzzle se mettent en place.

Le plus bouleversant dans cette affaire est que les autorités compétentes: gendarmerie, police, tribunal, ne sont pas informées de ce vol. Ce n’est pas par négligence de leur part, mais parce que le comité du marché à bétail refuse catégoriquement d’alerter les forces de l’ordre. C’est au niveau de ce comité que l’affaire se bloque complètement. Même les représentants de l’ANDE (Agence Nationale de Développement de l’Élevage) présents sur le marché préfèrent fermer les yeux pour ne pas créer de tensions avec les autres membres du comité.

Aujourd’hui, les trois voleurs se promènent en toute liberté dans Kaga-Bandoro. Ils marchent, courent et s’amusent comme si rien ne s’était passé, alors qu’ils sont des braqueurs professionnels. Ils continuent leurs activités illicites, protégés par un système qui privilégie les solidarités communautaires au détriment de la justice.

Source: Corbeau News Centrafrique

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