Africa-Press – CentrAfricaine. Mars possède deux visages. Les deux tiers de l’hémisphère nord sont couverts de plaines lisses, peu cratérisées, où divers engins robotisés comme le rover Perseverance ont pu se poser en raison de difficultés moindres. Le reste de planète arbore en effet des reliefs très accidentés culminant à des altitudes plus hautes de 5 à 6 kilomètres !
La croûte de l’hémisphère sud est par ailleurs plus épaisse mais aussi plus vielle, comme l’attestent des cratères plus nombreux (plus une surface planétaire est cratérisée, plus elle est ancienne) et les traces d’une magnétisation qui existait lorsque notre voisine possédait encore, à l’instar de la Terre, un champ magnétique global.
Deux grandes théories
Découverte dans les années 1970 par les sondes américaines Viking, cette disparité unique dans le Système solaire – appelée « dichotomie martienne » – est restée depuis lors une énigme. Un sujet de débat suscitant de nombreuses publications scientifiques depuis des dizaines d’années. Deux grandes théories ont été proposées. La première fait appel à un phénomène exogène, venu de l’espace: l’asymétrie entre les deux hémisphères résulterait de la collision catastrophique avec un astéroïde de la taille de la Lune qui aurait complètement remodelé la surface de Mars.
La seconde hypothèse privilégie plutôt une cause endogène issue des entrailles de la planète: des différences dans les transferts de chaleur interne auraient fait remonter les roches plus chaudes au niveau de l’hémisphère sud, qui plongeraient plutôt dans les profondeurs de Mars au niveau de l’hémisphère nord. Une sorte de tectonique des plaques, en somme, qui aurait sculpté les paysages martiens !
Des roches moins visqueuses et plus chaudes
Les travaux d’une équipe de géologues chinois et australiens, publiés dans la revue Geophysical Research Letters, accréditent le deuxième scénario. En analysant les ondes sismiques, en particulier leur atténuation, détectées en 2022 sur Mars par la mission InSight (qui a atterri dans l’hémisphère nord à proximité des hautes terres), ils ont découvert que les roches du manteau sous l’hémisphère sud étaient moins visqueuses et plus chaudes (1000°C contre 800°C environ) que celles du nord.
L’analyse des ondes sismiques détectées par Insight, notamment leur atténuation, suggère d’importants mouvements de convection sous les hautes terres de l’hémisphère sud. Crédits: W. Sun et al. Geophysical Research Letters
Ces différences trahiraient des « mouvements de convection beaucoup plus vigoureux sous les hautes terres du sud », écrivent les chercheurs. Ce qui suggère, selon eux, que des processus tectoniques auraient façonné par le passé les paysages martiens, avant de s’interrompre et figer ces derniers dans l’asymétrie actuelle. D’autres données sismiques seront certes nécessaires pour conclure de manière définitive. Mais la convection du manteau semble avoir joué « un rôle déterminant dans la formation de la dichotomie crustale de Mars », affirment les géologues.
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