Microplastiques et Mendicité Institutionnalisée

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Microplastiques et Mendicité Institutionnalisée
Microplastiques et Mendicité Institutionnalisée

Africa-Press – CentrAfricaine.
Dans les artères de nos corps circulent désormais des particules de plastique. Pendant que la science tire la sonnette d’alarme, Bangui transforme cette tragédie sanitaire en jackpot diplomatique.

Les laboratoires du monde entier convergent vers une vérité glaçante: nous ingérons l’équivalent d’une carte bancaire en plastique chaque semaine. Ces microplastiques – fragments inférieurs à 5 millimètres – ont colonisé notre chaîne alimentaire avec une efficacité redoutable. Ils naviguent dans notre sang, s’installent dans nos poumons, franchissent la barrière placentaire pour atteindre les fœtus.

Même le Dr Sarah Konaté, toxicologue à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, ne mâche pas ses mots: “Ces particules véhiculent des perturbateurs endocriniens – phtalates, bisphénol A – qui dérèglent nos systèmes hormonaux. Les conséquences? Cancers, infertilité, troubles neurologiques chez l’enfant”.

En Centrafrique, où la gestion des déchets relève du miracle quotidien, cette contamination prend des proportions dramatiques. Les cours d’eau charrient des monticules de sachets plastiques, les marchés en regorgent, les familles les utilisent faute d’alternative. Le pays produit annuellement plus de 50 000 tonnes de déchets plastiques, dont moins d’un % sont recyclés.

Devant ce constat alarmant, que fait le gouvernement centrafricain? Il ouvre grand son carnet de doléances et part en tournée chez les bailleurs de fonds. Le scénario est connu: “Nous sommes un pays pauvre, fragile, les microplastiques menacent notre population vulnérable. Aidez-nous à sauver l’environnement !”.

Cette rhétorique de la détresse écologique fait mouche auprès des chancelleries occidentales, sensibilisées aux enjeux climatiques. Les millions pleuvent: Union européenne, coopération française, organismes onusiens… Tous débloquent des enveloppes conséquentes pour “l’urgence environnementale centrafricaine”.

Mais où disparaît cet argent? Dans les circuits d’une administration opacity, entre études fantômes et missions d’expertise qui n’accouchent d’aucune solution concrète. La Centrafrique a érigé la mendicité internationale en art de gouverner, transformant chaque crise en opportunité financière.

Adoptée en 2020, l’interdiction des sachets plastiques devait marquer l’entrée du pays dans l’ère écologique. Cinq années plus tard, cette loi ressemble à un tigre de papier. Dans les marchés de Bangui: du Kilomètre 5 au grand marché central, les sachets plastiques s’étalent sans complexe.

Interrogé sur cette situation, le ministre de l’Environnement Thierry Kamach botte en touche: “Nous travaillons sur les décrets d’application. Il faut du temps pour changer les mentalités”. Du temps, certes, mais surtout de la volonté politique qui fait cruellement défaut.

Car comment interdire sans proposer d’alternative? Dans un pays où les routes non bitumées génèrent une poussière omniprésente, où l’eau potable reste un luxe, les sachets plastiques constituent l’unique rempart contre la contamination des aliments. Les vendeuses du marché central ne s’y trompent pas: “On nous dit d’arrêter les sachets, mais on nous donne quoi à la place? Du vent?”

Pendant que les autorités défilent dans les forums internationaux en brandissant leur engagement écologique, la population centrafricaine paie le prix fort de cette imposture. Les microplastiques continuent leur œuvre destructrice, s’accumulant dans les organismes, perturbant les équilibres biologiques.

Le paradoxe centrafricain révèle les limites d’une gouvernance qui privilégie l’effet d’annonce sur l’action concrète. Imiter les législations occidentales sans s’adapter aux réalités locales conduit à l’impasse actuelle: des lois inapplicables qui servent d’alibi pour attirer les financements.

Cette stratégie du misérabilisme environnemental témoigne d’une conception déviante de la souveraineté. Au lieu d’assumer ses responsabilités devant sa population, l’État centrafricain préfère endosser l’habit du mendiant pour apitoyer la communauté internationale.

Les partenaires au développement, aveuglés par leurs propres agendas écologiques, alimentent ce système pervers en débloquant des fonds sans exiger de résultats tangibles. Cette complicité objective entretient un cycle de dépendance qui hypothèque l’avenir sanitaire du pays….

Source: Corbeau News Centrafrique

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