Salimata Koné
Africa-Press – CentrAfricaine. Le laboratoire sud-africain Aspen Pharmacare se dit prêt à fabriquer des vaccins contre la variole du singe. La survenue de cette épidémie, dont l’épicentre se situe en RDC, prouve une fois de plus qu’il est temps que le continent se dote d’une industrie pharmaceutique forte.
Avec plus de 22 000 cas recensés en Afrique, le Mpox est l’épidémie qui inquiète le plus le continent. Pendant que l’Afrique attend que des doses gratuites de vaccin lui soient livrées, Stephen Saad, le directeur général du laboratoire sud-africain Aspen Pharmacare, a annoncé, le 3 septembre, que des discussions étaient en cours pour que des vaccins contre le Mpox soient fabriqués dans ses usines. « Nous en avons la capacité et les compétences », a-t-il expliqué à nos confrères de Reuters.
Le laboratoire pose toutefois ses conditions: que responsables politiques et autorités sanitaires s’engagent sur les volumes à produire. « On ne peut pas nous dire que nous allons obtenir un milliard de commandes et, ensuite, plus rien », a averti Stephen Saad.
Dix millions de doses de vaccin
D’après son dernier rapport d’activité, qui porte sur le deuxième trimestre de 2024, le chiffre d’affaires du groupe a atteint 44,7 milliards de rands (environ 2,26 milliards d’euros) contre 40,7 milliards de rands à la même période, en 2023. Coté à la Bourse de Johannesburg, Aspen Pharmacare dispose de 23 sites de production, répartis dans 11 pays, parmi lesquels l’Afrique du Sud et le Ghana.
En prenant ainsi les devants, Aspen lorgne un carnet de commandes qui pourrait s’élever, pour le seul continent, à 10 millions de doses, estime le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC).
Quatre ans après la fin de l’épidémie de Covid-19, Jean Kaseya, le directeur d’Africa CDC, qui dirige la riposte sanitaire de l’Union africaine (UA), s’alarme de l’incapacité de l’Afrique à affronter un nouveau virus. « Notre continent n’est pas prêt à [lutter contre] une nouvelle pandémie, prévient-il. Pendant la crise du Covid-19, nous n’avions pas de vaccins et nous avons été abandonnés. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation similaire: nous attendons que les vaccins [nous parviennent] parce que nous ne les fabriquons pas. »
Moderna se désengage
Régulièrement inscrite à l’ordre du jour des rencontres internationales, la question de l’installation d’un site pharmaceutique de classe mondiale sur le continent n’a jamais été tranchée. En juin dernier, la France, l’Alliance du vaccin Gavi et l’UA ont lancé le Forum pour la souveraineté et l’innovation vaccinales. Devant un parterre de scientifiques et une poignée de chefs d’État et de gouvernements, les trois partenaires ont plaidé pour que les initiatives qui s’adressent à l’Afrique soient davantage soutenues.
Pendant la pandémie de Covid-19, plusieurs laboratoires pharmaceutiques avaient annoncé leur intention d’installer des unités de production en Afrique. Avec l’accord du gouvernement kényan, le groupe américain Moderna devait ainsi construire une usine de vaccins de type ARN messager. Ce projet d’un montant de 200 millions de dollars a été suspendu en avril 2024.
« En Afrique, la demande de vaccins contre le Covid-19 a diminué, et elle ne suffira pas à assurer la viabilité de l’usine que nous prévoyions de construire au Kenya », a ainsi indiqué Moderna dans un communiqué.
Source: JeuneAfrique
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