Africa-Press – CentrAfricaine. Durant des décennies, les archéologues ont sondé le fond du lac Michigan pour retrouver sa trace, en vain. Voilà chose faite: lundi 21 septembre, la Wisconsin Historical Society et la Wisconsin Underwater Archeology Association ont annoncé que l’épave du F. J. King, un navire disparu lors d’une violente tempête il y a près de 140 ans au large des côtes du Wisconsin, avait enfin été retrouvé.
Si la nouvelle arrive jusqu’à nous, c’est que cette goélette à trois mâts de 44 mètres, qui a sombré le 15 septembre 1886 alors qu’elle transportait du minerai de fer d’Escanaba, dans le Michigan, à Chicago, était un véritable serpent de mer (ici, d’eau douce). Ses vestiges s’étaient révélés si insaisissables que les spécialistes avaient commencé à l’appeler le « bateau fantôme ». « Certains d’entre nous ont dû se pincer pour y croire », a déclaré à l’Associated Press Brendon Baillod, archéologue en charge de l’équipe de fouilles. « Après toutes les recherches qui ont été menées dans le passé, nous n’arrivions pas à croire que nous l’avions réellement trouvé. » C’est d’ailleurs fortuitement, dans le cadre d’une opération destinée à tester et à se familiariser avec des véhicules télécommandés de sondage, que la découverte a été faite le 28 juin 2025.
Témoignages divergents
Le capitaine du navire, William Griffin, avait écrit que son navire avait coulé à cinq miles, soit environ 8 kilomètres, de la côte. Mais un gardien de phare local, lui, avait déclaré avoir vu les mâts d’une goélette beaucoup plus près de la terre ferme. Cette divergence dans les témoignages a fortement contribué à faire échouer les précédentes tentatives d’identification du site de l’épave, qui se trouvait en effet près du rivage de Bailey’s Harbor, une ville d’environ 280 habitants située sur la péninsule de Door, dans le Wisconsin (une langue de terre qui s’avance dans le lac Michigan). Il est ainsi probable que le capitaine, dans l’obscurité, ait mal estimé la distance de la côte.
Après que de fortes vagues ont rompu ses coutures, et malgré plusieurs heures de pompage, Griffin a ordonné à ses hommes de monter dans le canot du navire. La goélette a finalement coulé vers 2 heures du matin et une autre goélette de passage a pu récupérer l’équipage et le ramener sain et sauf à Bailey’s Harbor.
Les Grands Lacs, une repaire d’épaves
Selon Brendon Baillod, la coque du navire semblait être en assez bon état après 139 ans passés sous l’eau, ce qui a surpris les enquêteurs qui s’attendaient à la trouver en morceaux en raison du poids de la cargaison de minerai de fer.
Les Grands Lacs abritent entre 6000 et 10.000 épaves, dont la plupart restent à découvrir, selon la Wisconsin Water Library de l’université du Wisconsin-Madison. Depuis quelques années, les « chasseurs d’épaves » (qui ne sont pas toujours des archéologues mais souvent des passionnés, membres de sociétés privées) ont d’ailleurs intensifié leurs recherches dans ces eaux douces qui abritent une autre menace pour les vestiges: les moules quagga, qui les dévorent lentement et font partie de ces espèces exotiques qui ont déjà colonisé de nombreux lacs à travers le monde, y compris le lac Léman. Elle est aussi présente dans le lac du Bourget, en Savoie, et menace la biodiversité. Les photos du site du F.J. King montrent que l’épave en est recouverte.
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