Qu’est-ce que la kératoconjonctivite vernale, maladie oculaire rare et méconnue qui touche les enfants ?

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Qu’est-ce que la kératoconjonctivite vernale, maladie oculaire rare et méconnue qui touche les enfants ?
Qu’est-ce que la kératoconjonctivite vernale, maladie oculaire rare et méconnue qui touche les enfants ?

Africa-Press – CentrAfricaine. La kératoconjonctivite vernale (KCV) est une forme sévère de la conjonctivite allergique. Alors que la conjonctivite est une inflammation de la conjonctive, muqueuse transparente tapissant l’intérieur du globe oculaire, on parle de kératoconjonctivite quand l’œil est aussi touché par une kératite (une inflammation de la cornée). “C’est une maladie allergique, inflammatoire et chronique qui peut avoir des manifestations plus importantes au printemps et à l’été”, a expliqué la professeure Dominique Bremond-Gignac, durant un point presse consacré à cette maladie rare, auquel a assisté Sciences et Avenir. “Certains patients peuvent faire des récidives tout au long de l’année et présenter une forme pérannuelle de la maladie”.

La kératoconjonctivite vernale peut prendre plusieurs formes cliniques :

Une forme tarsale : avec présence de papilles allergiques sous la paupière (gonflement et déformation de la paupière).

Une forme lymbique : avec présence de nodules de Horner-Trantas, une accumulation de cellules épithéliales à la jonction cornée-conjonctive.

Il est possible de présenter les deux formes, même si cela est plus rare.

Une maladie rare qui touche principalement les garçons

La KCV est une maladie rare qui par définition touche moins de 1 personne sur 2000. En France, on dénombre environ 7000 maladies rares, dont 1000 faisant partie du domaine ophtalmologique, comme c’est le cas de la kératoconjonctivite vernale. En Europe, la prévalence de la KCV est d’environ 3,2 personnes sur 10.000 habitants. Elle est plus fréquente dans les pays plus ensoleillés, comme en Amérique du Sud ou en Inde.

La KCV concerne majoritairement les garçons âgés de 4 à 15 ans. “Il n’y a pas de composante génétique évidante pour cette maladie, mais il y a probablement une composante hormonale qui explique que les garçons sont plus touchés que les filles”, précise Dominique Bremond-Gignac. La maladie est aussi plus fréquente chez les enfants atteints d’eczéma, de rhinite allergique ou d’asthme. “En général, le problème se résout à l’adolescence, au bout de 4 à 10 ans, mais si la maladie n’est pas prise en charge rapidement au moment de sa déclaration, elle peut entraîner des séquelles irréversibles”.

Un diagnostic tardif, mais un besoin de prise en charge rapide

“Le diagnostic est souvent tardif dans le cas de la KCV, ce qui fait que les patients atteints sont plus susceptibles de développer des complications”, a expliqué la professeure. En général les patients se plaignent d’avoir les yeux rouges, de difficultés à ouvrir les yeux le matin, de photosensibilité intense ou encore de sécrétions oculaires. Ces symptômes peuvent être confondus avec ceux d’une conjonctivite allergique : c’est leur récurrence qui mène à la consultation d’un ophtalmologue, qui pourra alors observer les yeux et paupières et éventuellement détecter la présence de papilles allergiques ou de nodules de Horner-Trantas.

La prise en charge doit alors se faire rapidement, en mettant en place des mesures préventives (lavages oculaires, lunettes teintées…) avec élimination de l’allergène (dans la mesure du possible) si celui-ci a été identifié. Le traitement médicamenteux est un traitement par collyre. Les collyres anti-histaminiques et les corticoïdes sont utilisés dans un premier temps, mais sont parfois insuffisants, voire dangereux dans le cas des corticoïdes s’ils sont utilisés trop longtemps et à forte dose. “C’est pourquoi dans le cas des KCV plus sévères ou récidivantes, les immunomodulateurs topiques, en particulier la ciclosporine A qui possède une autorisation de mise sur le marché, prennent le relais. Elle a largement démontré son efficacité et permet d’éviter l’utilisation abusive de corticoïdes”, reprend Dominique Bremond-Gignac. Pour les cas plus graves ou plus difficiles à soigner, certains traitements antiallergiques ou chirurgicaux peuvent être nécessaires (ulcères, plaques vernales, kératocônes…).

Photosensibilité, douleurs et inconfort permanent au niveau des yeux font que les enfants atteints de KCV peuvent parfois être temporairement déscolarisés. La maladie a un impact social fort, puisque les symptômes ne leur permettent pas de participer à certaines activités sociales avec des enfants de leur âge.

Des complications pouvant aboutir à la cécité

L’apparition d’ulcères ou de plaques vernales (qui empêchent la cicatrisation de l’ulcère et entretiennent l’inflammation) au niveau de la cornée peuvent survenir dans les formes sévères ou très sévères de KCV. A plus long terme, les complications peuvent provoquer des déformations de la cornée (kératocône) nécessitant un traitement par voie chirurgicale. Ces complications peuvent impacter la vue au point de provoquer une baisse d’acuité visuelle ou même la cécité.

Du côté des traitements, l’utilisation de corticoïdes dans la prise en charge de la KCV peut entraîner une corticodépendance, et ainsi provoquer glaucome, cataracte ou encore herpès de l’œil, des maladies graves qui peuvent également aboutir à la cécité. Le traitement de fond à base d’immunomodulateurs permet de réduire la prise de corticoïdes et ainsi de réduire ces effets secondaires.

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