Africa-Press – CentrAfricaine. Ce sont des souches d’arbres fossilisés, extraites des berges de la rivière Drouzet, près de Gap (Hautes-Alpes), qui ont livré le premier indice. Dans leurs cernes, un pic de carbone 14, un isotope radioactif du carbone qui se forme dans la haute atmosphère sous l’effet des rayons cosmiques solaires. Ce pic signale une forte hausse de l’activité du Soleil.
Détecté pour la première fois en 2023, ce signal est désormais formellement attribué à une tempête solaire, et pas n’importe laquelle: selon une nouvelle étude internationale, il s’agit du plus puissant évènement jamais enregistré.
La plus violente tempête
En 2023, il manquait aux chercheurs l’outil pour mesurer la puissance exacte de cette tempête solaire. C’est désormais chose faite, grâce à un nouveau modèle spécialement conçu pour simuler la production de radiocarbone sous des climats glaciaires. Les calculs, publiés dans la revue Earth and Planetary Science Letters, indiquent que la tempête survenue en 12.350 avant J.-C. surpasse de 18 % celle de l’an 775, jusqu’ici la plus violente jamais mesurée dans les archives naturelles.
À titre de comparaison, elle serait plus de 500 fois plus intense que le plus fort événement connu de l’ère spatiale, celui de 2005. Ces tempêtes exceptionnelles sont appelées évènements de Miyake, d’après Fusa Miyake, une physicienne japonaise qui a identifié certains d’entre eux dans les cernes de cèdres du Japon, dans un article publié dans la revue Nature, en 2012.
Un risque majeur pour les instruments
Cette nouvelle confirmation va bien au-delà: c’est le premier événement de ce type détecté en dehors de l’Holocène, l’époque géologique qui commence il y a environ 12.000 ans. Elle ouvre ainsi une nouvelle fenêtre sur les civilisations paléolithiques et offre un outil inédit pour la datation d’échantillons préhistoriques. Un tel orage solaire aujourd’hui entraînerait de graves perturbations. En effet, lorsqu’elles arrivent autour de la Terre, ces particules provoquent des tempêtes géomagnétiques qui forment les aurores polaires.
Ces perturbations géomagnétiques ont également des conséquences de plus en plus redoutées: l’omniprésence de l’électronique, des systèmes assistés par satellites ou ordinateurs rend les activités humaines bien plus sensibles aux caprices du Soleil qu’il y a un siècle, quand a eu lieu la tempête solaire de 1859, nommée évènement de Carrington. Elle a généré des aurores polaires visibles jusque dans les tropiques et des perturbations des réseaux électriques et de communication par télégraphie filaire.
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