Africa-Press – Comores. C’est un classement que se serait passé volontiers les autorités comoriennes. Reporter Sans Frontières, l’instance qui décrypte l’état de la presse dans le monde a sorti son classement pour l’année 2025. Et le moins que l’on puisse dire est que les Comores perdent quatre places, passant du 71e au 75e. Une régression inquiétante au vu des ambitions des autorités qui utilisent la paix dont la liberté d’expression et l’un des ciments, comme arme pour attirer les investisseurs.
Si le rapport 2025 de RSF note qu’aucun journaliste ni collaborateur des médias ne tué, ni en prison depuis le début de cette année, il impute cette dégradation en partie au cadre légal qui est loin des standards internationaux, malgré le nouveau code de l’information adopté en 2021. « Dans l’Union des Comores, l’intimidation et les arrestations de journalistes sont encore monnaie courante. Les périodes électorales sont particulièrement propices aux exactions visant les professionnels de l’information. », peut-on lire au début de l’analyse de RSF sur la situation de la presse aux Comores dans le dernier rapport.
Dans son rapport, RSF revient aussi sur les intimidations dont sont victimes les journalistes: « Intimidations, agressions, arrestations, menaces, censure… Entre le 2 et le 6 février 2023, quatre journalistes ont été entendus par la brigade de recherche de la gendarmerie nationale, après une plainte pour “diffamation et injure” déposée par l’ORTC contre l’un d’eux, et par un de ses cadres contre les trois autres », et qui ne favorise guère leur épanouissement dans le métier. Mais le recul de la liberté de la presse ne serait pas le seul fait des autorités étatiques, il serait la conséquence d’une société de plus en plus conservatrice et qui serait encline à une forme de pudeur sur certains sujets de société. « Dans ce pays musulman, l’influence d’un certain conservatisme religieux, notamment sur les sujets ayant trait au sexe et à la prostitution, tend à reculer, et ces thèmes sont de plus en plus évoqués dans la presse, avec le soutien de l’opinion publique. »
Si ce recule aux Comores est déplorable, il fait partie d’un climat général qui prévaut dans le monde en matière de liberté de la presse surtout à cause de la paupérisation des organes de médias et des journalistes: « Sans indépendance économique, il ne peut y avoir de presse libre. Or, en 2025, l’indicateur économique est le principal facteur de dégradation de la situation à l’échelle internationale », comme on peut lire sur un papier de la RTBF paru samedi dernier, citant RSF. Autre fait cité par l’ONG est le retour aux affaires de Donald Trump aux États-Unis qui a complétement fini de déstructurer la tendance qui était déjà en déclin. « Le retour de Donald Trump à la tête des États-Unis n’est pas étranger à ce déclin. Le pays – à la 57e place – stagne dans le classement mondial de la liberté de la presse ; et l’indicateur économique, qui a déjà perdu 14 points en deux ans, pourrait être davantage touché par les mesures prises par Donald Trump.»
Source: lagazettedescomores
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