Africa-Press – Comores. Un atelier de deux jours a réuni à Fomboni des agents de santé pour les former à la prise en charge globale des victimes de violences basées sur le genre. Un renforcement de capacités essentiel, dans un contexte où la violence devient un enjeu de santé publique.
Durant deux jours, la salle multifonctionnelle de Fomboni a accueilli un atelier crucial dédié à la prise en charge des femmes et enfants victimes de violences. Organisé dans le cadre du projet COMPASS, financé par la Banque mondiale et placé sous l’égide du ministère de la Santé, cet atelier visait à renforcer les compétences du personnel de santé en matière d’écoute, d’orientation et de soutien psychologique. « La prise en charge des survivantes de violences est un indicateur de performance pour le projet vaccin du COMPASS. Il ne s’agit plus seulement de traiter les maux physiques, mais de considérer les violences comme un véritable fléau de santé publique », explique Chaabani Bourhane, responsable de la mobilisation sociale pour le volet vaccin. Il souligne que cette violence, souvent enracinée dans les dynamiques sociales et familiales, se transmet de génération en génération si elle n’est pas traitée en profondeur.
Allant au-delà des approches classiques, l’atelier a introduit des concepts inspirés de la sociothérapie développée par Frantz Fanon à l’hôpital psychiatrique de Blida, en Algérie. Cette méthode, basée sur une compréhension sociologique du traumatisme, considère la violence comme un mécanisme de domination pouvant entraîner une aliénation mentale. « Comme Fanon l’a montré chez les colonisés, les femmes victimes de violences vivent aussi une domination destructrice, qu’il faut traiter à la racine », a souligné Chaabani.
Pour Mariama Chadhuli, responsable de la planification familiale à la Direction régionale de la santé (DRS) de Mohéli, cette formation a été une révélation. « Une femme peut venir consulter pour un simple mal d’estomac, alors que derrière se cachent des souffrances psychologiques dues à la violence domestique », affirme-t-elle. Selon elle, il est désormais de la responsabilité des agents de santé d’aiguiser leur écoute et de creuser au-delà des symptômes apparents. Les participants comptent restituer cette formation dans leurs structures respectives, avec un objectif: rendre les soins de santé plus sensibles aux traumatismes, et surtout, redonner une voix et une dignité aux victimes.
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