Ibnou M. Abdou
Africa-Press – Comores. Après les festivités du cinquantenaire de l’indépendance, plusieurs personnalités comoriennes ont tenu à exprimer leur ressenti. Leurs paroles reflètent la fierté partagée par beaucoup, mais aussi les attentes pour l’avenir. Entre hommage aux anciens, encouragements à l’unité et appels à soutenir certains secteurs, ces réactions donnent un aperçu des espoirs et des défis qui restent à relever pour notre pays.
Fahmi Said Ibrahim, ancien ministre des Affaires étrangères
Comme tout le monde, je suis fier d’avoir vécu ce moment historique. Invité à prendre part à cette célébration du cinquantenaire de notre indépendance, j’ai répondu favorablement, convaincu de l’importance de marquer ma présence en cette date symbolique. C’était pour moi une façon de montrer mon attachement à notre pays, mais aussi d’exprimer un soutien à l’appel lancé par le Président Azali Assoumani en faveur de la réconciliation nationale. Je souhaite saisir cette occasion pour revenir sur ce point fondamental de son discours: la nécessité de réconcilier les Comores. Oui, le Chef de l’État a raison. Oui, l’heure est venue de tourner certaines pages douloureuses de notre histoire récente. Mais pour que cette volonté affichée gagne en crédibilité, elle doit impérativement se traduire par des actes forts et concrets.
C’est pourquoi je me permets, humblement mais avec conviction, de lancer un appel solennel au Président de la République. La réconciliation ne saurait être réelle tant que des fractures profondes divisent encore la population comorienne. Cette fête nationale, qui rassemble, offre une opportunité unique de poser un geste symbolique fort, capable d’ouvrir un nouveau chapitre. Je demande au Président Azali d’envisager l’octroi d’une grâce présidentielle à l’ancien Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, à Salami, et à toutes les personnalités condamnées. Non pas par faiblesse, mais par grandeur d’esprit et pour l’intérêt supérieur de la Nation. Les Comores ont besoin de toutes leurs forces vives, de tous leurs enfants, pour se relever, avancer et réussir. Un tel acte de clémence serait porteur d’un message fort: celui de l’apaisement, de l’unité retrouvée et de la maturité politique. C’est dans cette voie que nous pourrons bâtir une réconciliation sincère, durable et inclusive. Ensemble.
Rahamtou Ghoulama, commissaire à l’artisanat
C’est une immense fierté comorienne. Comme beaucoup, je suis profondément émue et honorée d’avoir pris part à la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de notre pays. Ce moment historique nous a offert l’occasion de mesurer le chemin parcouru depuis 1975. De nombreuses avancées concrètes ont été réalisées, et plusieurs projets sont en cours, traduisant une dynamique encourageante vers le développement. Une phrase du discours du Chef de l’État m’a particulièrement marquée: « Chacun doit apporter sa pierre à l’édifice pour bâtir notre cher pays, les Comores. » Un message fort, porteur d’espoir et de responsabilité. Il nous rappelle que la construction de notre avenir repose sur un engagement collectif. Chaque citoyen, à son niveau, est concerné par le devenir de notre nation.
Je m’associe pleinement à cette vision. Et en cette occasion solennelle, je souhaite lancer un appel aux autorités comoriennes et à nos partenaires au développement: mobilisons-nous pour la relance effective du secteur de l’artisanat. Trop longtemps négligé, ce secteur constitue pourtant un levier essentiel de notre économie. Il valorise notre patrimoine culturel, soutient l’emploi local et renforce l’autonomie des communautés. Le promouvoir, c’est investir dans un avenir durable, enraciné dans nos traditions et porté par la créativité de notre peuple.
Maoulana Charif, Ambassadeur des Comores à Beijing
Ma réaction est non seulement positive, mais résolument enthousiaste. La fête a été remarquablement bien préparée et parfaitement orchestrée, au point que chacun, sans exception, en est ressorti comblé. Je tiens à adresser mes plus vives félicitations à toute l’équipe d’organisation, sous la coordination de mon frère Houmedi Msaidié, qui n’a ménagé aucun effort pour faire de cet événement un véritable succès. La mobilisation populaire fut massive, et l’engouement du public témoignait d’une adhésion sincère à cette noble cause. L’atmosphère était empreinte de fierté, d’émotion et de cohésion nationale. Je souhaite également souligner un autre point fondamental: la présence des nations qui ont joué un rôle clé dans le processus d’accession des Comores à l’indépendance. Bien que cette indépendance demeure partielle l’île de Mayotte étant encore sous administration étrangère il est hautement symbolique que ces pays aient été invités à participer à cette commémoration. C’est une initiative forte et porteuse de sens.
Je pense en particulier au Maroc, pays frère qui a formé plusieurs générations de cadres comoriens, à la Tanzanie, dont l’engagement fut déterminant en accueillant, dès les années 1960, nos leaders indépendantistes en exil et en soutenant activement leur combat. Et surtout à la Chine qui a immédiatement reconnu le jeune Etat comorien à sa naissance. Leur solidarité historique mérite d’être saluée avec respect et reconnaissance. Leur présence à nos côtés en ce cinquantenaire est le reflet de liens indéfectibles, tissés dans la lutte, nourris par l’espoir, et appelés à se renforcer encore dans l’avenir.
Yahaya Mohamed Illiyassa, ambassadeur des Comores à Rabat
C’est une immense fierté pour chaque Comorien, où qu’il se trouve dans le monde, de célébrer ce moment historique qu’est le cinquantenaire de notre indépendance. Cet anniversaire nous invite à la réflexion, à la reconnaissance, mais aussi à l’action. Chacun, à son niveau, est appelé à marquer cette date avec engagement, et ceux qui en ont la possibilité sont chaleureusement encouragés à se joindre aux festivités ici, au pays. Car cinquante ans, ce n’est pas rien: c’est un demi-siècle d’histoire, d’efforts collectifs et de résilience. Beaucoup a été accompli depuis 1975. Des progrès indéniables ont été réalisés, mais les défis restent nombreux. C’est ensemble, dans l’unité et la solidarité, que nous devons bâtir l’avenir de notre nation, en nous appuyant sur les fondations laissées par ceux qui nous ont précédés.
En ce jour symbolique, je tiens à rendre un hommage sincère et respectueux à nos aînés, aux artisans de notre souveraineté, pour les sacrifices consentis et la vision qu’ils ont portée. Leur engagement doit rester une source d’inspiration pour les générations présentes et futures. Je suis particulièrement heureux et honoré de voir le Royaume du Maroc, pays où j’ai l’honneur de représenter l’Union des Comores, prendre part à ces célébrations du cinquantenaire. Ce geste me touche profondément. À cette occasion, j’adresse mes sincères remerciements à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, au gouvernement marocain, ainsi qu’au peuple frère du Maroc – un pays ami, profondément attaché aux Comores. Je forme le vœu que les liens d’amitié, de coopération et de fraternité qui unissent nos deux pays continuent de se renforcer, dans l’intérêt commun de nos peuples et pour un avenir partagé empreint de paix, de prospérité et de solidarité.
Mohamed Kalim Mzé, Ambassadeur itinérant au ministère des Affaires étrangères
En ce jour mémorable, chaque citoyen comorien ressent une fierté profonde. Pour ma part, mes émotions oscillent entre l’admiration pour les combats et les acquis de nos prédécesseurs, et la préoccupation face aux retards persistants qui freinent encore notre développement, malgré les efforts consentis par les dirigeants successifs. À l’occasion de ce cinquantième anniversaire de l’indépendance, je demeure pourtant animé d’un optimisme sincère. J’ose espérer que ce cap symbolique marquera le début d’une nouvelle ère, riche en réformes structurantes et en avancées majeures pour notre pays. Depuis quelques années, sous la présidence d’Azali Assoumani, les célébrations de la fête nationale ont pris une envergure nouvelle. Elles se distinguent par une organisation rigoureuse et par une mobilisation accrue, tant sur le plan national qu’international. Cette dynamique est le reflet d’une diplomatie présidentielle assumée, proactive et rayonnante. Elle confère aux Comores une visibilité accrue sur la scène régionale et internationale, et nourrit l’espoir d’un avenir plus prometteur pour notre Nation.
Dr Badjrafil, ambassadeur des Comores auprès de l’UNESCO
Cinquante ans se sont écoulés depuis l’accession de notre pays à l’indépendance. Un demi-siècle d’histoire, de luttes et d’espérance. Beaucoup d’entre nous n’étaient pas encore nés lorsque nos aînés ont arraché, avec courage et détermination, ce tournant historique. Aujourd’hui plus que jamais, il est de notre devoir de leur rendre hommage, avec fierté et reconnaissance. J’ai vécu cet anniversaire avec une émotion profonde. Et je tiens à saluer la justesse des choix faits par les organisateurs, notamment sur le plan symbolique et historique. En revenant aux racines de notre lutte, ils ont fait preuve d’une intelligence remarquable.
Tout le monde sait que les premiers mouvements indépendantistes comoriens ont vu le jour en Tanzanie. Inviter ce pays frère à prendre part à la célébration, en y associant ses forces armées qui ont autrefois contribué à la formation des nôtres était un geste fort, chargé de sens. Une idée brillante, qui a résonné comme un retour aux sources, dans la dignité et la mémoire partagée. Voir défiler à nos côtés les forces de la Chine et du Maroc fut également un moment marquant. Sur le plan diplomatique, c’est un signal clair: les Comores s’assument, se repositionnent, et prennent conscience de leur histoire, de leur identité, et de leur influence grandissante dans une région où elles ont toujours joué un rôle stratégique. En vérité, cette célébration m’est apparue comme un retour à la normalité, mais surtout, à la fierté d’être comorien.
Source: lagazettedescomores
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