Africa-Press – Comores. Le président Azali Assoumani a officiellement clôturé les Assises nationales de l’éducation ce Jeudi 3 juillet, à Moroni, ouvrant la voie à une réforme profonde du système éducatif comorien. « Une école rénovée, inclusive, exigeante et tournée vers l’avenir »: c’est la promesse faite par le chef de l’État, qui y voit le début d’un véritable tournant pour l’enseignement à tous les niveaux.
Lancée au Centre universitaire de Patsy, cette concertation nationale s’est déroulée sur plusieurs semaines. Elle a mobilisé un large éventail d’acteurs: élèves, enseignants, chercheurs, ulémas, parents d’élèves, représentants des institutions publiques et gouverneurs. Tous ont travaillé autour d’un objectif commun: refonder l’école comorienne sur des bases solides, en harmonie avec les valeurs du pays et adaptées aux enjeux de l’émergence. Dans son discours de clôture, le président a énoncé plusieurs axes de réforme majeurs: la convocation d’un Conseil des ministres spécial pour planifier les prochaines étapes, l’élaboration d’une feuille de route nationale, la création d’un comité inclusif, et la mise en place d’un mécanisme rigoureux de suivi, incluant une commission nationale comme recommandée par les experts.
« Le gouvernement prendra en compte l’ensemble des propositions issues des assises, en particulier celles qui touchent à la citoyenneté, à la foi et aux valeurs fondamentales de notre société », a-t-il assuré, soulignant le rôle de l’école comme vecteur des repères culturels, religieux et civiques dès le plus jeune âge. Azali a réaffirmé que la réforme doit replacer l’élève au centre du système. Mais cela ne peut se faire, selon lui, sans une revalorisation profonde du métier d’enseignant. Il a insisté sur l’urgence de redonner aux enseignants leur place et leur dignité: statut, conditions de travail, formation, évaluation… Autant de chantiers prioritaires, sans oublier la situation des enseignants bénévoles, longtemps laissés dans la précarité. « Il ne peut y avoir d’enseignement de qualité sans valorisation de l’enseignant », a rappelé le chef de l’État, appelant à des ajustements structurels et budgétaires en faveur de l’éducation.
Autre priorité: le lien entre l’école et le monde professionnel. Le président a annoncé un renforcement de la formation professionnelle, pour proposer aux jeunes des filières qualifiantes, modernes et en adéquation avec les réalités économiques du pays. L’éducation doit, selon lui, devenir un véritable levier pour l’emploi. Parmi les mesures évoquées figurent également la modernisation des administrations scolaires, l’introduction du shikomori dans l’enseignement primaire, la suppression de l’examen d’entrée en sixième, l’amélioration des infrastructures de base (cantines, infirmeries), et le renforcement de l’éducation civique et religieuse, notamment à travers un rehaussement de leurs coefficients aux examens.
Les gouverneurs, par la voix de Chamina Ben Mohamed (Mohéli), ont salué la volonté présidentielle de faire de l’éducation le socle de l’émergence des Comores à l’horizon 2030. Ils ont aussi plaidé pour une meilleure intégration du numérique dans les établissements scolaires. Le ministre de l’Éducation nationale, Bacar Mvoulana, s’est engagé pour sa part à garantir un « calendrier clair et rigoureux » pour la mise en œuvre des réformes. Les trente experts nationaux mobilisés lors des assises ont rappelé les nombreux défis à relever: difficultés d’accès à l’école, vétusté des bâtiments, inégalités territoriales. L’universitaire Ali Abdoulhamid a souligné l’importance d’une « commission de suivi crédible », tandis que l’enseignant Chaabane Mohamed a tiré la sonnette d’alarme sur la domination du secteur privé et la marginalisation persistante des enfants en situation de handicap.
Pour le président Azali Assoumani, ces assises ne doivent pas être vues comme un simple bilan des échecs passés, mais comme la fondation d’un système éducatif stable, équitable, moderne et ancré dans les réalités comoriennes. « Une nouvelle école émergera de ces assises: une école comorienne rénovée, inclusive, exigeante et tournée vers l’avenir. » a-t-il conclu avec conviction.
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