Assainissement: des Journées de Nettoyages À Mutsamudu

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Assainissement: des Journées de Nettoyages À Mutsamudu
Assainissement: des Journées de Nettoyages À Mutsamudu

Africa-Press – Comores. Deux dimanches de suite, les rues de Mutsamudu ont connu une agitation inhabituelle. Balais, brouettes, sacs-poubelles et gants. Les habitants se sont mobilisés pour un vaste nettoyage de leur ville. Une opération qui aurait pu passer inaperçue si elle n’avait pas été portée par deux figures politiques que tout oppose. Le maire en fonction, Amri Elarisse Mohamed, et son ancien rival aux élections communales, Hatub Ahmed Salim.

L’union de ces deux hommes, longtemps perçus comme adversaires irréconciliables, en dit long sur l’ampleur du problème. Car à Mutsamudu, comme à Moroni ou ailleurs dans l’archipel, l’insalubrité est devenue une menace quotidienne. Dépôts sauvages d’ordures, non-respect des horaires de collecte, déchets jetés en pleine rue: la situation est critique, tant pour la santé des habitants que pour l’environnement urbain déjà fragile. « La ville est pour nous tous », a déclaré Ahmed Salim, balayant d’un revers de main les clivages partisans. « La politique, c’est une chose. L’intérêt de la commune, c’en est une autre ». Ce geste de maturité politique a été salué par de nombreux citoyens et observateurs, qui y voient une lueur d’espoir dans un paysage souvent marqué par la division et l’inaction.

Du côté de la mairie, le constat est amer mais lucide. « Nous sensibilisons chaque jour la population pour qu’elle dépose les ordures en fin d’après-midi, afin qu’elles soient collectées tôt le matin », explique un conseiller municipal. « Mais c’est un vrai casse-tête chinois. Certains jettent leurs déchets n’importe où, parfois même en pleine rue ou au bord des routes qu’ils empruntent pour rentrer chez eux. » Les conséquences de cette incivilité sont lourdes. D’un point de vue sanitaire, les déchets à ciel ouvert favorisent la prolifération de maladies. Rats, moustiques et autres vecteurs se développent dans ces zones insalubres, augmentant les risques d’épidémies. Les enfants jouent parfois à proximité des ordures, mettant leur santé en danger. Des odeurs nauséabondes envahissent les quartiers, dégradant la qualité de vie des riverains.

Mais l’environnement en paie également le prix. Les déchets plastiques finissent souvent dans les caniveaux, bouchant les systèmes d’évacuation et provoquant des inondations en saison des pluies. La mer, toute proche, reçoit de détritus, menaçant la faune marine et la biodiversité locale. Une situation qui nuit aussi au tourisme, pourtant vital pour l’économie locale. Face à cette réalité, l’initiative conjointe du maire et de son ancien rival prend une dimension symbolique forte. « Mutsamudu doit passer avant nos motivations partisanes », ont-ils affirmé d’une seule voix. Une déclaration qui, espérons-le, inspirera d’autres responsables politiques à œuvrer pour le bien commun.

Ce nettoyage de grande ampleur a vu la participation de plusieurs structures notamment la mairie, le RCOI, le COSEP, mais aussi le groupe d’Ahmed Salim, toujours mobilisé malgré sa défaite électorale. Cette convergence d’acteurs publics et privés autour d’un objectif commun donne une leçon de civisme et de responsabilité collective. Mais au-delà du geste, c’est la continuité qui ferait la différence. « Il ne s’agit pas seulement de nettoyer ponctuellement, mais de changer durablement les comportements », insiste un ancien maire qui a d’ailleurs autant souffert à ce calvaire. L’éducation à l’environnement, la responsabilisation citoyenne et le respect des règles de gestion des déchets doivent devenir une priorité. L’insalubrité n’est pas une fatalité. Elle est le reflet d’un dysfonctionnement social, mais elle peut aussi devenir le point de départ d’une nouvelle dynamique de solidarité et de progrès. À Mutsamudu, l’exemple donné par Amri et Ahmed Salim montre que, « lorsque l’intérêt collectif prime, même les antagonismes les plus profonds peuvent céder la place à l’action constructive. Une leçon de politique au sens noble du terme, dont toute la société pourrait s’inspirer », rappelle un doyen de la capitale anjouanaise.

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