Africa-Press – Comores. 10 ans. C’est le temps d’une vie. C’est le moment de se poser et regarder dans le rétro. C’est ce à quoi nous invite le Parolier du Karthala. Le slameur sort son premier album, Selebeyoon, qui signifie « carrefour » en wolof. Un carnet de voyage, de la lune de l’Est à l’étoile verte de l’Ouest.
« Selebeyoon, ça signifie carrefour. Mais c’est aussi un espace où on se rend pour faire des offrandes et implorer le Tout Puissant pour qu’il exauce nos souhaits ». C’est un peu comme ça qu’il raconte son histoire. Rahim, architecte et designer de bâtiment, slameur depuis plus de dix ans, se raconte dans son album. On est d’entrée intrigué par le titre qu’il choisit de donner à cet opus qui compte huit chansons. Pourquoi en wolof et pas en comorien ? « J’ai passé beaucoup de temps en Afrique de l’Ouest, ces dix dernières années. Je suis très attaché à ces lieux ». Et cela se ressent dans son album où le blues mandingue rencontre le chigoma de chez nous.
En écoutant le Parolier du Karthala, on embarque vers son introspection. Ses peurs, sa mélancolie, sa fierté, son témoignage, ses voyages. On se surprend à danser, avec des rythmes qui nous parlent. A bomber le torse, de fierté. Pour cette africanité forte qu’il réclame. A apprécier le tableau qu’il nous peint à travers des mots simples mais qui, assemblés, construisent des ponts, de l’Ouest vers l’Est, et vice versa. Et on se surprend même à verser une larme, sur ce titre qui raconte l’histoire de ce père qui meurt en mer, coupable d’avoir voulu rejoindre l’île sœur pour se soigner.
« J’ai posé mes valises, à ce carrefour… pour apprécier le chemin parcouru, et réfléchir à la suite », confie Rahim de son vrai nom. Selebeyoon, disponible sur les plateformes de téléchargement légal à compter du 13 septembre 2024, est surtout une introspection. On peut lui reprocher un projet autocentré, trop personnel, trop intime dans sa façon de se dévoiler. On embarque…ou pas. Dans son océan, les eaux sont limpides mais aussi tumultueuses. « Beaucoup d’émotions se dégagent de son album, c’est sa force à Rahim », dira un artiste de la place. Si les couleurs qu’il nous sert sont kora, djembé et baobab, elles restent tout de même teintées de shiromani, sambe et ylang. Et ça, c’est tout l’esprit du carrefour: un lieu où les énergies se croisent, se mêlent et réinventent un langage commun…
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