Africa-Press – Comores. Depuis dimanche 11 août, la médina de Moroni est le centre d’activités culturelles en tout genre: expositions d’objets artisanaux, de photos mais aussi des conférences et des spectacles de danse. Une initiative de Médina Wiratha, une association dont le projet principal est de restaurer et rendre attractive, la médina.
« Nous avons un riche patrimoine mais malheureusement, à l’abandon. Il est temps de revenir aux sources et préserver ce que nos ancêtres nous ont légué ». Ce sont les mots de Faniya Abbas, présidente de Médina Wiratha, une association qui a vu le jour il y a quelques semaines. Sur la place publique de Badjanani dimanche matin, les citoyens de la médina ont été conviés à la cérémonie de lancement des festivités autour des Journée du Patrimoine de la médina. «Le but de ces activités est de replonger dans l’histoire de notre médina, faire découvrir sa richesse et sa beauté et imaginer ce que nous pouvons en faire, ensemble. » Une initiative saluée par tous, en particulier les habitants de la vieille ville dont les vestiges laissent croire qu’elle existe depuis au moins le XVe siècle. « Il était temps. Il se peut que les gens ne comprennent pas tout de suite l’intérêt de mener ce combat mais ils finiront par en saisir l’urgence et l’utilité », a déclaré un notable de la ville.
Etalé sur trois jours, du 11 au 13 août, le programme est riche et s’adresse à toutes les couches de la société. « Le Centre Culturel et Loisirs de Badjanani (CCLB) accueille une exposition d’objets artisanaux au rez-de-chaussée ainsi que des tableaux d’artistes. A l’étage, une exposition photo de l’artiste Farouk Djamily qui avait immortalisé des scènes de vie dans la médina ainsi que les corps de métier présents ici », a expliqué Mahamoud Ali Ahmed, trésorier de l’association. L’étage du CCLB abrite également une expo/vente des livres jeunesse de la maison d’édition Pomme d’Humour ainsi que la présentation d’œuvres littéraires d’auteurs comoriens. « Un espace a été aménagé pour rendre hommage aux gardiennes du temple, les cocos de la médina. Etant une société matrilinéaire, l’héritage matériel s’acquiert par la femme. C’était important pour nous de trouver le moyen de les valoriser et les citer », a expliqué Nadia Tourqui, membre de Médina Wiratha.
Le Centre d’Animation Socioculturelle de Mtsangani (Casm) abrite une exposition photo provenant d’archives des familles, les conférences ainsi que les démonstrations des artisans conviés pour montrer leur savoir-faire. « Dimanche soir, Ali Mohamed Djalim, enseignant à l’Université des Comores, a animé une conférence sur L’histoire de la fondation de Moroni et ses enjeux actuels ». Le second thème, abordé le lendemain, portait sur l’histoire architecturale de la médina par Bourhane Abdérémane, Anthropologue, ancien responsable CNDRS Anjouan, chercheur en université, membre du comité national pour l’inscription des Comores au patrimoine mondial de l’Unesco.
« C’est un vrai bonheur de se retrouver et pouvoir échanger sur le devenir de notre ville qui dispose de l’expertise nécessaire à travers ses cadres, pour redonner à la ville, ses lettres de noblesse. Nous invitons tous ceux qui se sentent concernés par cette cause à nous rejoindre dans notre combat dont la finalité est d’accompagner les démarches déjà entreprises par plusieurs experts pour inscrire les Comores au patrimoine mondial de l’Unesco mais aussi créer des activités génératrices de revenus au cœur de la ville, afin de lutter contre le chômage des jeunes ». Les journées du Patrimoine de la médina prendront fin ce mercredi 13 août, avec les prestations des troupes de danse traditionnelle sur les majestueuses bangwe d’Irungudjani et de Djumwamdji.
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