Bourhane Hamidou : « L’éducation est tuée dans ce pays »

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Bourhane Hamidou : « L’éducation est tuée dans ce pays »
Bourhane Hamidou : « L’éducation est tuée dans ce pays »

Andjouza Abouheir

Africa-Press – Comores. Candidat à la présidentielle de janvier 2024, Bourhane Hamidou a accepté de répondre à nos questions. L’éducation, l’économie, la diplomatie…, tout un tas de sujets que nous avons abordés avec lui.
Question : quelle est votre vision pour le pays et quelles sont vos principales priorités en tant que président ?

Bourhane Hamidou : En tant que candidat à la présidence des Comores, ma vision est axée sur le développement durable, la stabilité, l’économie et le social ainsi que la promotion de l’éducation et la santé. Mes priorités incluent la lutte contre la corruption, la préservation de l’environnement, le renforcement des liens régionaux pour favoriser la coopération. Je m’engage à travailler pour le bien-être de tous les citoyens et à construire un avenir prospère.

Question : Que pensez-vous de la proposition de Mahamed Daoudou d’une candidature unique au sein de l’opposition ?

B.H : Cela ne serait pas en soi une mauvaise une chose. Seulement, cette proposition dont j’étais le premier à l’évoquer, reflète beaucoup de questions. Certains se demandent sur l’efficacité d’une telle décision considérant qu’en cas de candidature unique, Azali aurait tendance à passer en force avec un taux de 50,5 ou 50,20%, ce qui serait préjudiciable selon ceux qui défendent cette thèse. Moi, ma vision au départ était justement d’aller vers une candidature unique, j’étais moi-même prêt à me retirer au profit d’un autre capable de battre le président sortant. Parce que c’était un objectif commun de tous les candidats. Malheureusement, cela n’a pas été retenu. Connaissant les ambitions du pouvoir à vouloir passer en force, parce que ne disposant pas de réserve de voix au second tour, Azali ne fera que braquer, faire un autre braquage électoral pour passer au deuxième tour.

Question : Que pensez-vous de la proposition de Dr Salim d’écourter son mandat s’il est élu pour permettre la reprise de la Tournante au profit d’Anjouan ?

B.H : La proposition du Dr Salim repose sur la nécessité de réparer l’injustice subie par nos frères anjouanais. Nous sommes de ceux qui sont convaincus qu’Anjouan doit retrouver sa Tournante dans les plus brefs délais. Il m’est difficile aujourd’hui de m’aligner sur Dr Salim mais je suis d’accord que dans un délai raisonnable, c’est-à-dire le temps de mettre en place tous les dispositifs institutionnels pour basculer vers la constitution de 2001, on peut s’interroger sur les voies et moyens qui vont être retenus pour cette manœuvre de transfert. Faut-il organiser un referendum, ce qui serait couteux ? Faut-il faire appel au parlementent dans l’immédiat sachant qu’il ne va que rejeter cette proposition, étant donné que l’Assemblée est monocolore ? Donc, il faudrait alors attendre si le nouveau président que je serai, est élu, qu’une nouvelle législature s’ouvre en l’occurrence celle de 2025 et de là on pourrait envisager le transfert. D’abord, cette nouvelle Assemblée va adopter une loi pour une révision constitutionnelle. Parce qu’il faut réviser la Constitution actuelle. Il faut passer par la représentation populaire. Ensuite, mettre en place tous les mécanismes pour aller vers les transferts dans une période de deux ans, ce qui me parait juste.

Question : Depuis quelques années, le système éducatif comorien est miné par des grèves à répétition. Quelles sont vos solutions ?

B.H : Pour améliorer le système de l’éducation aux Comores, mon programme politique inclut les points suivants : investissement dans les infrastructures éducatives, c’est-à-dire engager des fonds pour la construction et la rénovation d’écoles en mettant l’accent sur les régions où l’accès à l’éducation est limité. Je veux renforcer la formation des enseignants et élaborer des programmes de formation continue pour le personnel éducatif en mettant l’accent sur les méthodes d’enseignement modernes. Et puis, mettre en œuvre les politiques visant à assurer l’accès équitable à l’éducation pour tous, indépendamment de la région géographique ou du statut socio-économique de la personne concernée. Nous devons encourager des filières scientifiques et médicales, promouvoir des programmes éducatifs orientés vers les sciences de la santé pour remédier à la pénurie de personnels qualifiés dans le domaine médical. Cela nous amène à établir des partenariats publiques-privés, on va collaborer avec des partenaires privés pour garantir un apport financier et continu dans le secteur de l’éducation pour développer des programmes innovateurs. Nous allons encourager la participation active des communautés locales dans le processus éducatif en établissant des comités des parents et en favorisant le dialogue constant entre les écoles et les familles. Ce programme vise à créer un environnement éducatif propice à l’épanouissement des élèves tout en répondant aux besoins spécifiques du secteur médical. Pour répondre à la question, c’est un domaine très vaste et qui est très pénalisé. Comme j’ai coutume à le dire quand on veut tuer un pays, il faut tuer l’éducation. L’éducation est tuée dans ce pays. Et nous dévons nous préparer. Tous les Comoriens doivent avoir les mêmes chances. Pour ce faire, je propose tout au long de ma campagne ce qu’on appelle le « palashiyo (l’école coranique) », qui doit être valorisé au même titre que les autres cultures notamment le français et les autres langues. Il est paradoxal de constater que nous sommes un pays de la ligue arabe, l’arabe fait partie des langues officielles mais que malheureusement, on ne lui donne pas son importance d’où le déséquilibre entre les arabophones et les francophones. Nous allons commencer par revoir tous les indices des salaires des enseignants, que ce soit dans les domaines de l’enseignement en arabe ou en français. On va créer des centres pour la petite enfance bien équipés pour assurer un bon développement holistique des enfants et faciliter la conciliation du travail en famille. On va former des éducateurs puisque nous envisageons aller vers la généralisation de l’anglais, éventuellement le chinois. Il faut réviser les programmes scolaires en les alignant sur les besoins du 21e siècle en mettant l’accent sur les compétences numériques, scientifiques et sociales. Pour permettre au petit Comorien de s’épanouir, nous ferons la promotion des arts et des sports. Dans un premier temps, il faut injecter 200 milliards sur une dizaine d’années pour jeter les bases de l’éducation pour que toutes les écoles soient dotées d’équipements sportifs. Quant à l’enseignement supérieur, il faut un accès équitable en éliminant les obstacles financiers en mettant des programmes de bourses basées sur le mérite. Nous dévons renforcer la recherche éducative surtout et puis investir dans la recherche universitaire pour stimuler l’innovation et encourager le progrès scientifique et technologique.

Question : Quelle politique économique proposeriez-vous pour stimuler la croissance et créer des opportunités d’emplois ?

B.H : Plusieurs mesures peuvent être envisagées. Il faut investir massivement dans les infrastructures pour allouer des fonds significatifs de ce secteur tel que les ports, les routes et les zones énergétiques. C’est la base du décollage économique. Ensuite soutenir les petites entreprises locales, mettre en place des programmes de soutien aux petites entreprises notamment des prêts et des formations en gestion en entreprenariat et la création d’emploi. Il faut diversifier l’économie, investir dans des secteurs tels que le tourisme, l’agriculture, les énergies renouvelables et les technologiques et réduire l’indépendance à un nombre limité des secteurs. Il faut aussi former ceux qui vont accompagner cette éducation, il faut renforcer les programmes de formation professionnelle pour développer une main d’œuvre qualifiée et adaptée aux besoins du marché du travail et encourager l’innovation et la créativité. Parallèlement nous devons mettre en place une politique monétaire et fiscale favorable aux investissements tout en réduisant les taxes pour les entreprises et en garantissant la stabilité monétaire. Nous devons organiser la facilitation du commerce en simplifiant les procédures commerciales et réduire les obstacles administratives pour faciliter les échanges commerciaux ainsi l’activité économique stimulant plutôt l’activité économique. La promotion du tourisme est un des piliers du développement, il faut mettre des campagnes de promotion touristiques pour attirer les visiteurs en mettant en valeur les aspects naturels et cultuels des Comores. On peut également parler du développement de la recherche et de l’innovation pour améliorer la compétitivité de l’économie. La protection de l’environnement est un secteur primordial de par notre situation géographique, nous devons développer des initiatives écoresponsables pour préserver l’environnement. Ce qui peut renforcer l’attractivité des Comores en tant que destination touristique durable. Pour se faire, il faut établir des partenariaux économiques solides avec d’autres nations favorisant ainsi les échanges commerciaux et l’accès aux financements internationaux.

Question : Quelle sera votre approche en matière de politique étrangère et quelles relations privilégierez-vous avec d’autres nations ?

B.H : En travaillant ensemble, nous façonnerons un avenir où notre pays sera respecté et admiré pour sa contribution positive à la communauté humaine, nous serons tous des Cœlacanthes. Notre engagement envers un avenir prospère et pacifique surtout résonne à travers les frontières. Dans ce monde connecté, je reconnais l’importance cruciale de notre position géographique sur la scène internationale. En tant que président, je m’engage à forger des relations diplomatiques solides basées sur le respect mutuel et la coopération. Nous souhaitons être des partenaires dans la résolution des défis mondiaux ; il n’y a pas de petits pays, nous serons grands par nos actions. Nous œuvrons pour la paix et la sécurité, ainsi que la lutte contre la pauvreté sans cesse croissante dans notre pays. Nous poserons aux partenaires multilatéraux la question sur notre statut de pays à revenu intermédiaire, statut ayant entraîné un déclassement de notre pays. Ce statut semble être en décalage avec la réalité. Nous contribuerons au dialogue international et à la construction d’alliances, surtout dans le continent. Nous ouvrirons les Comores à tous les pays frères d’Afrique et renforcerons nos relations avec les États arabes et musulmans. À cet effet, le réchauffement des relations diplomatiques et économiques entre les Comores et ses voisins, notamment Maurice à travers sa maîtrise de tourisme. La Tanzanie aura un rôle à jouer. Madagascar reste le premier partenaire, une nouvelle approche de nos relations avec ce pays frère verra le jour dès mon élection. Tout cela vise à aller vers une prospérité partagée. Aux investisseurs du monde entier, je lance un appel : notre pays sera ouvert aux opportunités, à l’innovation et à la croissance économique durable. Nous travaillerons à créer un environnement propice aux affaires, avec des politiques claires, une stabilité juridique et une main-d’œuvre qualifiée, résultat de la politique de formation projetée. Je m’engage à créer les conditions d’un climat de confiance propice aux investissements, assurant la protection des droits des investisseurs et la promotion d’une économie ouverte. Nous créerons ensemble des partenariats qui stimuleront la croissance économique ; ainsi, nous créerons des opportunités pour tous. Notre nation sera une force de stabilité, de coopération et de progrès sur la scène continentale et au-delà.

Source: lagazettedescomores

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