Ibnou M. Abdou
Africa-Press – Comores. S’exprimant à Tanger devant des dirigeants venus de plus de cent pays, le président Azali Assoumani a appelé à repenser les fondements de la gouvernance mondiale, estimant que les fractures géopolitiques, économiques et climatiques « n’épargnent aucun État ». Face à un monde qui « bascule », le chef de l’État affirme que les Comores, malgré leur vulnérabilité insulaire, s’engagent dans un modèle de développement fondé sur l’économie bleue et la solidarité internationale.
À la cérémonie de clôture du Forum international MEDays 2025, le président comorien a salué un événement qui « est plus qu’un simple forum », et qui devient désormais un véritable « espace de dialogue stratégique ». Il a tenu à remercier le Royaume du Maroc pour son « hospitalité chaleureuse » et rendre hommage au « leadership visionnaire » du roi Mohammed VI, dont il a souligné l’engagement constant en faveur d’une Afrique « forte et solidaire ». Revenant sur le thème de cette 17e édition “Fracture et polarisation: réinventer l’équation globale” Azali Assoumani a décrit une période d’incertitudes croissantes, où « les certitudes s’effacent, les rivalités se durcissent » et où les vulnérabilités des petits États deviennent plus visibles. Selon lui, le monde fait face à des fractures multiples: géopolitiques, économiques, climatiques, numériques et sociales, exacerbées par la désinformation et les déséquilibres de puissance.
Malgré ce contexte tendu, il rappelle que « nous partageons un destin commun ». Les échanges du forum, dit-il, montrent que la sécurité de l’Afrique dépend de celle de ses voisins, tandis que la prospérité mondiale exige une stabilité internationale véritable. Les transitions climatique et numérique « ne peuvent réussir que si elles incluent toutes les nations, sans exception ». Pour le président comorien, « réinventer l’équation globale » implique d’adapter les repères et les règles du monde multipolaire. Il estime qu’aucune réforme internationale n’a de sens si elle ne protège pas « la dignité humaine, sa sécurité et ses droits fondamentaux ». Les pays du Sud, affirme-t-il, « ne demandent pas la charité mais un accès équitable au financement, à la technologie et à la connaissance ». Le locataire de Beit Salam souligne que l’Afrique est en passe de devenir « le cœur démographique et énergétique du monde », ce qui doit lui conférer un rôle accru dans les grandes décisions internationales. Il évoque des cadres tels que le Pacte financier mondial, les réformes des institutions de Bretton Woods ou les mécanismes dette-climat comme des pistes encourageantes, tout en appelant à davantage de justice dans le système mondial.
Sur le plan national, le président rappelle les défis majeurs de l’archipel: l’érosion, la montée des eaux et l’urgence climatique. Il affirme que les Comores ont choisi d’investir dans un modèle fondé sur l’économie bleue, la protection des écosystèmes et la valorisation durable des ressources océaniques. « Nous n’avons aucune prétention, mais nous avons une voix », déclare-t-il, réaffirmant la vision d’un monde plus juste et solidaire. Il a renouvelé ses félicitations au roi Mohammed VI pour la reconnaissance internationale croissante du plan d’autonomie proposé par le Maroc sur la question du Sahara. Il a exhorté les nations à « sortir des postures », à dépasser les logiques de blocs et à « croire encore au pouvoir de la coopération ». Selon lui, l’histoire jugera la capacité de la communauté internationale à transformer les fractures actuelles en complémentarités afin de bâtir « un futur plus juste, plus humain et plus durable ».
Source: lagazettedescomores
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