Andjouza Abouheir
Africa-Press – Comores. Le leader du mouvement Hury Achmet Said Mohamed est arrêté par la gendarmerie avant-hier près de son domicile de Moroni. Le lendemain, un message audio pour le moins compromettant, qui lui est prêté, a été divulgué.
Dans la foulée de son arrestation, l’opinion s’est emballée, dénonçant une volonté du pouvoir en place de bâillonner ses opposants à quelques jours des élections, comme il est coutumier des faits. Mais la divulgation d’un message audio prêté à Achmet Said Mohamed, puisqu’il s’agit de lui, s’est révélé être une douche froide. Dans ce document audio que nous nous sommes procuré, on distingue une voix qui semble être celle du leader du mouvement politique Hury en train de convaincre des interlocuteurs de s’en prendre à des institutions de l’État, notamment la Cour suprême et la Commission électorale. « Je suis votre ainé. J’ai même l’âge d’être le père de certains d’entre vous ». C’est ainsi que débute la locution de celui qui semble s’adresser à des plus jeunes que lui. Puis cet universitaire leur rappelle qu’en 2019 il a été candidat à la présidentielle et qu’il avait toutes les chances de l’emporter haut la main car il était « soutenu aussi bien par les étudiants de l’Université [des Comores] que par les enseignants ».
Il explique qu’il n’a jamais fait de la politique mais qu’il s’est retrouvé malgré lui dans des combats politiques (en 2019, Ndlr). « J’estime que les politiciens qui veulent être élus sont tous pareils », se justifie-t-il. Ensuite il évoque non sans étonnement le limogeage par le chef de l’État Azali Assoumani de la présidente de la Chambre électorale de la Cour suprême en plein milieu du processus électoral. « Nous avons besoin de capitaines qui seront sur place et capables d’élaborer des plans d’actions à exécuter d’ici à samedi. Nous cherchons des gens capables de maitriser des équipements (??) ». Puis il semble parler à ses interlocuteurs d’une personne qu’ils connaissent déjà. « Il gère les actions clandestines qui doivent être menées à partir de cette semaine. Il n’a pas besoin de nous dire avec qui il va partir en mission. On va juste lui dire que nous voulons que cette voiture soit incendiée et il n’aura qu’à nous demander ce dont il a besoin pour montrer qu’il y a bien des hommes dans ce pays ».
La même voix indique qu’il y a « deux actions urgentes à mener ». « La Cour suprême nous a humiliés. Idem pour la Ceni. Les bâtiments abritant ces institutions ne doivent plus être opérationnels », conclut la voix, avant d’insister sur le caractère confidentiel de ces projets. Avant de conclure, il avait si les téléphones étaient bel et bien éteints comme pour s’assurer qu’il n’a pas été enregistré. Si la voix s’avère être celle du mis en cause, l’on peut être tenté de déduire qu’un micro mouchard a été posé sur lui, près de la bouche, car la qualité du son est loin d’être celle d’un téléphone qui enregistre à un mètre. En attendant de voir clair dans cette affaire, soulignons que mardi le candidat à la présidentielle Salim Issa, soutenu par le mis en cause, a publié un communiqué dans lequel il « condamne avec la plus grande fermeté l’enlèvement, la séquestration, dans un lieu inconnu du Dr Achmet Said Mohamed… en pleine campagne électorale ». Contacté par nos soins pour connaitre le grief retenu contre lui et son lieu de détention, le procureur de la République de Moroni n’avait pas encore donné suite à nos requêtes jusqu’au moment où nous bouclions ces lignes. Seules des investigations sérieuses permettront de démêler le vrai du faux dans cette nouvelle affaire dont il est trop tôt pour tirer des conclusions hâtives.
Source: lagazettedescomores
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