Rafsandjani Mohamed sur le Séminaire Gouvernemental

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Rafsandjani Mohamed sur le Séminaire Gouvernemental
Rafsandjani Mohamed sur le Séminaire Gouvernemental

Andjouza Abouheir

Africa-Press – Comores. Le président du parti Ushe, Dr Rafsandjani Mohamed livre une critique sans détour de l’action publique actuelle. Il rejette les rencontres institutionnelles qu’il juge déconnectées des réalités du peuple, il défend une alternative politique axée sur les consultations citoyennes, la lutte contre la vie chère, et une refonte en profondeur de la justice. Il a accepté de répondre à nos questions.
Question: le gouvernement a clôturé samedi dernier, un séminaire de 5 jours ouvert au public: Selon vous, que devrait-on attendre concrètement de ce séminaire?
Rafsandjani Mohamed: Nous n’attendons rien de ce séminaire. Ce sont les mêmes messes organisées chaque année et qui n’ont aucun résultat sur la vie des citoyens. Notre parti ne participe pas à ce genre de conférences qui n’apportent rien au pays. Nous préférons poursuivre nos consultations citoyennes nationales, car cela permet de replacer l’humain, le citoyen ou le travailleur au cœur de la réflexion.

Question: La population comorienne continue de faire face à une vie chère, notamment sur les produits de première nécessité. Quelles mesures concrètes votre parti proposerait pour faire face à cette crise du pouvoir d’achat?
R.M: La crise du pouvoir d’achat aux Comores est un problème récurrent. Le parti Ushe propose une politique volontariste dans notre programme de société « Barnamadji ya ukombozi ». USHE préconise une vision axée sur ce qu’on appelle communément «Utadjiri wa bavu ». Il s’agit d’une lutte contre la pauvreté par le peuple et pour le peuple à travers: la création des exploitations de grande dimension pour accroître la production ; promotion d’une agro-industrie ; promotion d’un élevage de subsistance (bovins, caprins, volailles) ; industrialisation de la pêche.

Nous proposons entre autres, la mise en place d’une société de transport de marchandises qui sera chargé du transport à moindres coûts, des produits agricoles vers les différents marchés du pays. Cela aura un impact considérable sur les prix vu que le transport représente jusqu’à 40% du coût des produits. Nous proposons la création d’un Groupement d’Intérêt Economique pour l’importation des produits de première nécessité en regroupant les opérateurs économiques et ainsi bénéficier de prix plus intéressants à l’achat. Il serait également pertinent de réduire le prix du KWH d’électricité pour les entreprises importatrices de produits carnés. Il serait difficile de les détailler ici.

Question: L’arrestation puis l’extradition de l’activiste Bachar vers les Comores ont suscité de nombreuses réactions. Qu’en pensez-vous?
R.M: Comme toujours dans notre pays et avec ce gouvernement, le judiciaire et le politique sont de manière volontaire entremêlée. À ce stade, afin d’éviter de nous prononcer en profondeur sur un dossier aux mains de la justice et dont nous ignorons toutes les ramifications, nous insistons en priorité sur le fait qu’il faut respecter les procédures fixées par notre droit. Il ne sera tolérer aucune mesure portant atteinte à l’intégrité physique du concerné et à ses droits de la défense.

Question: Comment jugez-vous aujourd’hui l’indépendance de la justice aux Comores? Quelle réforme envisagez-vous pour renforcer l’Etat de droit et la séparation des pouvoirs?
R.M: La justice aux Comores souffre d’un défaut d’indépendance. Nous proposons des réformes concrètes et revoir tout le système judiciaire pour l’adapter à la réalité comorienne. Nous souhaitons mettre fin au pouvoir de nomination des magistrats par décret présidentiel. Le recrutement doit être basé uniquement sur le concours. Nous souhaitons supprimer le ministère de la Justice et le remplacer par un Conseil supérieur de la Justice indépendant. Il faut aussi améliorer la formation par la création d’une école nationale de la magistrature. Juger est un métier, il faut une école pour former à son éthique et aux compétences pratiques.

Question: Vous avez entamé récemment une tournée dans plusieurs régions du pays. Quels constats avez-vous pu faire sur le terrain? Quelles sont les principales attentes ou préoccupations des citoyens?
R.M: Le jour de notre congrès, nous nous sommes engagés à faire la politique autrement. Cette tournée illustre notre manière de faire de la politique. Notre interlocuteur principal demeure le peuple comorien. Les citoyens ont été touchés par cette approche. Il est rare de voir un parti politique s’intéresser à eux hors périodes électorales. J’ai été marqué par le fait que les témoignages portent encore en 2025 sur des doléances basiques: des écoles, des structures de santé, un accès à l’emploi, à l’énergie et à l’eau. Cette proximité avec la population permettra de nourrir notre projet de société « barnamadji ya ukombozi ». Que chaque citoyen soit auteur de l’alternative politique et qu’il soit en mesure de nous porter aux responsabilités car c’est le projet dont il a été le coauteur principal qui régira la décision publique.

Question: Après cette tournée, quelles seront les prochaines actions ou priorités de votre parti? Êtes-vous en train de préparer une alternative politique en vue des prochaines échéances électorales?
R.M: Nous continuerons d’asseoir le parti proche des populations. Chaque citoyen trouvera chez un militant du parti, un interlocuteur attentif. Nous allons poursuivre nos consultations citoyennes, loin des séminaires d’autocongratulations du gouvernement, toujours au plus près des citoyens pour perfectionner notre projet « Barnamadj ya Ukombozi » et l’inscrire dans le projet global du panafricanisme. Nous construisons une alternative crédible, empreinte d’humanité, de patriotisme et de justice et nous le soumettrons à l’approbation du suffrage universel lors des prochains rendez-vous électoraux.

Question: L’Union des Comores célèbre cette année, le 50e anniversaire de l’indépendance. Que représente pour le parti Ushe cette commémoration? Quel bilan?
R.M: Que ce soit en termes d’État de Droit, de développement économique ou d’unité nationale, nous avons failli dans tous les secteurs.

Le parti Ushe s’est engagé à proposer un changement total de paradigme, à s’attaquer frontalement à ce système qui n’a fait que diviser et appauvrir la population en leur enlevant tout espoir de vivre dans un pays démocratique, prospère et solidaire. La vraie indépendance n’est toujours pas acquise et notre objectif est de lutter pour une indépendance pleine dans l’unité nationale et la sauvegarde de nos frontières. Nous n’allons pas nous joindre à des activités dont le principal attrait est événementiel porté par ce même système responsable de cette faillite.

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