À Comores Telecom, le laxisme qui a profité à l’affaire Nazra

8
À Comores Telecom, le laxisme qui a profité à l’affaire Nazra
À Comores Telecom, le laxisme qui a profité à l’affaire Nazra

Africa-Press – Comores. En autorisant les receveurs à faire du crédit aux concessionnaires, Comores Telecom a nourri, sans le vouloir peut-être, la grosse opération d’arnaque attribuée à Nazra Said Hassani.

Le nombre d’employés de Comores Telecom impliqués dans l’affaire dite Nazra n’aurait pas été aussi important n’eut été le laxisme érigé en règle ces derniers temps. En effet, dès sa nomination, le nouveau patron Said Ali Chaihane a autorisé la vente à crédit au niveau de toutes les agences de Comores Télécom pour atteindre les objectifs de chiffre d’affaires pour l’année 2022, soit 21 milliards KMF. Cette vente à crédit des produits de Comores Télécom a toujours été interdite car la saisie des acomptes est une fonctionnalité non disponible sur le système informatique de vente appelé GpTo.

N’en déplaise. Elle a été utilisée dans les agences de Comores Telecom pour la vente de crédit aux concessionnaires, lesquels constituent la grande part du chiffre d’affaires de Comores Télécom. Aussi, les concessionnaires pouvaient bénéficier de crédit de transfert et tickets recharges sans payer à l’achat et effectuer des paiements partiels auprès des receveurs au fur à mesure de leurs ventes. Les receveurs, ne pouvant saisir ces différents acomptes au niveau du système GPTo, accumulaient ces montants jusqu’au solde complet par les concessionnaires avant de reverser les montants auprès de la direction financière.

Au lieu de motiver la mise à niveau du logiciel GpTo avec une fonctionnalité de « vente à crédit », le département inspection financière a recommandé la mise en place d’un cahier de comptabilité manuelle au niveau de la caisse de l’agent comptable, à la direction financière, pour noter les différents versements de la vente à crédit aux concessionnaires par les différents receveurs. Cette méthode est largement utilisée à la douane où Said Ali Chaihane, le nouveau patron de Comores Telecom, a fait l’essentiel de sa carrière professionnelle. Ainsi, les receveurs avaient la liberté de verser ou non les paiements des concessionnaires en temps réel dans la caisse de l’agent comptable comme la direction financière avait également la liberté de verser, à sa guise, ces montants recouvrés dans les comptes bancaires de Comores Télécom.

C’est dans ce contexte précis que les receveurs ainsi que le directeur administratif et financier et l’agent comptable ont pu entrer en possession de montants colossaux en liquide qu’ils ont investis auprès de Nazra Said Hassani, du nom de cette jeune femme accusée d’être à la tête d’une vaste opération d’arnaque dans laquelle plusieurs cadres de Comores Telecom, dont l’agent comptable principal, ont fait des placements de fonds. Si les placements ont été faits à titre personnel, les fonds, eux, proviennent des caisses de Comores Telecom. Raison pour laquelle beaucoup d’entre les cadres de l’opérateur historique se trouvent aujourd’hui derrière les barreaux.

En fin d’année 2022, les objectifs affichés d’un chiffre d’affaires ambitieux par Comores Telecom étaient loin d’être atteints. En effet, le lancement de la Fibre Nafassi devait permettre d’atteindre le chiffre d’affaires prévisionnel de 21 milliards de francs selon les prévisions de la direction commerciale. Cependant, ce produit lancé en grande pompe en mars 2022 est un échec total, au point que le patron de la société a donné l’ordre, à travers la direction commerciale de Comores Télécom, d’augmenter les ventes à crédit en fin d’année auprès des concessionnaires pour gonfler artificiellement le chiffre d’affaires. Il semblerait que jusqu’à ce jour, le recouvrement de ces ventes n’est toujours pas terminé. Une autre paire de manches…

Constatant que ces ventes à crédit ne lui permettront pas d’atteindre le chiffre d’affaires pour 2023 annoncé en grande pompe à l’occasion de la cérémonie du bilan de Comores Télécom au Golden Tulip en janvier 2023, en présence du gratin du gouvernement, Said Ali Chayhane a pris une décision le 14 février obligeant chaque employé de sa société à ramener 3 nouveaux clients Fibre Nafassi sous peine de voir une partie du salaire suspendue. Cette décision dont l’illégalité n’est point à démontrer n’a pas été prise en Conseil de direction selon notre source. Elle est le fruit des recommandations du chef de département inspection financière, Mmadi Hassane.

Grâce à l’entremise du ministre des finances, le patron de Comores Telecom n’a pas pu mettre en application cette décision en avril dernier, période de Ramadan et de festivités de l’Aïd. Cependant, l’épée de Damoclès reste toujours pendue au-dessus de la tête de chaque employé car Said Ali Chaihane persiste et signe et veut appliquer sa mesure ce mois de mai. Comme quoi, chat échaudé ne craint pas forcément l’eau froide.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Comores, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here