Africa-Press – Comores. C’est en tout cas l’avis des conseillers qui se font appeler les non alignés exprimés lors d’un point de presse tenu ce mardi matin à l’hôtel le Retaj. Du 9 au 11 Mars dernier s’est en effet tenu au Foyer CASM de Mtsangani, la première session ordinaire de la Commune de Moroni pour l’exercice 2023, sous l’égide du maire Abdoulfatah Saïd Mohamed.
« Nous ne sommes pas encore en fin d’exercice pour vous faire un bilan de l’année, ni même au milieu de l’année pour vous présenter une évaluation à mi-parcours, mais juste en début de parcours. Cela signifie, en d’autres termes, que la présente session n’a d’objectif autre, que celui de parfaire la planification budgétaire et son réajustement par rapport aux réalités du terrain », avait tenu à clarifier le maire de la capitale lors de son discours d’ouverture. Une façon pour l’ancien député de Moroni nord d’affirmer son autorité et éviter les débordements qui adviennent dans ces genres de rencontres.
Ceci étant, l’exécutif de la capitale est fortement contesté par une opposition qui ne manque pas de soulever les incohérences sur la convocation même de la session. « Comment le Maire peut convoquer une assemblée générale ordinaire avec deux ordres du jour alors que chacun des deux doit faire l’objet d’une session spéciale pour être étudié » s’est demandé l’ancien Maire de la capitale Hamid Jaffar El-Macelie lors de ce point de presse.
« Dès le départ nous avions des doutes sur ce budget, nos doutes se sont confirmés quand lors de la présentation du projet de budget rectificatif, le Maire a avoué ne rien comprendre de la présentation faite par le conseiller délégué Amir Bedja. Le budget initial présenté lors de la session de décembre a été modifié sans que l’exécutif ne puisse justifier les changements opérés », s’est-il à son tour étonné Jean Mone Ahmed ancien deuxième adjoint sous le précèdent exécutif. Et le conseiller de continuer : « Comment dans ces conditions, le maire pouvait nous demander de voter un texte que lui-même en tant qu’ordonnateur de crédit dit ne rien comprendre ».
Le maire de la capitale bien que campant sur sa position a accepté de renvoyer l’exercice des comptes administratifs à une prochaine session. « Le conseil a recommandé la tenue prochaine d’une session extraordinaire pour revenir sur ces fameux comptes administratifs », dit-il. Toujours est-il que, le budget de 736 192 754 kmf a été adopté avec l’aide des chefs de quartier qui étaient d’un apport décisif. « C’est un budget qui viole les textes, il a été adopté malgré l’article 323 du code électoral qui limite les chefs de quartier a un rôle consultatif », a renchéri Jean Mone.
Dans le détail, pour cette année 2023, les rémunérations et autre indemnités avoisineront les 200 000 000 kmf soit la plus grosse dépense pour cet exercice alors que l’investissement mobilisera quelques 180 000 000 kmf. Là aussi, c’est la consternation du côté des élus de l’opposition. « Alors que la tendance est à la baisse des dépenses budgétaire, comment le maire peut justifier que l’on passe de 123 000 000kmf à 204 000 000 kmf de masse salariale » a avancé Jean Mone. Cela n’a pas empêché l’exécutif de s’en orgueillir d’avoir présenté un budget en équilibre. « Par rapport au précèdent budget, nous avons eu un budget positif (59 266 368 kmf) soit une augmentation de 8,9% » peut-on lire dans le tableau des équilibres budgétaires 2023.
« Que les gens ne s’y méprennent pas sur nos intentions, nous ne sommes pas une opposition systématique. Nous sommes là pour rappeler au maire que la gestion d’une mairie suit un certain nombre de règles édictées par des textes réglementaires (loi sur la décentralisation, code de passation des marchés publics, code électoral…) » a conclu Hamid Jaffar. A l’issue du conseil, les conseillers l’on répétés lors du point de presse, ils ont déposé une sommation interpellative au bureau pour s’expliquer sur les nombreuses irrégularités qu’ils ont soulevées.
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