Africa-Press – Comores. L’annonce par le président de la République de la reprise par un groupe marocain de la banque fédérale de commerce (BFC) est bien accueillie par un ancien administrateur de la banque. Il reste toutefois dubitatif quant à la part que devait détenir l’Etat. Ce banquier de profession s’interroge sur le processus juridique à suivre pour que l’Etat n’apparaisse pas comme propriétaire de la banque.
Dans le rituel discours sur l’Etat de l’Union prononcé à chaque nouvel an, le président de la République Azali Assoumani annonce l’arrivée prochaine d’un nouvel acquéreur de la BFC. Une nouvelle qui a pris de cours le monde de la finance, tellement le secret était bien gardé. Pour rappel, le locataire du palais de Beit-Salam dans son discours à la nation devant les parlementaires, comme l’exige la tradition, avait assuré qu’« avec la BFC, le gouvernement a fait le choix d’ouvrir le capital de la banque à un partenaire bancaire africain, la BOA, filiale du groupe banque marocaine du commerce extérieur, avec 66% du capital et 34% pour l’Etat comorien ».
Contacté par La Gazette des Comores pour recueillir son avis par rapport à ce nouveau preneur, un ancien administrateur de la banque s’est montré satisfait de cette nouvelle. « C’est une très bonne chose que la BFC soit reprise par la banque marocaine. Parce que la BFC a des actifs et c’est bien », s’est-il réjouit, précisant que l’accord pour le rachat de la BFC par la BOA a été trouvé après une année de discussion.
« Je crois que la banque marocaine va acheter les actifs de la banque. Pour les passifs aux environs de 5 millions d’euros, l’Etat prendra en charge », a-t-il ajouté. Et de poursuivre : « vous savez quand on est administrateur, c’est difficile de trouver des preneurs. Encore une fois l’acquisition de la BFC par un autre groupe bancaire est une bonne chose. Mais maintenant, il y a les mauvais payeurs qu’il faut chasser de la banque. »
Pour-lui le pays regorge d’énorme potentialités humaines et matérielles qui n’attendent qu’à être exploitées à bon escient. « Les Comores ont beaucoup d’atouts. Géographiquement parlant, les Comores sont bien loties. Elles sont à quelque km de Dar-es-Salam qui les connecte avec l’Afrique, c’est un accès direct avec les 55 pays africains. Ça c’est un volume (…). Les Comores ont tous les éléments nécessaires pour devenir un Financial Hub », a-t-il soutenu.
Notre interlocuteur reste toutefois réservé sur la part que l’Etat détient dans ce nouveau projet. Il dit ignorer encore par quel processus juridique inédit l’Etat comorien serait devenu « propriétaire » car dans son discours devant les députés, le président Azali dit que la BOA aurait déjà acquis 64 % du capital de la BFC contre 34 % pour l’Etat comorien. Au cours de notre entretien, les passifs de la banque reviennent incessamment. Et lui de lancer une série d’interrogations : « la Banque a-t-elle été nationalisée ? Comment l’Etat est devenu propriétaire de la BFC ? Tout cela est pour permettre à l’administrateur de continuer la gestion.» A l’entendre l’annonce faite par le chef de l’Etat présuppose un nouvel actionnariat de l’établissement.
« Dans le projet au capital la BOA a versé 64% à la BCC et l’état 35%. Mais il y a le problème du passif qui sera résolu probablement au prochain Conseil pour débloquer l’agrément », a-t-il prédit. Pour rappel la BFC appartient à un investisseur Koweitien depuis sa création en 2008 dans le sillage du portefeuille d’investissements de Comoro Gulf Holding, avant d’être placée sous tutelle de la Banque centrale.
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