Affaire Nazra: Un pays ébranlé, et des interrogations…

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Affaire Nazra: Un pays ébranlé, et des interrogations…
Affaire Nazra: Un pays ébranlé, et des interrogations…

Africa-Press – Comores. L’affaire Nazra, la plus grosse escroquerie Ponzi jamais connue dans le pays doit inciter à la prudence. Surtout les autorités qui se devaient d’être vigilantes dans cette affaire car l’ampleur du schéma imaginé par la jeune femme risque d’entraîner dans le sillage de son effondrement d’autres scandales qui ne sont pas des moindres au vu de l’évolution de l’enquête. Une enquête qui n’est qu’à ses débuts et dont on ignore les tenants et les aboutissants.

Dans une de ses nombreuses sorties médiatiques, le délégué à la défense Youssoufa Mohamed Ali l’air triomphant, félicite les forces d’intervention du pays pour la rapidité avec laquelle, elles ont procédé à l’arrestation de Nazra Said Hassani cerveau présumé d’une gigantesque affaire d’escroquerie chiffré en milliards de nos francs. Une victoire en trompe-l’œil au vu de l’ampleur de l’arnaque et les graves préjudices causés non seulement aux nombreuses victimes dans cette affaire, mais surtout à l’image du pays qui ne sort pas indemne de ce scandale du siècle.

A l’heure où tous les regards sont tournés vers notre pays, les autorités se doivent d’être prudentes car au vu de l’évolution de l’affaire et à la lumière des déclarations du parquet, le scandale Nazra est susceptible d’entraîner non seulement d’autres, la chaîne Ponzi a mis à nu les failles de certains de nos administrations publiques.

D’ailleurs le parquet reconnaît la complexité de cette affaire. Selon nos confrères du journal Al-watwan, des receveurs de la société Comores Télécom auraient reconnu avoir eu recours aux caisses de l’opérateur historique soit pour s’enrôler dans le système ou aider un ami dans le pétrin. Selon les informations dont nous disposons, d’autres sociétés et administrations publiques sont dans le collimateur des enquêteurs pour des cas similaires. Car la jeune femme savait choisir ses clients et leur faire miroiter des intérêts mirobolants ainsi que le retour rapide d’investissement.

L’autre constat grave, c’est les failles de nos institutions qui ont été perméables dans cette affaire d’escroquerie à grande échelle. Car si l’on tient compte de la déclaration du procureur de la République, et comme dans toute fraude de Ponzi, il a fallu un véritable coup de sort pour que l’affaire soit éclatée au grand jour. C’est ce qui est arrivé à Bernard Madoff rattrapé par la crise financière de 2008. Tout comme la Zach Avery, Zach Horwitz de son vrai nom, a importé l’idée du schéma de Ponzi à Hollywood où il a réussi à tirer de ses victimes près de 690 millions de dollars avant d’être appréhendé par la FBI suite à des difficultés qu’il éprouvait à honorer ses nombreux remboursements.

Pour notre Nazra Said Hassani, l’effondrement de sa pyramide de Ponzi est presque identique à celui de l’acteur américain. Il a fallu le retrait d’une grosse cliente pour que le système tombe aussi rapidement qu’un château de cartes. Mais pendant presque deux ans, où était passé le service de renseignement financier du pays censé lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ?

Au vu du nombre de personnes avec lesquelles la jeune femme traitait et le flux des messages par texto des offres qu’elle envoyait à ses proies, comment n’ont-ils pas soulevé le moindre soupçon pendant toute une période relativement longue ? Comment une telle personne placée sous le collimateur a pu réussir à quitter le pays au nez et la barbe des services concernés ? Autant de questions qui amènent à réfléchir sur l’extrême fragilité de nos institutions étatiques. Hier c’était le directeur des aéroports du pays d’être impliqué au plus haut niveau dans une affaire de trafic d’or. L’heur est grave. Le pays est assis sur le cratère d’un volcan.

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