Andjouza Abouheir
Africa-Press – Comores. Vendredi 13 septembre, le président de la République est agressé à l’arme blanche alors qu’il assiste aux obsèques d’un proche. L’assaillant, très vite maitrisé par les forces de sécurité, décèdera le lendemain, seul, dans sa cellule et sera inhumé le soir même. Des évènements qui soulèvent beaucoup de questions, notamment sur les conditions de détention et les causes du décès de Fanou, l’agresseur, dont on apprendra plus tard qu’il était militaire et âgé de seulement 24 ans.
Inédit dans l’histoire de notre pays: le chef de l’État est attaqué et blessé par un jeune milliaire lors d’une cérémonie privée. C’était à Salimani Itsandra, à Ngazidja. Un fait que beaucoup condamnent. Tout autant que la mort mystérieuse de cet agresseur, jeune militaire de 24 ans. Ce dernier, « isolé », décèdera le lendemain dans sa cellule. « On a retrouvé son corps, inerte, au sol », dira le procureur de la République lors de son intervention, 24h après les faits.
En conférence de presse, l’ancien ministre Fahmi Said Ibrahim demande des réponses. « La mort de l’agresseur, dans des circonstances floues, soulève des interrogations et le gouvernement doit impérativement clarifier les causes réelles de ce décès. Le peuple comorien a droit d’être éclairé. Nous attendons naturellement des réponses ». Fahmi Said Ibrahim qui condamne également l’agression du chef de l’Etat. « C’est une première depuis l’indépendance des Comores », dira celui qui appelle à une « réconciliation nationale » et demande « au chef de l’Etat de gracier les prisonniers politiques », pour la paix et l’unité.
Sur la scène publique, les communiqués et les réactions s’enchainent. A l’instar de celui du parti Ushe exigeant une justice impartiale et rigoureuse. « La justice est le fondement de la paix sociale, et elle doit être administrée au nom du peuple souverain », précise-t-il. « Ce n’est pas la première fois que des personnes sous la protection des autorités policières ou judiciaires trouvent la mort en détention ou aux arrêts, et les enquêtes annoncées n’ont jamais donné de résultats concrets. La confiance populaire envers ces autorités est très sérieusement ébranlée. Les circonstances troubles qui entourent la mort de ce jeune exigent que chaque institution de ce pays, la justice en premier, prenne ses responsabilités devant le peuple souverain. Qu’elles donnent la vérité judiciaire sans complaisance ni complicité (ni arrangements). Qu’elles le fassent pour Fanou, Ayman, Bapalé, Fahad et pour tous les autres ».
Le Comred, lui, exige une enquête internationale et indépendante pour faire la lumière sur cette affaire, énumérant par la même occasion les nombreux décès qu’il attribue au régime. « Nous rappelons les décès du Commandant Faissoil Abdousalam, Salim Nassor, Major Nacer Abdourazak, Major Akim Ba Pale, Aymane… Tous morts dans des circonstances troublantes… L’absence de justice dans ces affaires témoigne d’une justice partiale, aux ordres d’un État autoritaire, dirigé par un clan familial ».
Le parti au pouvoir, la CRC, se préserve de tout commentaire. « Seul le procureur pourrait nous fournir ces informations. Cependant, je tiens à vous rappeler qu’au niveau du parti CRC, nous déplorons le décès de l’agresseur du Président. Car cela porte malheureusement un coup dur à l’enquête. En effet, l’agresseur aurait pu fournir plus d’informations sur les motivations de cette tentative d’assassinat et sur de possibles ramifications ou complicités », avance Nadjda Saïd Abdallah, Secrétaire nationale chargée des Finances.
La CRC s’étonne aussi de la position de certains ténors de l’opposition « qui ont été très prompts à condamner le décès de l’agresseur, sans dire un mot sur la tentative d’assassinat » du Président. « Ces responsables politiques qui valorisent, s’éternisent et se concentrent sur des hypothèses de cause de décès d’un criminel qui a attenté à la vie du Président de l’Union des Comores au lieu de dénoncer, avec ferveur et véhémence, la tentative d’assassinat du chef de l’Etat. Je trouve dommage qu’ils aient perdu à ce point leur patriotisme et le sens des valeurs républicaines au point de légitimer de la sorte, une tentative d’assassinat sur le chef de l’État alors qu’ils aspirent tous à être Président de la république. Pour notre part, nous ne pouvons à ce stade, qu’appeler à la retenue pour la paix dans notre pays », dira-t-elle. Depuis son agression, Azali Assoumani n’a fait aucune apparition publique. « Notre Président est un être humain avant tout. Il se porte beaucoup mieux. Son médecin lui a juste prescrit un peu de repos et il devrait reprendre le travail dans un jour ou deux ».
Source: lagazettedescomores
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