Africa-Press – Comores. Privé de sa liberté depuis le 18 mai 2018, l’ancien président Ahmed Abadallah Sambi vient de faire 6 ans de détention. L’occasion pour son avocat, Me Mahamoudou Ahamada, de revenir sur les faits marquants de cette affaire politico-judiciaire.
Il aura passé plus de 5 ans sans jugement, et un peu plus d’un an depuis qu’il est fixé sur son sort. Au total, l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi compte six ans depuis qu’il est en détention dans sa résidence de Voidjou le 18 mai 2018. C’est ainsi que le 18 mai dernier son avocat et ses lieutenants du parti Juwa dont il est le président fondateur ont sauté sur l’occasion pour revenir les faits marquants durant cette période. Me Mahamoudou Ahamada a d’abord a abordé le cas de la procédure qu’il juge « irrégulière ».
« Au lieu d’être une procédure menée à charge ou à décharge comme le veut la loi, c’était une procédure instruite à charge et au cours de laquelle, le président Sambi n’a joui d’aucun de ses droits », dénonce l’avocat au cours d’une conférence de presse tenue dans un hôtel près de Moroni, samedi. En guise d’exemple à la privation des droits de détenu dont est victime son client, Me Mahamoudou affirme être lui-même privé du droit de lui rendre visite en sa qualité d’avocat, et ce « depuis le 28 novembre 2023 », soit dans la foulée du procès.
Le conseil de Sambi affirme que le but recherché par le régime de « mettre en cage » un opposant « c’est de l’empêcher de dire non à ce qui se passe aujourd’hui, à savoir la dictature ».
« Depuis l’arrivée du président Azali au pouvoir, toutes les juridictions, quelle qu’elle soit, lorsqu’elle est saisie d’une requête tendant à faire respecter un droit, la première des décisions qu’elles ont à prendre, c’est la décision d’incompétence. Et lorsqu’une juridiction se déclare incompétente, il va falloir recommencer la procédure. Le juge de référé s’est déclaré incompétent à trois reprises aux requêtes que nous avons introduites contre la note circulaire du secrétaire générale du ministère de l’intérieur [qui a placé Sambi en résidence surveillée le 18 mai 2018] », a-t-il rappelé.
En novembre 2023, le procès de M.Sambi a eu lieu et est condamné à perpétuité pour haute trahison. « La haute trahison est une infraction qui n’est pas définie par le législateur comorien. La condamnation est prononcée par ce que c’était le but recherché, de renvoyer le président Sambi devant une juridiction où aucun recours n’est possible », à savoir la Cour de sureté de l’État, une juridiction d’exception dont l’existence légale est mise en cause. « La messe est dite. Le président Sambi est condamné à perpétuité. Maintenant, c’est à ces juridiction d’assumer leurs responsabilités devant l’histoire et devant le peuple comorien », poursuit l’avocat. A ses côtés, le secrétaire général du parti Juwa fond en larmes lorsqu’il évoque la longue durée de la détention de Sambi.
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