Idriss : « Pour éviter toute déconvenue, l’unification doit être organisationnelle »

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Idriss : « Pour éviter toute déconvenue, l’unification doit être organisationnelle »
Idriss : « Pour éviter toute déconvenue, l’unification doit être organisationnelle »

par Andjouza Abouheir

 

Africa-Press – Comores. Le président du mouvement politique Ukombozi et ancien militant du Comité Maore, Idriss Mohamed Chanfi, exhorte l’opposition à resserrer les rangs pour les prochaines élections présidentielles de 2024. Il a accepté de répondre aux questions de La Gazette des Comores/HZK-Presse.
Question : Vous avez appelé à resserrer les rangs de l’opposition, ou en est votre initiative ?
Idriss Mohamed Chanfi : Azali a mis en place un procédé grossier pour se faire désigner président pour 5 ans encore à l’occasion des présidentielles de 2024. La crainte existait que l’Opposition opte pour la chaise vide et laisse Azali poursuivre son règne. J’ai essayé de provoquer des échanges entre les Chefs politiques de l’Opposition pour éviter une telle catastrophe en aboutissant à un rassemblement véritable autour d’un chef reconnu par tous et un programme durant la période qui nous sépare de la chute du régime. Le débat a bien eu lieu et il se poursuit. On doit noter que les organisations politiques comoriennes à l’étranger ont proclamé leur unité autour de Mamadou. Des mouvements à Ndzuwani ont fait de même. Tout indique que Ngazidja et Mwali suivront le même chemin. Peut-être que mon initiative y a contribué, qui sait ?

Question : Certaines estiment que la stratégie proposée par Ukombozi ressemble étrangement à celle qui a été impulsée par le Front Démocratique dans les années 80 et qui n’a pas abouti. Que répondriez-vous ?
I.M.C: Les stratégies du Front Uni sont absolument nécessaires. Elles traduisent l’acceptation des différentes composantes du pays. Elles sont aussi délicates et elles ne réussissent pas dans tous les cas. Votre question sonne comme une charge contre le Front Démocratique (FD) qui avait suscité beaucoup d’espoir et qui a échoué malheureusement. L’expérience du FD comme celle du PASOCO et du pouvoir Ali Soilihi appartiennent à notre peuple et sont source d’enseignement précieux. Je ne crois pas que leur échec doit être utilisé comme un bâton contre leurs anciens membres. Ukombozi est une jeune pousse. Elle n’est pas le prolongement du FD. Voilà deux ans que nous travaillons à l’élaboration collective d’un programme politique synthétisant une compréhension comorienne de la situation nationale, africaine et mondiale. Nous sollicitons pour cela les contributions des penseurs du pays. Nous intervenions rarement sur l’actualité politique. On peut se renseigner sur nous sur notre plateforme ukombozi.net

Question : Pensez-vous avoir les capacités physiques, je parle de l’âge du capitaine, pour vous lancer dans une telle aventure, connaissant le caractère versatile du monde politique comorien ?
I.M.C: Le vieillard que je suis ne peut pas ignorer le poids de l’âge. Mais il se doit de contribuer au combat des forces comoriennes de progrès. Je crois bénéficier d’une expérience longue (depuis 1970) que je devrais partager. Je me contente d’aider à l’élaboration de perspectives, à moyen terme pour la chute d’Azali, à long terme par la création d’une organisation patriotique, panafricaine qui enracine sa pensée stratégique dans la réalité nationale. C’est l’orientation d’Ukombozi. Il va de soi que mes capacités physiques et mentales se dégradent au fil des jours et il me faut en tenir compte.

Question : Quand Azali avait fait sa rentrée politique pour les élections de 2016, vous aviez pour lui un préjugé favorable par rapport à son adversaire Mamadou ? Aujourd’hui, ce dernier est pressenti pour diriger l’opposition. Quelle est votre position aujourd’hui ?
I.M.C: Un positionnement est toujours concret, répond à une situation précise. À l’époque, j’en voulais particulièrement à Mamadou-Msaidié qui ont fait échouer le projet d’assises nationales à la fin du premier cycle de la Tournante. Il fallait tirer parti de l’expérience passée depuis l’indépendance jusqu’à la Tournante. L’objectif central était de tourner une page désastreuse de l’histoire de notre pays. Il reste que ce qui a été déterminant dans mon choix du 2ème tour (je n’avais pas pris position lors du 1er tour) c’est l’union Azali – Sambi. Le pouvoir allait reposer sur deux forces, une première dans le pays qui laissait entrevoir des avancées démocratiques. Malheureusement Azali n’a pas tenu parole et s’est servi du premier prétexte venu pour rompre l’alliance et s’accaparer seul du pouvoir. S’agissant de Mamadou, à la tête de l’Opposition, je crois que les carottes sont cuites. La question devient Mamadou se hissera-t-il au rang d’un Chef dynamique et clairvoyant ? Les forces qui le positionnent comme Chef vont-elles le suivre et s’intégrer dans un front commun réorganisé et évoluant autour d’un programme de transition ?

Question : L’Union de l’opposition est-elle capable de designer un chef en enterrant leurs ambitions personnelles ?
I.M.C: C’est unequestion décisive en effet. J’introduis une nuance. Il ne s’agit pas d’enterrer les ambitions des uns et des autres. Non. Il s’agit durant une période, celle qui nous sépare de la chute d’Azali, de mettre en arrière-plan les partis et regroupements afin d’agir en rangs serrés dans le cadre du Front Commun nouveau. Car pour éviter toute déconvenue, l’unification doit être organisationnelle. Tout le monde dans les structures que le Front Commun va mettre en place sous la direction de Mamadou

Un dernier mot ?
I.M.C: Une chance inespérée a surgi. Car tout le monde réclamait l’unité des forces de l’Opposition. Tout le monde considérait que la politique passive de la chaise vide était nuisible et faisait le jeu d’Azali. Je crois que chacun de ceux qui veulent le départ d’Azali doit faire l’effort de s’insérer dans le processus en cours, malgré les réticences qu’il peut avoir.

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