Africa-Press – Comores. L’opération Wuambushu prévue à la fin du ramadan et visant à expulser les comoriens de trois îles vivant sans papier à Mayotte, en préparation sur l’ile comorienne sous administration française, a provoqué une onde de choc au sein de l’opinion publique et au sein des familles ciblées. Toute la classe politique et la société sont unanimes pour considérer cette opération comme une « déportation forcée » d’une population sur une partie de son territoire, ce qui va à l’encontre du droit international.
À huit jours de l’opération baptisée « Wuambushu », visant à expulser les comoriens de trois îles vivant sans papier à Mayotte, l’ile comorienne sous administration française à la fin de ramadan, la peur s’installe. Dans un reportage de France 24 diffusé hier mercredi 12 avril, on entend la détresse des familles et surtout des jeunes enfants scolarisés. Certains élèves ont commencé à déserter les cours. Cette opération risque de mettre en péril l’avenir de milliers d’enfants dont la plupart sont nés à Mayotte. Elle inquiète non seulement les familles à Mayotte mais aussi la société civile comorienne, les partis politiques obligeant le gouvernement à sortir de son mutisme pour demander aux autorités françaises de renoncer à cette opération. « Soucieux d’entretenir la bonne qualité des liens séculaires qui unissent les Comores et la France et, de contribuer à la préservation de la paix et de la stabilité dans la région de l’océan indien et sur le continent africain, le gouvernement comorien interpelle sur le danger d’une telle opération et demande aux autorités françaises d’y renoncer », a souligné Beit-Salam dans un communiqué.
Des inquiétudes légitimes devant le risque de dérapage et des conséquences dramatiques au niveau sanitaire, humanitaire, éducatif, etc. L’ancien correspondant de RFI à Moroni Ahmed Abdallah Mgueni sonne l’alerte et parle d’une déportation qui est non seulement un crime contre l’humanité mais aussi dangereux. « L’on parle des femmes, des enfants, et des vieilles personnes qui vont être privés de leurs habitations, de quoi se nourrir. Cela va à l’encontre de la loi et des droits humains, déplore-t-il. Du point de vue du droit international, Mayotte demeure comorienne, ce qui veut dire que ces comoriens sont chez eux. Parmi les personnes qui seront expulsées, il y aussi des nationalités étrangères, pourquoi on va nous envoyer ces gens ? Ce qui est encore triste, les comoriens des trois iles qui vont être expulsés, certains parmi eux ne connaissent aucun proche dans les autres iles.
Rappelons que cette opération vise à la destruction de bidonvilles et à l’expulsion de 10.000 occupants « sans papiers » vers l’ile d’Anjouan. Selon RFI, cette opération de grande ampleur nécessite d’importants renforts des forces de l’ordre françaises sur l’île. Elle se traduira notamment par le déploiement de 400 gendarmes mobiles supplémentaires, une compagnie de CRS spécialisée dans les violences urbaines. Des voix commencent à s’élever aussi en France, même au sein du parlement où les députés du groupe LFI fustigent le président Macron et son ministre de l’intérieur.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Comores, suivez Africa-Press