Le torchon brûle entre le conseil politique et le bureau exécutif du parti Juwa

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Le torchon brûle entre le conseil politique et le bureau exécutif du parti Juwa
Le torchon brûle entre le conseil politique et le bureau exécutif du parti Juwa

Africa-Press – Comores. Le conseil politique national du parti Juwa a durci le ton face au bureau exécutif qui traine les pieds, multipliant les prétextes pour repousser l’organisation d’un congrès en vue de renouveler les instances dudit parti, dont les mandats sont arrivés à terme depuis novembre 2020.

Au parti Juwa, du grabuge dans les instances dirigeantes. Rien ne va plus entre le bureau exécutif tenu par Hassane Ahmed El Barwane, et le conseil politique national dirigé par l’ancien député de Moroni sud Mohamed Msaidié. Et pour cause: le Bureau censé organiser un congrès permettant le renouvellement des instances dudit parti, dont les mandats sont arrivés à terme depuis…novembre 2020, a les deux pieds dans le même soulier. C’est ainsi que le 4 juin dernier, le conseil politique national enjoint au patron du Bureau exécutif de prendre les dispositions nécessaires en vue de convoquer, en premier lieu, une session extraordinaire le 26 juin. En réalité, ce courrier du 4 juin est une relance d’un autre en date du 17 avril, resté lettre morte. Ce qui explique le ton particulièrement dur adopté désormais par le Conseil.

« Nous, membres du conseil politique national, sommes choqués par votre indifférence à l’égard de cette correspondance restée sans suite », tonne d’entrée Mohamed Msaidié, le secrétaire général dudit Conseil. « Nous demandons cette fois-ci de donner une suite positive, nécessaire pour que nous puissions nous réunir en session extraordinaire le 26 juin 2024 à Moroni conformément à l’article 96 de nos statuts. L’ordre du jour de cette rencontre portera essentiellement sur l’étude de l’état actuel de notre parti et dégager les solutions idoines pour sortir notre organisation de sa léthargie qui n’a que trop duré », exige l’ancien parlementaire.

Contacté par nos soins, le destinataire affirme avoir bel et bien reçu la lettre. « Nous sommes en train d’examiner les suites à donner par rapport aux demandes formulées », a-t-il déclaré à La Gazette des Comores. Alors qu’il lui est reproché de diriger le parti « d’une main de fer » de par son « refus » d’organiser un congrès, le mis en cause ne manque pas d’arguments pour sa défense. « Ce qui me préoccupe c’est le bien du parti. On ne doit pas précipiter les choses face au risque de dislocation, réel ». Il évoque les zones de turbulences qu’ils ont traversées notamment lors de la présidentielle de janvier 2024. Le Juwa s’était en effet divisé en deux bords, pros et anti élections. En ordre dispersé, le plus grand parti de l’opposition a été battu par le parti présidentiel, la CRC, très bien organisée.

Sans doute l’argumentaire du patron du bureau exécutif peine-t-il à convaincre. « Je lui ai adressé le courrier. Je ne peux pas vous en dire plus à part que j’attends la suite qu’il va donner », esquive Mohamed Msaidié, interrogé par La Gazette des Comores. « Nous allons organiser le congrès avant les législatives de janvier avec ou sans Barwane. Il doit comprendre que le Juwa ne se résume pas à sa personne », fulmine un autre membre du Conseil sous le sceau de l’anonymat. De son coté, Fahmi Said Ibrahim, un cadre du Juwa dont les relations avec M.Barwane ne sont pas au beau fixe selon plusieurs sources, n’y va pas avec le dos de la cuiller.

Cet ancien ministre des affaires étrangères sous Ahmed Abdallah Sambi, et de la justice sous Azali Assoumani au temps de la cohabitation avec le Juwa, ne reconnaît ni légalité ni légitimité au secrétaire général qu’il pousse jusque dans ses derniers retranchements, non sans s’en délecter. « En réalité, il n’y a aucun risque de dislocation du parti malgré les tiraillements internes, qui sont somme toute normaux dans tout parti. Cependant, la discipline doit prévaloir. L’argument de l’éclatement ne tient absolument pas, il est très léger et paternaliste, infantilisant. L’unité qu’il réclame n’a pas eu lieu, puisque lors des dernières présidentielles, le secrétaire général lui-même ne voulait pas que le parti participe au scrutin, alors que la quasi-totalité des quatre coordinations et des militants le voulaient ». Rappelons que si la crème du parti s’était résolue à présenter des candidats sous la bénédiction du président d’honneur et du gouverneur déchu d’Anjouan, tous deux en prison depuis 2018, ils ont dû s’afficher sans étiquette, faute d’avoir obtenu le logo officiel du Juwa par le bureau exécutif.

L’inflexibilité du Bureau est perçue comme une forme de rébellion qui n’a fait qu’augmenter la colère contre Hassane Ahmed El Barwane et consorts. « Je rappelle que le mandat du bureau actuel a expiré depuis quatre ans. Les membres du parti qui réclament un congrès ont parfaitement raison. Je crois que les dirigeants du Juwa se montrent très peu soucieux du respect des statuts du parti, et en tout cas, pas très républicains. Leur maintien à la tête du parti depuis quatre ans n’est ni légal ni légitime. Ni légal, parce que les statuts ont fixé la durée du mandat à trois ans et ils sont violés en permanence, ni légitime parce qu’ils ont refusé d’obéir à la volonté du leader naturel du parti de voir le parti participer au scrutin. Pour moi, depuis 2020, ils sont hors la loi et agissent dans l’illégalité permanente », abonde M.Fahmi qui trouve tout cela « triste ». Il faut dire que l’enjeu du congrès tant voulu par les militants est double car il s’agit de renouveler les instances dirigeantes avec des nouvelles têtes, et une volonté d’accalmie devant, éventuellement, permettre d’affronter les législatives de janvier en se serrant les coudes, pour une fois.

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