Africa-Press – Comores. Coupure d’eau dans les bidonvilles identifiés pour être rasés, déploiement des unités d’élite de l’armée et de la police française, fermeture à la navigation au tour de l’île. Le Canard enchaîné dans son numéro de ce mercredi 19 avril fait des révélations glaçantes sur le déroulé de l’opération « Wuambushu » censée être déclenchée à Mayotte après les festivités de l’Aid el Fitre.
C’est une véritable stratégie de guerre que l’hebdomadaire français Le Canard enchaîné vient de révéler dans sa livraison d’hier mercredi 19 avril 2023 sur l’opération « Wuambushu » visant à l’expulsion massive des comoriens à Mayotte et la destruction de leurs habitations. Selon le journal satirique français, le ministre français de l’intérieur Gérald Darmanin et le préfet de Mayotte Thierry Suquet ont sur leur plan prévu d’interdire à la navigation les eaux entourant l’île pendant 48h. Pour assurer l’exécution de cette mesure, la marine française devrait dépêcher son bâtiment de soutien « Le Champlain » dans la zone. Il sera appuyé dans les airs par le Falcon 50 de surveillance de la navale.
Sur le théâtre des opérations où un demi-millier de gendarmes et de flics casqués – soit quatre escadrons de gendarmes épaulés par un gros détachement de Rambo de CRS ont d’ores et déjà pris position dans l’île. Ceux qui sont ciblés par cette opération controversée devront s’attendre à une véritable expédition punitive. D’après toujours Le Canard enchaîné, pour saper définitivement le moral de ceux qui seront tentés par la résistance, Darmanin et Suquet ont prévu en première phase de couper l’eau dans les 8 bidonvilles identifiés, deux jours avant que les pelleteuses y entrent en action.
« Malgré cet impressionnant détachement, l’Intérieur a revu ses ambitions à la baisse : 10 000 expulsions vers les îles voisines des Comores, au lieu des 20 000 initialement rêvées », rapporte le journal selon lequel l’idée de décaser n’a pas été abandonnée. Autre point d’inquiétude pour la place Beauvau (ministère de l’intérieur) concerne la fragilité juridique de l’opération, note Le Canard enchaîné. D’après ce dernier, huit décasages sont programmés sur huit semaines, ce qui fait environ un millier de logements abritant 5 000 personnes à détruire.
« Or, avant chaque grand (nettoyage), le feu vert de la justice administrative est indispensable », indique le journal satirique révélant que seul un décasage est juridiquement verrouillé alors que la loi prévoit un délai de cinq semaines pour tout casser après notification aux habitants. Ce qui n’est pas assez rapide aux yeux du ministère qui pour accélérer le mouvement, une dizaine de spécialistes de l’agence régionale de santé ont été spécialement dépêchés sur l’archipel pour identifier et déclarer les bangas insalubres devant être détruits.
« Les juges pataugent. Au tribunal de Mamoudzou, on nage dans le flou. Six magistrats et sept greffiers sont bien arrivés en renfort en février, mais c’est une goutte d’eau », souligne Le canard. « La Chancellerie a oublié que certains étaient en vacances ! » ricane un juge cité par le journal.
Autre point d’inquiétude pour Darmanin qui joue une partie de sa carrière politique dans cette opération, c’est le sort des candidats à l’expulsion du moment où le centre de rétention administrative déborde. Les structures d’accueil pour les mineurs sont également pleines à craquer. Une véritable hécatombe en perspective, dont l’UNICEF France a alerté le danger pour ces milliers d’enfants isolés, déscolarisés et sans protection sociale ou médicale.
Pour le transport, les deux rafiots retenus ne peuvent embarquer plus de 200 passagers par jour. Alors que la marine nationale, censée superviser l’opération, elle fait machine arrière, évoque le journal d’après lequel, « Le Champlain », son bâtiment de soutien, ne sera présent sur zone que 14 jours sur les 56 que va durer l’opération. « Dans les airs, le Falcon 50 de surveillance de la navale assurera lui aussi un service minimum, avec une pauvre demi-heure de survol quotidien », précise cet hebdomadaire. De quoi mettre de l’eau dans le vin de Darmanin.
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