Africa-Press – Comores. Les Comores remontent peu à peu la pente en remportant 8 places au classement de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse édition 2023, contre 1 place à l’édition précédente. Le syndicat national des journalistes accueille avec réserve cette bonne nouvelle qui fait passer le pays est passé de la 83e à la 75e place.
« Les Comores ont gagné 8 points. Nous revenons de loin. Est-ce que la presse se porte bien ? Est-ce que le pouvoir a subitement décidé de nous laisser exercer librement notre profession ? Attendons voir, d’ici la fin de l’année, nous aurons sans doute la réponse à nos questions. Mais nous ne pouvons que nous féliciter de n’avoir aucun journaliste en prison. Nous espérons qu’il en sera de même cette année et pour les années qui suivent ». Ce passage du discours de la présidente du Syndicat des journalistes, Faiza Soulé Youssouf, en dit long sur l’appréciation en demi-teinte des journalistes des résultats issus du classement sur la liberté d’expression par Reporters sans frontières, édition 2023. Car s’il est vrai que le pays a gagné 8 points, un score notable, il n’en reste pas moins qu’en 2020 Moroni avait fait une chute libre de 19 points, passant de la 56e à la 75e place.
Cette dégringolade, qui est la première du monde dans le classement de 2020, s’explique en majeur partie par les tensions politiques qui ont marqué le referendum constitutionnel de 2018 et la réélection du président Azali en 2019, qui se sont accompagnées d’une recrudescence importante et inhabituelle des atteintes à la liberté de la presse, obligeant des journalistes comoriens à sortir du pays pour leur propre sécurité et des journalistes étrangers à quitter l’archipel après avoir été arrêtés. Avant le referendum constitutionnel de juillet 2018, les Comores occupaient la 44e place du classement. A cette époque où il connaissait ses heures de gloire, le pays pouvait se targuer d’être un des pays leaders à la fois dans l’océan indien et dans l’Afrique subsaharienne en matière de liberté de la presse, en tout cas de capacité pour les journalistes de faire leur travail.
Quant à cette année, 2023, les huit points gagnés sont loin d’être un cadeau du ciel. Ils sont les résultats de ce qui semble n’être qu’une accalmie depuis 2020. L’adoption du nouveau code de l’information lequel a prévu des subventions pour les médias privés a aidé à propulser hors du fossé les Comores, un pays où les journalistes sont connus pour travailler dans des conditions précaires comme l’ont si bien souligné RSF et SNJC. Outre ces avancées, dans son rapport sur les Comores RSF a aussi noté parmi les atteintes à la liberté d’informer des intimidations dont avaient fait l’objet 4 journalistes entre le 2 et le 6 févier dernier. Le Syndicat des journalistes avait évoqué, lors de la présentation des vœux du président Azali à la presse, des cas de violences sexuelles qu’un cadre de l’ORTC aurait perpétré contre des femmes journalistes.
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