Africa-Press – Comores. La Coupe arabe Fifa qui se joue au Qatar se conclura, samedi 18 décembre à 16 heures (heures française) à Doha par une belle finale entre deux pays du Maghreb, la Tunisie et l’Algérie, et ce, après des éliminatoires hauts en suspense et en performances. Les Aigles de Carthage reviennent de loin, après des débuts peu reluisants – ils se sont inclinés à la surprise générale devant la Syrie 2-0 – avant de reprendre des couleurs notamment face aux Émirats arabes unis (1-0), mais surtout, en sortant, in extremis, la grande équipe d’Égypte (1-0) lors d’une rude demi-finale mercredi 15 décembre, grâce au capitaine égyptien, El Foutouh, qui a malencontreusement marqué contre son camp à la 93e minute ! Une victoire à l’arraché qui fait réagir cet observateur du football tunisien sur Twitter : « On est un pays sans stade, un pays en difficulté économique, un pays qui souffre depuis 10 ans, on part au Qatar sans préparation avec des joueurs blessés et malgré ça, on est en finale. Je ne peux qu’être fier de mon équipe. »
« Miss Île-de-France/Missile Algérie »
En ce même mercredi, une autre demi-finale s’est jouée entre l’Algérie et le Qatar, le pays hôte, après la qualification en quart de finale des Fennecs face aux Lions de l’Atlas du Maroc. Le choc, samedi, Algérie-Maroc, qui s’est dénoué par une séance de tirs au but au profit des Algériens, a été marqué par l’incroyable but de Youcef Belaïli à la 100e minute, un ballon propulsé à environ 40 mètres des filets du gardien marocain Zniti. Les droits de la vidéo de cet exploit ont même été rachetés par Qatar Airways pour un spot publicitaire arborant le slogan « Let it fly » ! Le but a été parodié sur les réseaux sociaux en Algérie, remplaçant le ballon qui traverse cette puissante trajectoire par une boule de feu faisant exploser la cage du gardien marocain. Des Algériens de France ont fait le parallèle entre l’élection, la même soirée de samedi, de Miss France 2021 : « Miss Île-de-France/Missile Algérie » !
Mais au-delà des détournements, ce sont les tensions entre Alger et Rabat qui se sont révélées en filigrane lors des célébrations de cette victoire quand les joueurs algériens ont arboré le drapeau palestinien à la fin de la rencontre. L’entraîneur des Verts Madjid Bougherra a porté le keffieh palestinien et des cortèges de liesse ont saturé les rues de… Gaza le soir même. Une manière d’exprimer le refus algérien face à la normalisation entre le Maroc et Israël, un des motifs de la brouille algéro-marocaine.
Tensions Algérie-Maroc
Un match politique donc, marqué aussi par ces félicitations du patron de l’armée algérienne et par le président Abdelmadjid Tebboune qui tweete : « Un million et demi de bravos à nos héros », en référence au million et demi de martyrs revendiqués par l’Algérie comme victimes de sa guerre d’indépendance.
Pourquoi une telle référence ?
Il faut rappeler ici qu’en condamnant le décès des trois routiers algériens visés par un tir de drone marocain dans une zone du Sahara occidental, la présidence algérienne avait précisé que cette attaque avait été menée « le 1er novembre 2021, alors que le peuple algérien célébrait dans la joie et la sérénité le 67e anniversaire du déclenchement de la glorieuse révolution de libération nationale ». Et quand Alger a explosé de joie à la fin de la rencontre contre le Maroc, on a défilé bravant les barrages de la police, drapeaux algériens et palestiniens brandis, ce qui fait dire à la journaliste Ghania Mouffouk : « Ils en ont profité pour retourner dans le centre interdit de la terre, et ils ont dit : Palestine, le martyre, Palestine chouhada [Palestine, les martyrs], ils ont dit : résistances, solidarités anti-impérialistes, ah, à l’ancienne ! »
« Les Tunisiens sont nos frères »
Avec la Tunisie, c’est une autre ambiance. Les joueurs tunisiens aussi se sont distingués lors de cette compétition en brandissant, aux côtés de leur étendard national, le drapeau palestinien. « Algérie et Tunisie qualifiées pour la finale au moment où Tebboune est en visite à Tunis. Signe du destin ? Allez, la Tunisie a plus besoin d’une victoire que nous, avec la passe difficile que ce pays traverse », soutient l’éditorialiste et politologue Abed Charef sur son mur Facebook, alors que le président algérien entame depuis mercredi une visite d’État de deux jours à Tunis, octroyant 300 millions de dollars de crédit à un pays exsangue économiquement et politiquement. « Les Tunisiens sont nos frères, mais la coupe [arabe] est à nous », précise le numéro 10 algérien Youcef Belaïli à la fin de la rencontre Algérie-Qatar.
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