Africa-Press – Comores. Deux Indiens en partance pour Addis Abeba n’ont rien trouvé de mieux que de dissimuler 3 kilos d’or dans un four à micro-ondes.
Le 23 juin, les autorités aéroportuaires ont mis la main sur trois kilos d’or non déclarés, dont des lingots et une chaine dans les bagages de deux Indiens en partance pour Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Les deux passagers avaient déjà rejoint le hall d’embarquement, et leurs bagages se trouvaient dans la zone de tri, quand ils sont interpellés par la police alertée par la douane selon nos informations. Le métal jaune « a été dissimulé dans un four à micro-onde » selon une source au sein de la police. Celle-ci a eu à gérer brièvement l’affaire avant d’être dessaisie par le parquet de Moroni en faveur de la gendarmerie.
« La douane n’aurait pu intercepter ce métal précieux sans le concours de la Sureté car c’est celle-ci qui est dotée de moyens nécessaires pour effectuer le filtrage des bagages de soute. La douane n’est pas capable de faire une telle lecture seule, à moins d’avoir été informée à la faveur d’une fuite », relativise une autre source qui n’écarte pas pour autant « une très probable complicité » au sein du service de sureté.
Ce service qui relève de la compétence de l’Aéroport a fait parler de lui en décembre 2021. Il était en effet au cœur d’un vaste trafic. Le pot aux roses est découvert le 28 décembre quand deux Malgaches et un Comorien s’apprêtent à s’envoler en jet privé pour Dubaï, avec dans leurs bagages 50 kilogrammes de lingots d’or. Interrogé par les enquêteurs, le chef assistant de la coordination nationale de la sureté Nadhuf Soufiane, personnage clé dans ce trafic au niveau de l’aéroport de Hahaya où il officiait avant d’être placé en détention préventive, a fait des révélations pour le moins surprenantes. Il a dit se rappeler avoir vu les deux Malgaches et leurs comparses passer « dix fois » par l’aéroport de Hahaya (autre appellation de l’AIMPSI, Ndlr) et ce avec « plus de 250 kilos d’or exportés des Comores vers Dubaï » selon un des PV dont nous nous sommes procurés copies. Pour rappel, parmi les cerveaux de ce dossier, le désormais ex directeur des aéroports des Comores, Yasser Ali Assoumani et un douanier Fardi Abodo, fils d’un influent juriste. Les deux détenus étaient jusqu’à leur chute, des fidèles soutiens du régime.
Contrairement à la « première » affaire de décembre 2021 qui avait défrayé la chronique des semaines durant, celle-ci ne fait guère parler d’elle. D’ailleurs, les pouvoirs publics sont particulièrement taiseux comme s’ils rechignaient à faire une mauvaise publicité à un aéroport qui n’en a guère besoin.
En tout cas ce nouvel épisode confirme que nos frontières ne sont toujours pas cette forteresse tant espérée par les autorités depuis l’arrestation de Yasser Ali Assoumani en début d’année. Elles sont pour le moins poreuses.
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