Africa-Press – Comores. Dans un contexte local marqué par une inflation record 18,04% au premier semestre et le retour des délestages intempestifs de l’électricité, notamment aux heures de rupture du jeûne, l’opinion digère de moins en moins mal l’iftar politique du parti présidentiel. Sur la toile, la polémique s’enfle et les internautes n’y vont pas de mains mortes pour épingler les organisateurs.
Si l’initiative en soit n’est pas mauvaise, c’est le contexte dans lequel se déroule la tournée iftar de la Convention pour le Renouveau des Comores (CRC) qui provoque l’ire de l’opinion. Il suffit de faire un tour dans les plates-formes d’échange électronique et des réseaux sociaux pour s’en apercevoir. La médiatisation à outrance de ces iftar dans cette période marquée par la hausse vertigineuse du coût de la vie et la crise de l’énergie qui frappe l’ensemble du pays passe difficilement aux yeux du citoyen lambda.
« A vrai dire je ne comprends pas l’objectif de faire le tour des villes de Ngazidja pour le foutour, accompagnés par les membres de l’administration publique… Et dans chaque ville, des grands banquets bien garnis les attendent, et ils festoient en riant aux éclats dans l’entre soit, et partagent photos et vidéos sur les réseaux sociaux… Quel en est le message ? Juste pour rappel 44,5% de la population vie sous le seuil de pauvreté et en cette période d’inflation, beaucoup ont du mal à acheter de quoi couper le jeûne », fulmine Fahmy Thabit dans un poste publié sur son mur Facebook.
Selon Abdoulmadjidi Iliassa, le message c’est d’afficher l’indifférence de ce parti politique face à la misère qui étrangle le peuple victime de la mauvaise gouvernance de leur gouvernement. « C’est de l’irresponsabilité pure et simple. Ils auraient largement le temps, après ce mois de ramadan de mener leur campagne », regrette-t-il dans son commentaire.
« Lamentable, pendant que le comorien lambda passe misérablement un ramadan chaotique marqué par la flambée des prix des produits de première nécessité, cette bande de copains sillonne sans scrupules leurs villages pour leur montrer qu’ils n’ont rien à faire avec des gens qui souffrent. Que Dieu protège notre jeunesse contre le covid-wufwarisme inchallah », s’émeut de son côté Bourhani Said.
« Cette caravane iftar-tour qui s’invite chez les misérables est une vraie dramaturgie. Les gens souffrent en silence et jouent un rôle comme dans une pièce de théâtre. Les caravanistes s‘invitent chez eux, non pas pour parler de l’inflation ou annoncer une réforme majeure. Mais pour parler de paix et stabilité en plein mois de ramadan, le mois où il y’a une vraie diminution de la délinquance juvénile. Ils mangent bien disent-ils, mais les autres villageois mangent bien ? Un responsable politique doit savoir comment les autres font pour joindre les deux bouts du mois surtout le mois de ramadan. Il faut oser aller au marché comprendre le quotidien du comorien. Apres les inaugurations, les ateliers, vendredi-tour, maintenant place à l’iftar-tour. Ils ne savent pas faire une trêve politique», enrage Abu Ymane dans une de ses publication.
Et d’enchaîner : « dans les plus grandes démocraties, on constate toujours une trêve politique dans la période des fêtes religieuses justement pour respecter ces moments-là où les familles se retrouvent, le politique fait une trêve. S’il s’expose pendant cette période c’est juste venir en aide aux plus vulnérables. »
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