Africa-Press – Comores. Le collectif « Mashudjayi Wa Djana » (MaWaDja) a dévoilé le 26 juin dernier à Mitsamiouli, le programme des célébrations marquant les cinquante ans de la déclaration unilatérale d’indépendance des Comores. Entre hommage aux figures méconnues de la lutte et appel au sursaut national pour la réunification de l’archipel, les organisateurs ont fixé le cap d’une commémoration engagée et pédagogique en mémoire des héros de l’histoire.
« Nous voulons restituer la vérité des faits et rendre justice aux héros dans l’ombre », a déclaré d’emblée un porte-parole du collectif MaWaDja devant la presse réunie à Mitsamiouli. Cinquante ans après l’acte historique des 33 députés qui, le 6 juillet 1975, avaient rompu les chaînes du colonialisme français, les membres de MaWaDja dénoncent une mémoire sélective, trop centrée selon eux sur quelques grandes figures politiques. « Il est temps que le peuple, les femmes, les exilés, les orateurs et les militants de l’ombre soient honorés à leur juste valeur », a martelé le collectif. Le programme s’annonce riche notamment un colloque historique le 29 juin réunira chercheurs et témoins pour revisiter l’histoire de l’indépendance, tandis que des festivités populaires, prévues le 3 juillet, mobiliseront les écoles et les familles de la région. Le choix de Mitsamiouli n’est pas anodin: « C’est le berceau de nombreux patriotes, un symbole de la résistance populaire contre l’oubli organisé », a souligné le collectif.
Présent à la conférence, Ali Moindjie, ancien journaliste et fin connaisseur des combats indépendantistes, a salué cette initiative: « Cinquante ans après, il était temps qu’on s’arrête pour écouter les voix des oubliés, ceux qui n’avaient ni tribune ni statue. Ces commémorations doivent ouvrir un nouveau chapitre dans notre rapport à l’histoire. » Selon lui, la presse nationale a un rôle à jouer pour accompagner ce travail de mémoire. Chafiat Achirafi, figure associative engagée dans la promotion des droits des femmes, a pour sa part, insisté sur la place des héroïnes anonymes: « On a trop souvent effacé des pages de l’histoire, ces femmes qui ont lutté dans l’ombre, qui ont nourri, soigné, porté le message de la liberté. Rabiata Mohamed, Sakina Ibrahim et tant d’autres méritent que leur nom soit gravé dans la mémoire collective. »
Pour l’historien Mohamed Bacar, ce cinquantenaire doit aussi servir de levier pour la réunification de l’archipel: « Il n’y a pas d’indépendance complète sans Maore. Les cérémonies ne doivent pas seulement être un hommage au passé, mais un appel au présent pour que notre nation recouvre son intégrité. » Les membres de MaWaDja ont lancé un appel à la jeunesse: « Saisissez cet héritage, réclamez l’application des résolutions des Nations Unies, œuvrez pour la fin de l’occupation de Maore. C’est à vous qu’il revient d’achever la décolonisation. » Les cérémonies qui s’ouvriront à Mitsamiouli promettent de conjuguer mémoire et engagement. À l’heure où l’archipel célèbre ce demi-siècle de souveraineté incomplète, MaWaDja entend bien rallumer la flamme de la mémoire et rappeler que l’histoire des Comores ne s’écrit ni au passé simple, ni à moitié.
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